On a vu l’Opéra de Marseille – « Les Puritains »: monumentale Jessica Pratt

Publié le 4 novembre 2019 à  20h38 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h24

Jessica Pratt en compagnie de Nicolas Courjal (Photo Christian Dresse)
Jessica Pratt en compagnie de Nicolas Courjal (Photo Christian Dresse)
Les saluts ponctués par des salves d’applaudissement à l’issue de la représentation de dimanche (Photo Christian Dresse)
Les saluts ponctués par des salves d’applaudissement à l’issue de la représentation de dimanche (Photo Christian Dresse)

Elvira, des «Puritains» de Bellini, est, avec Lucia de «Lucia de Lammermoor» de Donizetti l’un des rôles favoris de la soprano britannique Jessica Pratt. En la programmant pour les deux représentations concertantes de l’opéra de Bellini, Maurice Xiberras, le directeur de l’établissement lyrique marseillais, a eu le nez creux. Dimanche en matinée, la dame a obtenu un triomphe des plus mérités aux côtés d’une distribution de grand talent. Elle est totalement investie dans ce rôle romantique, tant et si bien que l’on oublie parfois qu’il n’y a pas de mise en scène. Sa voix est d’une précision et d’une puissance de tous les instants et elle excelle dans les vocalises. Les aigus sont en place et c’est avec une grande facilité qu’elle se joue des difficultés de la partition sous l’œil attentif du maestro Caarella dont la direction tient compte en permanence des solistes, de leur respiration, de leur chant. Une extrême précision dont va aussi bénéficier le ténor chinois Yijie Shi, petit gabarit mais grande voix. Une ligne de chant et une projection idéales, des aigus maîtrisés et tranchants : il est un Arturo parfait aux côtés de Jessica Pratt. Les deux formant un immense duo pour cette production qui fera date. A leurs côtés, Jean-François Lapointe (Riccardo) apporte son baryton parfait dans les aigus. Le bel canto n’étant pas son terrain de jeu favori, le Québécois est un peu en délicatesse dans les vocalises et dans la diction italienne. Nicolas Courjal (Giorgio) se sort habillement des difficultés de cette partition avec des graves somptueux. Sa romance Cinta di fiori est superbe et le duo avec Riccardo Suoni la tromba, e intrepido de grande qualité. Pour compléter la distribution, Maurice Xiberras a eu le bon goût d’engager Julie Pasturaud (Henriette), Eric Martin-Bonnet (Lord Walton) et Christophe Berry (Bruno) qui ont parfaitement chanté leurs parties respectives. Idéalement préparé, une fois de plus, par Emmanuel Trenque, le chœur fut à la hauteur du challenge qui lui était proposé, puissant, coloré, en parfaite osmose avec les solistes et avec l’orchestre dirigé par Giuliano Carella. Une direction bondissante, pleine de vie et de sensibilité, qui a magnifié la musique de Bellini avec l’excellence d’une formation qui, à tous les pupitres, fait preuve d’attention et de beauté. Un vrai grand moment de musique et d’art lyrique en ce premier dimanche de novembre ponctué par les applaudissements nourris d’une salle sous le charme et subjuguée. Dommage qu’il n’y ait que deux représentations.
Michel EGEA
Pratique. «Les Puritains» de Vincenzo Bellini, prochaine représentation le mardi 5 novembre à 20h30. Réservations : Tél. 04 91 55 11 10 – opera.marseille.fr

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