Opéra de Marseille: Retour gagnant pour Nabucco

Publié le 2 avril 2023 à  11h26 - Dernière mise à  jour le 6 juin 2023 à  20h16

Un peu moins de 34 ans après sa dernière représentation à l’Opéra de Marseille (octobre 1989) l’un des ouvrages phares de Verdi y est donné pour quatre représentations. La production a été accueillie très positivement au soir de la première.

Juan Jesús Rodriguez (Nabucco) et Csilla Boross (Abigaïlle). (Photo Christian Dresse).
Juan Jesús Rodriguez (Nabucco) et Csilla Boross (Abigaïlle). (Photo Christian Dresse).

Les mélomanes marseillais aiment Verdi et le bel canto. L’affirmation s’est encore avérée juste jeudi soir puisque la maison lyrique phocéenne avait fait le plein pour Nabucco. Il faut dire que l’ouvrage, qui fait la part belle aux chœurs avec le «Va pensiero» en haut de l’affiche, compte parmi les chefs-d’œuvre du compositeur italien et que la distribution concoctée par Maurice Xiberras, le directeur de l’établissement, était alléchante. Elle a tenu ses promesses.

Tout d’abord avec la grande présence scénique et vocale de Juan Jesús Rodriguez dans le rôle titre. De la puissance, de la projection et un jeu d’acteur irréprochable font de lui l’incarnation quasi idéale d’un Nabuchodonosor évoluant entre agressivité et folie avant sa rédemption permettant à la lumière de triompher du mal. Ce mal qui a les traits d’Abigaïlle à laquelle Csilla Boross donne toute sa dimension livrant un personnage d’une noirceur plus qu’inquiétante. Sa voix, avec une pointe de métal, appuie s’il le fallait, le côté malsain de la dame. C’est Marie Gautrot qui campe Fenena, tout en retenue, presque agneau résigné allant au supplice ; quant à Laurence Janot, elle est une Anna très présente scéniquement et vocalement.

Du côté masculin de la distribution, Simon Lim est un impressionnant Zaccaria, voix puissante et équilibrée, à l’aise aussi bien dans les aigus que dans les graves qu’il détaille avec une profondeur idéale. Jean Pierre Furlan, Jérémy Duffau et Thomas Dear, respectivement Ismaël, Abdallo et Le Grand Prêtre complétant le cast.

A 19h30, des choristes de l’Opéra ont chanté le
A 19h30, des choristes de l’Opéra ont chanté le

Puis, bien entendu, il y a les chœurs qui sont un élément essentiel de l’œuvre. Une demi-heure avant que ne débute la représentation, quelques uns des chanteurs de l’ensemble vocal avaient donné le «Va Pensiero » aux balcons de l’Opéra pour dire leur opposition à la réforme des retraites, ce qui ne les a pas empêchés d’exceller ensuite dans tout ce qu’ils avaient à faire. Une très belle prestation à tous les pupitres et une grande satisfaction pour le chef de chœur Emmanuel Trenque, qui prépare ses valises pour Bruxelles où, dès la saison prochaine, il dirigera le chœur du théâtre de la Monnaie.

Dans la fosse, une fois de plus, sous la direction éclairée du maestro Arrivabeni dont on sait la passion pour Verdi, l’orchestre a sonné juste et clair pour notre plus grand bonheur. Une distribution de qualité qui a bénéficié de la mise en scène intelligente et intemporelle de Jean-Christophe Mast qui évite totalement les clichés éculés pour offrir un travail soigné en noir et blanc mettant parfaitement en valeur un livret dénonçant l’oppression d’un peuple par un autre et prônant le triomphe de la lumière sur l’obscurantisme.
Michel EGEA
Prochaines représentations le 2 avril à 14h30 et les 4 et 7 avril à 20 heures. Plus d’info et réservations : opera.marseille.fr

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