On a vu à l’Odéon de Marseille- Une élégante Mam’zelle Nitouche

Publié le 26 janvier 2020 à  18h14 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Ici avec Alfred Bironien, Julie Morgane, idéale Mam’zelle Nitouche sur la scène de l’Odéon pour une nouvelle production de l’opérette de Hervé mise en scène par Carole Clin. (Photo Christian Dresse).
Ici avec Alfred Bironien, Julie Morgane, idéale Mam’zelle Nitouche sur la scène de l’Odéon pour une nouvelle production de l’opérette de Hervé mise en scène par Carole Clin. (Photo Christian Dresse).
Si une majorité des 103 opérettes et opéras bouffe dont les partitions sont nées sous la plume d’Hervé dorment désormais dans les cartons, «Mam’zelle Nitouche» compte parmi les œuvres qui ont traversé le temps. Il faut dire qu’elle est particulière dans l’histoire du compositeur puisque autobiographique, tout du moins en ce qui concerne le personnage de Célestin/Floridor, organiste au couvent le jour, compositeur léger la nuit venue pour lequel Hervé y a mis du sien. Au sein d’une programmation qui alterne découvertes et ouvrages populaires, Maurice Xiberras, le directeur de l’Opéra et de l’Odéon, programmait donc, ce dernier week-end, une nouvelle production de «Mam’zelle Nitouche» mise en scène par Carole Clin avec l’espiègle et délicieuse Julie Morgane dans le rôle-titre. Il faut croire que l’affiche était attrayante puisque après une générale qui a fait un tabac auprès du jeune public scolaire qui y était convié vendredi soir, la première, samedi après-midi, faisait presque salle comble. Et après trois heures de spectacle, sourires aux lèvres et musique en tête, personne ne regrettait d’être venu. Une fois de plus, Carole Clin dépoussière l’opérette avec élégance et intelligence, laissant aux personnages la possibilité d’exprimer leurs sentiments, sans pour autant gommer l’aspect comique de la pièce qu’elle distille finement au fil des scènes. Un travail qui se marie idéalement avec celui de Bruno Conti. Dans la fosse, le directeur musical profite du «son» délicatement désuet de l’orchestre de la maison, composé d’une quinzaine d’instrumentistes, et installe, dès l’ouverture, une ambiance fin du XIXe qui sied totalement à la musique d’Hervé. L’action peut se développer, portée par une troupe qui fait se côtoyer jeunes et moins jeunes ayant tous l’excellence en ligne de mire ; les uns en profitant, au passage, pour poursuivre leur perfectionnement, les autres ayant à cœur de privilégier la transmission. Dans le rôle-titre, Julie Morgane confirme son talent de comédienne fantaisiste mais aussi d’artiste lyrique. Elle joue, danse et chante avec un égal bonheur, le regard tour à tour facétieux ou enjôleur. Jean-Claude Calon passe de Célestin à Floridor sans perdre son dynamisme et son humour alors que Philippe Fargues campe un major idéal, amant jaloux aux genoux souples… En jeune officier transit d’amour pour une comédienne nommée mam’zelle Nitouche, qui n’est autre que Denise de Flavigny dont la main lui est promise par accord conclu entre parents, Alfred Bironien rayonne, pétillant et vocalement assuré. Le trio féminin composé de Danielle Dinant, Kathia Blas et Simone Burles, respectivement mère supérieure, Corinne et sœur tourière est idéal alors que Grégory Juppin excelle dans son interprétation «alcoolico-comique» de Loriot; Antoine Bonelli, Jean-Luc Epitalon et Michel Delfaud complétant solidement le casting. Un mot aussi, et une fois de plus, pour le chœur Phocéen préparé par Rémy Littolff qui a bien mérité une part des applaudissements longs et nourris venus saluer la représentation. Le seul regret étant que cette production ne soit, pour l’instant, pas appelée à être donnée sur d’autres scènes. Mais ça, les artistes et les musiciens n’y peuvent rien !
Michel EGEA

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