On a vu dans le Off d’Avignon : Une remarquable version de « Victor ou les enfants au pouvoir »

Publié le 24 juillet 2014 à  19h28 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h05

Victor ou les enfants du pouvoir (Photo D.R.)
Victor ou les enfants du pouvoir (Photo D.R.)

Créée le 24 décembre 1929 à la Comédie des Champs-Élysées dans une mise en scène d’Antonin Arthaud, reprise en 1962 dans une splendide vision de Jean Anouilh, «Victor ou les enfants au pouvoir» est une grande pièce de théâtre, où derrière l’aspect comédie se cache un drame et une satire sans concessions de la bourgeoisie. L’argument est simple : Victor Paumelle, fils de Charles et Émilie Paumelle, triste témoin de l’adultère de son père avec la voisine décide de se venger le jour de ses neuf ans. Sans savoir que le terrible secret qu’il a porté en lui, ainsi que l’aveu de celui-ci entraineront sa mort. Rien de tout cela ne serait très original sans l’écriture onirique de l’auteur qui dynamite les conventions du théâtre, évoque l’enfance bafouée, brosse le portrait d’adultes sans morale, dénonce une éducation rigoriste niant la personnalité d’un enfant, tout en faisant de Victor, non pas seulement une victime mais un bourreau à sa manière, dissertant dans un langage d’adulte et tyrannisant l’entourage de ses parents en particulier la bonne.
Pour rendre toute la puissance de la pièce La Comédie Framboise (compagnie parisienne née en 2006 qui propose actuellement la pièce au Théâtre actuel d’Avignon), insiste sur le côté burlesque des situations imaginées par l’auteur. Inventive, ne se contentant pas de suivre les méandres de l’intrigue la mise en scène de Léonie Pingeot est un miracle d’ingéniosité et d’équilibre entre le côté mordant de l’ensemble et son aspect tragique. Les déplacements des comédiens, la manière de les faire jouer ensemble dans un effort d’harmonie et un évident esprit de troupe, l’utilisation de musiques renforçant le côté «Requiem pour une âme tourmentée», contribuent à imposer ce «Victor» comme une grande version de la pièce, et une production assez rare. Victor Boulenger en Victor est hallucinant de présence et, à ses côtés les autres acteurs possèdent la même force évocatrice. Un chef d’œuvre du théâtre, un chef d’œuvre d’interprétation !
Jean-Rémi BARLAND

«Victor ou les enfants au pouvoir» de Roger Vitrac. Mise en scène de Léonie Pingeot. Au Théâtre actuel, à 15h20. Réservations au 04 90 82 04 02

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