On a vu au Grand Théâtre de Provence – le phénomène Lucas Debargue

Publié le 21 octobre 2019 à  21h25 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h23

Lucas Debargue (Photo Caroline Doutre)
Lucas Debargue (Photo Caroline Doutre)
En avril 2018, au cours du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, son interprétation du concerto en sol majeur de Ravel avait conquis le public du Grand Théâtre de Provence. C’est donc en habitué que, samedi dernier, Lucas Debargue, l’un des pianistes les plus doués de sa génération, retrouvait les coulisses de l’établissement culturel aixois dans le cadre de la tournée de promotion de son dernier double CD paru chez Sony et consacré aux sonates de Domenico Scarlatti. Il en avait accroché une dizaine au programme pour composer la première partie de son récital aixois. Histoire de mettre en exergue sa virtuosité et son sens de la coloration au sein d’exquises miniatures servies avec passion et personnalité. De la belle ouvrage. En deuxième partie du récital, Lucas Debargue avait choisi de faire découvrir à son public une sonate de Nicolaï Medtner, compositeur contemporain de Scriabine et Rachmaninov mais beaucoup moins connu qu’eux. Du romantisme russe dans toute sa splendeur et son emphase, que semble affectionner tout particulièrement le pianiste dont on sait combien il a d’attaches désormais en Russie, à commencer par son professeur à l’École Normale de Musique Alfred Cortot, Rena Shereshevskaya. Mais c’est avec «Après une lecture de Dante», que le phénomène Debargue allait étonner, séduire et conquérir une salle toute entière tournée vers sa musique. Cet extrait tiré des Années de pèlerinage de Franz Liszt, fait partie des tubes programmés régulièrement par les concertistes et ce avec plus ou moins de bonheur. Et là où de nombreux récitent leur leçon, s’appliquant à retranscrire une partition avec un sans faute, Lucas Debargue a préféré, lui, laisser s’exprimer sa personnalité passionnée. Des tempi très personnels, un toucher somptueux, des ambiances toujours très colorées, le pianiste passe de la fournaise à la quiétude avec un égal bonheur et ce sans jamais trahir Liszt. Un énorme moment de musique accueilli avec enthousiasme par une salle conquise, une fois de plus, par tant de talent. Avec, en prime, un cadeau exceptionnel offert par Lucas Debargue, soit trois «bis» pour vingt minutes de récital supplémentaire. Quant on aime on ne compte pas !
Michel EGEA

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