On a vu au Grand Théâtre de Provence : Julia Fischer et Yulianna Avdeeva, l’accord parfait

Publié le 17 octobre 2014 à  18h26 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h23

Une blonde, Julia Fischer, une brune, Yulianna Avdeeva, l’accord parfait entre le violon et le piano pour un concert qui restera dans les mémoires (Photos Harald Hofmann)
Une blonde, Julia Fischer, une brune, Yulianna Avdeeva, l’accord parfait entre le violon et le piano pour un concert qui restera dans les mémoires (Photos Harald Hofmann)

Au Grand Théâtre de Provence, ce jeudi soir, tout a débuté avec Bach ; rien que de très normal, direz-vous. La « Sonate en mi majeur, BWV 1016 » pour soigner la cadence et tester la virtuosité dès les premières minutes du concert. Au violon, Julia Fischer, au piano Yulianna Avdeeva.
Ici une blonde ne vaut pas deux brunes, mais l’une et l’autre sont à égalité concernant le talent. Elles totalisent à peine 60 printemps à elles deux et cependant font preuve d’une belle maturité en servant le Cantor.
Après cette entrée en matière réussie, les deux jeunes femmes abordaient la «sonate n°1 en fa mineur» de Prokofiev. Changement d’ambiance radical. Bienvenu chez Sergueï le sombre, le tourmenté. Une grande intensité caractérise d’emblée la musique offerte par le duo. Beaucoup de rigueur dans l’interprétation, mais aussi une finesse toute féminine qui permet à Julia Fischer d’exprimer pleinement les sentiments attachés à cette partition. Son jeu est lumineux et le son de ses trilles aérien, presque extra-terrestre. Nul doute qu’elle est l’une des violonistes, les deux sexes confondus, qui maîtrisent parfaitement leur archet. Si ce n’était pas le cas, ce son unique n’aurait jamais été entendu. Au piano, Yulianna Avdeeva affirme sa personnalité sans jamais nuire à la qualité de l’ensemble. Elle offre une charpente solide et harmonieuse à sa complice qui peut ainsi faire vivre son violon en toute quiétude. De la belle ouvrage.
Brahms était à l’honneur, après la pause. Tout d’abord avec le court, mais intense, « Scherzo en do mineur » travaillé, lui aussi, sur la virtuosité. Puis arrivait l’heure de la « sonate n°3 en ré mineur » ; tout Brahms, ou presque, est là ; enfin, tout au moins son esprit.
L’œuvre est très structurée et unit les deux instruments dans ce qu’ils ont de complémentaires. C’est puissant, suave, expressif, avec une parfaite entente, là aussi, entre les deux jeunes femmes. L’anecdote de la soirée se produisant à la fin du second mouvement de cette pièce, avec le bris d’une corde du violon. Là où d’aucun aurait été perturbé, Julia Fischer a poursuivi sur trois cordes, sans aucune difficulté, jusqu’à la fin de ce mouvement avant d’aller rendre son intégrité, en coulisses, à son instrument. Les musiciennes étaient chaleureusement saluées à l’issue de ce concert qu’elles ponctuaient de deux « bis » signés Tchaïkovski, dont elles donnait une superbe mélodie composée en hommage à Rubinstein et Robert Schumann. Un grand moment de bonheur, l’accord parfait entre deux musiciennes.
Michel EGEA

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