On a vu à l’Odéon – « Pas sur la Bouche » les délices d’une comédie musicale des années folles

Publié le 29 février 2016 à  8h32 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h04

En 1922, Maurice Yvain qui compose déjà des chansons pour Mistinguet, Dréan et quelques autres, explose littéralement au firmament de l’opérette avec « Ta Bouche ». Au cœur des années folles le musicien vient de saisir le bout de laine d’une pelote généreuse sur lequel il va tirer avec plus ou moins de bonheur jusqu’en 1958. Trois ans après «Ta bouche», «Pas sur la bouche !» obtiendra un succès fou au théâtre de l’Apollo… Une œuvre portée au cinéma il y a quelques années par Alain Resnais. Ce dernier week-end, à l’Odéon, en haut de la Canebière, c’est une nouvelle production qui était proposée aux amateurs du genre par Maurice Xiberras, le directeur général et son équipe. Cette production a fait l’objet d’un enregistrement par France 3 et devrait être programmée au national dans les six mois qui viennent.

La totalité de la troupe réunie sur la scène au moment des saluts. Au premier rang, de g. à dr. Grégoty Benchenafi, Marlène Connan, Rémi Cotta, Caroline Géa, Philippe Fargues, Cécile Galois, Antoine Bonelli et Valériane de Villeneuve (Photo Christian Dresse)
La totalité de la troupe réunie sur la scène au moment des saluts. Au premier rang, de g. à dr. Grégoty Benchenafi, Marlène Connan, Rémi Cotta, Caroline Géa, Philippe Fargues, Cécile Galois, Antoine Bonelli et Valériane de Villeneuve (Photo Christian Dresse)

Au cœur des années folles, Carole Clin, qui signe la mise en scène de cette nouvelle production de «Pas sur la bouche !», y est entrée de plain-pied pour y installer l’action de ce vaudeville signé Yvain pour la musique et Barde pour le livret. Unité de lieu, de temps, pour construire un spectacle élégant en forme de comédie musicale pétillante.
Les décors sobres et intelligemment adaptés au plateau de l’Odéon, réalisés par les ateliers de l’Opéra de Marseille, mettent en avant la beauté des costumes et facilitent la concentration sur l’action. Tout juste, un jeu avec les trois tableaux accrochés aux murs est à remarquer. Tout ça est dans le bon ton et, la bonne humeur est de rigueur; ça joue, ça danse, ça chante et les quiproquos arriveront «naturellement» pour notre bonheur. Dans cet espace peu propice aux déplacements, la joyeuse troupe s’égaie avec légèreté et joie de jouer. Voilà qui devrait bien passer à la télévision !
Dans la fosse, une vingtaine de musiciens s’activent sous la baguette de Bruno Conti. Nous avions déjà eu l’occasion de l’écrire dans un précédent compte-rendu : cet orchestre du théâtre de l’Odéon gagne en séduction à chacune de ses sorties. Dimanche après-midi ce fut encore le cas avec un son «années trente» des plus intéressant, aux accents américains bienvenus, servi par la précision et la tonicité de l’interprétation. Quant au casting, une fois de plus, Maurice Xiberras et Sophie Duffaut ont eu le choix judicieux à l’heure de le poser sur le papier. Après un premier air en forme d’amuse-bouche, ou plutôt d’amuse-cordes vocales, Caroline Géa prend à bras le corps son rôle de Gilberte tour à tour coquine et grave, avec une réelle performance vocale doublée d’une grande présence scénique. A ses côtés la Mademoiselle Poumaillac de Cécile Gallois est à la fois truculente, solide, sans-gêne. Le jeu est idéal et la voix d’une belle maturité. La gouaille juvénile de Marlène Connan donne une charmante Huguette et la Madame Foin incarnée par Valériane de Villeneuve est d’un comique accompli.
Parlons-en, de cette Madame Foin la concierge de la garçonnière de Faradel sur le fameux quai Malaquais. Figurez-vous que ce rôle était le seul à être confié, jusqu’alors, à Antoine Bonelli lorsqu’il était engagé pour «Pas sur la bouche ! ». Autant vous dire que l’enfant du Panier n’était pas peu fier, ce dernier week-end, d’accrocher à son CV, pour la première fois de sa carrière, le rôle de Faradel. Il s’en est parfaitement sorti, avec la jovialité et l’aisance qu’on lui connaît.
Mais chez les hommes, c’est la prestation de Philippe Fargues qui mérite un grand coup de chapeau. De l’accent au jeu en passant par une prestation vocale rigoureuse et colorée, Il incarne à la perfection l’Américain Eric Thomson ; du grand art. Ce qui ne doit pas rabaisser, loin s’en faut, les prestations de Rémi Cotta, qui prête ses traits à Georges Valandray et Grégori Benchenafi, qui incarne Charley Brunner.
Tous deux ont aussi apporté leurs pierres à l’édifice, faisant preuve de qualités vocales à la hauteur de leur jeu, c’est à dire : haut ! Une mention, enfin, pour les dames du chœur, parfaites choristes mais aussi petites mains utiles pour changer les décors à vue. De la bonne humeur à revendre, donc, avec cette production séduisante qui a conquis le maestro Nader Abassi venu se divertir entre deux répétitions de «Madame Butterfly» à l’Opéra ! Et vivement la diffusion à la TV.

Michel EGEA

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Comme annoncé dans le compte-rendu de l’Opérette, cette dernière a fait l’objet d’un enregistrement par France 3. Une diffusion nationale est prévue sous six mois à la télé. Mais si vous ne voulez pas attendre, la captation est disponible en suivant le lien ci-après: culturebox.francetvinfo.fr Régalez-vous…

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