On a vu au Grand Théâtre de Provence et au théâtre du Gymnase «Les 7 doigts de la main» sont toujours agiles

Publié le 4 décembre 2014 à  12h08 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h30

La cuisine, source d’inspiration pour les circassiens sur la scène du théâtre du Gymnase (Photo Alexandre Galliez)
La cuisine, source d’inspiration pour les circassiens sur la scène du théâtre du Gymnase (Photo Alexandre Galliez)

En programmant trois spectacles du collectif canadien «Les 7 doigts de la main» sur chacune de leurs scènes, c’est à un vrai temps fort «cirque» que nous conviaient «Les Théâtres» en cet automne pluvieux. Un rendez-vous des plus intéressants puisqu’il offrait la possibilité, avec «Traces», créé en 2006, et avec «Cuisine & Confessions» créé début novembre à Montréal et dont c’étaient les premières représentations en Europe, d’avoir une vision sur l’évolution du genre à huit années d’intervalle. Le troisième spectacle étant le one man show «Patinoire» donné par Patrick Léonard au théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence.
A vrai dire, nous étions un peu restés sur notre faim au sortir de la première de «Traces» au Grand Théâtre de Provence. Désormais inscrite au patrimoine du collectif, cette production était servie par de jeunes circassiens au talent indéniable. Certes les performances offertes au public étaient techniquement impressionnantes, mais le temps nous avait parfois semblé long et le spectacle un peu marqué par les ans avec des intermèdes comme le vote pour l’artiste «préféré» tout droit tiré des shows TV de l’époque. Une bonne soirée, mais sans grande émotion, sans réel coup de cœur.
Alors, pour mettre un terme à notre fringale, direction «Cuisine & Confessions» au Théâtre du Gymnase. Ça s’active dur en cuisine. L’eau bout, le café est chaud. «Y-a-t-il quelqu’un dans la salle qui a pensé à amener les olives vertes ?», question sans réponse. Des spectateurs sont invités à monter sur scène goûter un gâteau ou boire une tasse de café. Petit à petit le théâtre fait le plein d’adultes et d’enfants.
C’est la séance de ce mercredi à 19 heures, elle affiche complet.
Et c’est parti pour 90 minutes de pure poésie, de bonheurs goûteux, de prises de risques, de rires, mais aussi de larmes. Tour à tour chaque artiste va s’ouvrir à la confidence pour livrer une partie de lui-même liée à la cuisine, au repas… Tout va s’enchaîner sans temps morts jusqu’à la parfaite cuisson des gâteaux bananes qui fera vibrer les téléphones cellulaires des spectateurs dans la salle. Gâteaux partagés sur le plateau avec les spectateurs à l’issue de la représentation, tout comme les pâtes cuites pendant le spectacle. Impossible, ici, de raconter par le détail tout ce se déroule sur scène. Sachez seulement que tous, enfants et adultes, ont pris leur part d’émerveillement, ont savouré les sentiments, chacun à son niveau.
Quelques heures de sommeil plus tard, des portions de rêve sont toujours là. La recette du bortsch, prétexte à un numéro sensible et poétique d’Anna Kichtchenko au tissu aérien, sublime moment en compagnie de celle qui est aussi une étonnante contorsionniste. Ce dernier repas que Matias Plaul n’a jamais fait avec son père, intellectuel argentin de gauche devenu «desaparecido» un 4 janvier 1977. Matias était âgé de huit mois seulement et les six mètres du mât chinois dressé sur scène ne sont pas assez hauts pour héberger son désespoir. Puis il y a le corps de liane de Danica Gagnon-Plamondon, la puissance de Sidney Iking Bateman, une mémorable séquence de jonglage avec des fouets de cuisine, et bien d’autres choses encore qu’il convient de savourer rapidement au Gymnase.
Sinon il vous faudra monter à la capitale pour déguster chauds ces plats d’exception élaborés par «Les 7 doigts de la main»… Marseille servie show avant Paris ? Mais oui !
Michel EGEA

Pratique: Représentations jusqu’au 6 décembre à 20 h 30. Tél: 08 2013 2013 – lestheatres.net

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