On a vu à la Roque d’Anthéron : Adam Laloum et Nicholas Angelich dans deux magnifiques visions de Brahms

Publié le 11 août 2015 à  21h47 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h31

Nuit Brahms à la Roque: le pianiste Adam Laloum et le Sinfonia Varsovia dirigé par Robert Trevino  (Photo C. Grémiot - 10 août 2015)
Nuit Brahms à la Roque: le pianiste Adam Laloum et le Sinfonia Varsovia dirigé par Robert Trevino (Photo C. Grémiot – 10 août 2015)

Pour la dernière du chef Robert Trevino qui, retour au pays oblige, sera remplacé à la tête du Sinfonia Varsovia par Alexander Vedernikov (ce sera ce 12 août à 21 heures au Parc Florans de La Roque), nous avons eu droit à une exceptionnelle nuit du piano consacrée à Brahms. En ouverture des deux parties l’orchestre au sommet de son art a donné l’Ouverture de «Manfred» de Schumann, et celle de «Don Giovanni» de Mozart. Avec autorité et une grande élégance Robert Trevino a fait vibrer le public subjugué par sa performance aussi discrète qu’impeccable. Mais le cœur de la soirée nous conduisait à écouter les deux concertos pour piano et orchestre de Brahms joués au clavier par Adam Laloum pour le premier et Nicholas Angelich pour le second. L’un comme l’autre, ils furent éblouissants avec deux visions différentes de Brahms dues en partie au fait que ces deux œuvres présentées sont assez dissemblables sur la forme. Le concerto n°1 Adam Laloum a choisi de l’interpréter, le mot convient parfaitement, d’une manière particulièrement exaltée, et surtout qui contribue à tirer l’œuvre vers un aspect sombre, voire tragique. Engageant avec l’orchestre un dialogue très physique (même si dans le premier mouvement les deux ont eu un peu de mal à se trouver) Adam Laloum a magnifié Brahms avec des moments de grande poésie. Prolongeant ce bonheur d’écoute pour les spectateurs par un rappel brahmsien lui aussi, où le pianiste a montré sa sensibilité autant que sa virtuosité.
Nuit Brahms à la Roque: le pianiste Nicholas Angelich et le Sinfonia Varsovia dirigé par Robert Trevino (Photo C. Grémiot - 10 août 2015)
Nuit Brahms à la Roque: le pianiste Nicholas Angelich et le Sinfonia Varsovia dirigé par Robert Trevino (Photo C. Grémiot – 10 août 2015)

Changement de décor avec le concerto n° 2 et la présence au piano de Nicholas Angelich qui est chez Brahms comme en son jardin, lui qui a enregistré sous la direction de Paavo Järvi ces deux concertos avec un éclat d’apparat. Moins symphonique que le premier, l’opus 2, plus chantant, requiert davantage d’onirisme, et d’emblée Nicholas Angelich apporte son supplément d’âme pour embellir l’ambiance générale voulue par le compositeur. Le pianiste donne presque l’impression de porter l’orchestre, ce dernier lui emboîtant le si bémol majeur (tonalité du concerto) pour une osmose d’une beauté à couper le souffle. Les doigts glissent, voltigent sur le clavier, et l’attaque magnifique des violoncelles sur l’andante du 3e mouvement, bénéficiant en cela de la direction d’un Robert Trevino particulièrement inspiré rend le jeu de Nicholas Angelich plus intense et plus émouvant encore. Une soirée magique terminée par la «Rêverie» de Schumann dont on ressort là encore éblouis, Nicholas Angelich aux allures d’immense nounours s’imposant comme un poète du piano d’une légèreté infinie.
Jean-Rémi BARLAND

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