On a vu à l’Opéra de Marseille, un « Philtre » séduisant avant un « Elisir » espéré envoûtant

Publié le 10 décembre 2014 à  15h57 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h30

Au premier rang, de g. à dr. : Anas Seguin, Roxane Chalard, Virginy Fenu et Joseph Kauzman. Au second plan, à gauche, la pianiste Brigitte Grosse et, au centre, Matthieu Toulouse (Photo M.E.)
Au premier rang, de g. à dr. : Anas Seguin, Roxane Chalard, Virginy Fenu et Joseph Kauzman. Au second plan, à gauche, la pianiste Brigitte Grosse et, au centre, Matthieu Toulouse (Photo M.E.)

Comme il l’a fait à l’occasion de la programmation de «Moïse et Pharaon» avec une soirée mémorable consacrée à la restitution du «Mose » de Colonna, Maurice Xiberras, le directeur de l’Opéra, vient de programmer cinq représentations de l’ouvrage de Daniel-François-Esprit Aubert, «Le Philtre» en écho à «L’Elisir d’amore» programmé pour passer de bonnes fêtes de fin d’année. Une initiative en forme de coup de billard à plusieurs bandes puisque ce «Philtre», donné au foyer de l’Opéra, a ravi un vaste public au cours de deux représentations, puis les écoliers, collégiens et lycéens de Marseille au cours de trois autres représentations tout en donnant l’occasion de briller -et de travailler- à cinq jeunes artistes lyriques.
J’avais donc décidé, en ce mardi matin, de retomber en enfance et de venir écouter la musique d’Auber avec les tout-petits. Des enfants préparés depuis des semaines par leurs enseignants à cet événement et qui furent d’une attention remarquable pendant l’heure et demie de spectacle. Certes leur perception de cette histoire de femmes volages et vénales, de benêt amoureux transi, de docteur charlatan, reste au niveau de la fascination procurée par le spectacle vivant, mais c’est avec les yeux tout écarquillés et le sourire aux lèvres qu’ils sont repartis prendre le métro pour retourner dans leurs écoles avec de belles histoires à raconter à leurs copains et copines, mais aussi à leurs parents.
Il faut dire que pour interpréter l’ouvrage, l’opéra a fait appel à cinq jeunes artistes aussi bons chanteurs que comédiens. Choix judicieux pour servir la mise en scène d’Yves Coudray, très proche de la commedia dell arte, dynamique et pétillante, rehaussée par les costumes de bon goût de Michel Ronvaux. Du côté des filles, Roxane Chalard incarne Térézine. Elle possède un beau soprano puissant et élégant et elle monte avec aisance. Virginy Fenu est, elle aussi, soprano et donne sa voix à
Jeannette. Moins de puissance vocale, mais beaucoup de finesse et une très belle ligne de chant chez la jeune femme. Le ténor, Joseph Kauzman, a fort à faire avec le rôle de Guillaume qui est loin d’être de tout repos. Après un départ en demi teinte, il donnera le meilleur de lui même et imposera son chant ; signalons au passage sa performance de comédien. Matthieu Toulouse incarne Fontanarose, le charlatan, avec une belle aisance vocale. Ses graves sont profonds et sa diction parfaite. C’est Anas Seguin qui offre sa voix à Joli Cœur. Lui aussi excelle dans la comédie et possède une belle ligne de chant. Il est très à l’aise et d’une belle précision.
Un beau quintet aux côtés d’un orchestre très performant : le piano joué avec virtuosité et présence affirmée, par Brigitte Grosse qui, au-delà d’offrir la musique, doit tenir tout son petit monde en étant attentive à chacun. Une réelle performance pour qui se colle à cet exercice avec bonheur. Brigitte Grosse l’a fait, elle doit en être remerciée.
Voilà ! Après ce bon moment passé à déguster sans modération le «Philtre» d’Auber, il nous tarde de goûter à «L’Elisir d’amore» de Donizetti. Ce sera à partir du 23 décembre…

Michel EGEA

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