On a vu au Cado d’Orléans « Le cercle des illusionnistes » du magique Alexis Michalik.

Publié le 1 octobre 2019 à  17h14 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h32

(Photo Alejandro Guerrero/Cado)
(Photo Alejandro Guerrero/Cado)

Selon Alexis Michalik qui tient ces propos à travers le personnage de l’horloger : «Le monde est un grand navire, qui contient trois types de passagers : ceux qui veulent savoir, ceux qui savent déjà, et ceux qui rêvent». Bel autoportrait, tant l’auteur de «Intra Muros» et «Edmond» a transformé sa vie artistique en un vaste terrain de songes. Chacune de ses pièces, tout comme son exceptionnel roman intitulé «Loin», qu’il vient de publier chez Albin Michel, brille d’un éclat de fantaisie, d’une inventivité de tous les instants, les héros successifs qui s’y croisent poursuivant un périple intérieur autant qu’extérieur où s’entremêlent leurs aspirations à imaginer le monde, non comme il est, mais comme il devrait être. Ainsi «Le cercle des illusionnistes» qu’il promène de ville en ville, avec ce mois-ci une halte au Cado d’Orléans dirigé par Christophe Lidon, s’inscrit parfaitement dans son projet de raconter plusieurs histoires au sein d’une même aventure théâtrale, le public se retrouvant transporté pour peu qu’il ait su garder une âme d’enfant. Il sera encore une fois question d’une quête de ses origines, d’une maternité douloureuse, d’une paternité compliquée, d’enfant abandonné à la naissance, d’éveil à la vie grâce aux regards bienveillants posés par des hommes et des femmes de bonne volonté sur le berceau d’espoirs les plus fous. Au centre de ce kaléidoscope deux héros des temps modernes : le premier Robert-Houdin, horloger-magicien du XIXe siècle dont la maison natale se trouve à Saint-Gervais-la-Forêt, là où vécut Jean-Claude Deret, créateur de Thierry-la-Fronde et père de Zabou Breitman. Le second Georges Méliès, cinéaste de génie du début du XXe siècle, épris de magie, créateur des premiers trucages de cinéma qui rêva si fort les yeux ouverts qu’il se mit en quête de conquérir la lune. Entre ces deux un horloger, narrateur agitant un foulard rouge chargé d’escamoter le réel. Comme toujours chez Michalik, tout s’imbrique dans un récit gigogne où il sera question de l’histoire de l’illusion (il y a désormais un musée de la magie à Blois), sous l’œil d’un couple assistant à la demi-finale France-Portugal comptant pour l’Euro de foot 1984 remportée par la France 3 buts à deux avec deux réalisations de Domergue qui avait suppléé Amoros suspendu après avoir donné un coup de tête à un Danois. Des premiers automates au kinétographe, avec arrêt sur images auprès d’artistes hors normes, la pièce nous emporte, nous happe, nous fascine. Signée Michalik la mise en scène ajoute de la magie à la magie du sujet. Les décors bougent, les accessoires sont apportés puis escamotés au besoin par les comédiens, eux-mêmes, tous excellents. Citons Michel Derville en horloger et Arnaud Dupont dans le rôle de Méliès, prodigieux funambule des planches qui avait triomphé lord du off d’Avignon 2019 avec «Les vies de Swann» de Marc Citti, pièce qui sera reprise au Cado d’Orléans du 1er au 14 février 2020. Jouant avec le temps, offrant de multiples retours en arrière «Le cercle des illusionnistes» est une merveille d’intelligence, où l’on voit combien avec de simples mots on peut ériger une cathédrale d’émotions.
Jean-Rémi BARLAND
« Le cercle des illusionnistes » au Cado d’Orléans jusqu’au 4 octobre à 20h30. Boulevard Pierre Ségelle. Plus d’info et réservations: cado-orleans.fr

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