On a vu à la Roque d’Anthéron: Berezovsky et Liss en accord majeur sur Rachmaninov

Publié le 26 juillet 2015 à  18h53 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Le pianiste Boris Berezovsky et l’Orchestre de l’Oural dirigé Dimitri Liss ce samedi soir au Parc Florans ( Photo C.Gremiot)
Le pianiste Boris Berezovsky et l’Orchestre de l’Oural dirigé Dimitri Liss ce samedi soir au Parc Florans ( Photo C.Gremiot)

C’est en 2005, à Metz que Boris Berezovsky et Dimitri Liss ont enregistré pour Mirare la « maison de disques » fondée par René Martin, directeur artistique du Festival de piano de La Roque d’Anthéron, les quatre concertos pour piano et orchestre de Rachmaninov. Avec comme orchestre celui de l’Oural à la générosité fougueuse. Ensemble reconstitué, ce samedi soir au sein du parc Florans où les cigales mélomanes du lieu ont fait crisser leurs ailes en guise peut-être de satisfaction. En préambule des danses polovtsiennes de Borodine extraites de l’opéra «Le Prince Igor» jouées avec ampleur et sans effets pesants. Toutes les qualités de l’orchestre que l’on avait saluées la vielle dans la Symphonie n° 5 de Tchaïkovsky se retrouvaient portées à leur paroxysme. Puis Boris Berezovsky s’installa au piano pour le Concerto n° 4 de Rachmaninov (un programme inversé puisque c’est le n°2 qui était annoncé), et l’enchantement commença pour ne plus s’arrêter. Les périlleuses premières mesures en ré majeur de l’orchestre ainsi que la déclamation du piano en sol majeur sont surmontées avec aisance et une souplesse infinie. Boris Berezovsky survolant son sujet, aérien et impeccable de netteté est porté au sommet par un Dimitri Liss inspiré tirant de son orchestre ouralien la quintessence du grandiose. Mais le plus beau à entendre reste à venir. Avec le concerto numéro 2 donné après l’entracte. S’inspirant de l’ouverture du concerto n°1 de Tchaïkovsky, donné la veille, dans ce même Parc Florans par Denis Matsuev et ce même orchestre moins inspiré, ce concerto de Rachmaninov permet aux violons de tirer l’œuvre vers un certain lyrisme. Boris Berezovsky qui l’an dernier ne nous avait pas toujours paru au sommet, fait éclater ici tout son génie d’interprétation. Ogre des notes qu’il avale de ses doigts énormes, puis poète du clavier qui fait entendre un adagio sostenuto d’une grâce inépuisable, Boris Berezovsky alterne force et grâce. Le public qui lui fait une ovation n’a pas encore tout entendu. En rappel le grand Boris va donner seul au piano trois pièces lyriques de Grieg dont la «Marche des trolls» qui s’apparente ici à une épopée royale. Un grand concert aux mille couleurs fastueuses. C’est comme cela que Berezovsky est grand.
Jean-Rémi BARLAND
Plus d’info et réservations: festival-piano.com

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