Opéra de Marseille. ‘Giovanna d’Arco’ : bel canto triomphant

Publié le 22 novembre 2022 à  14h17 - Dernière mise à  jour le 9 juin 2023 à  20h38

Verdi disait que c’était son meilleur ouvrage… Pourtant son «Giovanna d’Arco», dont l’histoire est largement revue par le librettiste Temistocle Solera, est peu joué. C’est donc une découverte pour certains, ou une première en live pour d’autres que propose en version concertante l’Opéra de Marseille en cette fin novembre bel cantiste. Une partition magnifiée par le casting réuni par Maurice Xiberras.

Aux saluts à l’issue de la première représentation dimanche en matinée, de g. à dr. Sergey Artamonov, Ramon Vargas, Roberto Rizzi Brignoli, Yolanda Auyanet, Juan Jesus Rodriguez et Pierre-Emmanuel Roubet. (Photo Christian Dresse)
Aux saluts à l’issue de la première représentation dimanche en matinée, de g. à dr. Sergey Artamonov, Ramon Vargas, Roberto Rizzi Brignoli, Yolanda Auyanet, Juan Jesus Rodriguez et Pierre-Emmanuel Roubet. (Photo Christian Dresse)

Giovanna d’Arco est l’un des rôles les plus difficiles qu’offre le répertoire verdien à une soprano. Yolanda Auyanet a donc attendu que sa voix arrive à la maturité requise pour s’y attaquer. Ce qu’elle fait avec bonheur sur la scène de l’opéra marseillais où elle a déjà brillé par le passé. Voix précise et puissante, belle maîtrise de la tessiture, projection assurée et ligne de chant limpide : la soprano espagnole assure une prise de rôle intéressante et appréciée.

A ses côtés, on attendait aussi beaucoup du ténor mexicain Ramon Vargas et du baryton espagnol Juan Jesus Rodriguez respectivement dans les rôles de Carlo VII et de Giacomo, le père de Giovanna. Et les deux ont répondu présents de la meilleure des façons qui soit. Solide et puissant, Ramon Vargas se promène sur les registres de sa tessiture sans aucune difficulté. Projection idéale et assurance de tous les instants:
de la belle ouvrage. Mais c’est Juan Jesus Rodriguez qui fait un triomphe au final. Impressionnant de maîtrise et de puissance, même en version concertante, il donne de la chair à ce rôle paternel déchiré par des sentiments contraires. Il affiche une insolente facilité avec des graves profonds et des aigus tranchants. On a hâte désormais de le retrouver dans quelques mois sur cette même scène où il sera Nabucco.

Exceptionnelle distribution, donc, complétée par les minuscules rôles de Delil et Talbot chantés par Pierre-Emmanuel Roubet et Sergey Artamonov. Derrière les solistes, le chœur de l’opéra idéalement préparé par Emmanuel Trenque donne parfaitement les ensembles composés par Verdi que ce soit sur la scène ou dans les coulisses d’où arrivent les voix divines et diaboliques. Puis il y a l’orchestre qui avait déjà convaincu les plus septiques avec le Rossini du début du mois et qui enfonce une fois le clou en servant de façon lumineuse une partition verdienne en diable. Tout ce beau monde étant placé, une fois de plus, sous la direction du maestro Roberto Rizzi Brignoli qui excelle dans la lecture intelligente et fouillée de ces œuvres qui appartiennent à un répertoire qu’il affectionne tout particulièrement.
Pour tous ceux qui aiment le bel canto et qui voudraient découvrir cette œuvre peu jouée, deux autres représentations sont programmées cette semaine.
Michel EGEA

«Giovanna d’Arco» de Verdi à l’opéra de Marseille. Représentations les
23 et 25 novembre à 20 heures. Plus d’info et réservations:opera.marseille.fr

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