Opéra de Marseille – Sous le charme d’Armida

Publié le 4 novembre 2021 à  18h29 - Dernière mise à  jour le 2 novembre 2022 à  18h08

Il y a quelques jours, l’Opéra avait ouvert sa saison avec «Guillaume Tell». Le deuxième ouvrage proposé aux mélomanes est toujours signé Rossini mais n’avait jusqu’alors jamais été donné à Marseille. Il s’agit de «Armida» dont le livret est tiré de «La Jérusalem délivrée» du Tasse. Belle découverte en version concert.

Matteo Roma, Nino Machaidze et Enéa Scala. (Photo Christian Dresse)
Matteo Roma, Nino Machaidze et Enéa Scala. (Photo Christian Dresse)

On dit souvent que les troisièmes représentations d’une production sont les plus abouties. En assistant, ce mercredi 3 novembre à celle d’Armida à l’opéra de Marseille on ne pourra pas dire le contraire. L’œuvre peut surprendre dans la carrière de Rossini ; elle rompt avec la légèreté pour livrer près de trois heures d’une musique dense et, surtout, d’une extrême difficulté pour les solistes vocaux. Difficulté qui explique en grande partie pourquoi elle n’est que rarement donnée depuis sa création. Pour cette programmation, Maurice Xiberras, le directeur général de l’opéra a mis les petits plats dans les grands et les grandes voix sur scène.

Une prise de rôle réussie

A commencer par le rôle titre que la soprano géorgienne Nino Machaidze abordait à Marseille pour la première fois de sa carrière. Elle est convaincante et séduisante en reine/magicienne, totalement en place vocalement, avec des aigus puissants et tranchants et des parties mezzo maîtrisées. De plus elle apporte une belle dimension à l’ornementation qui sied à l’ouvrage. Nul doute que la jeune femme aura l’occasion de retrouver ce rôle dans les années à venir sur les scènes du monde.

Les ténors à la fête

A ses côtés Enéa Scala, devenu ténor chouchou du public marseillais, est un parfait Rinaldo. Il nous avait séduit il y a quelques jours en Arnold du «Guillaume Tell», il nous a convaincu mercredi soir. Une ligne de chant franche et affutée, des aigus qui sont idéalement projetés et une capacité à donner du volume aux graves, rien ne manque au Sicilien. Ses duos avec Nino Machaidze sont somptueux et le trio final entre hommes, et ténors, a conquis la salle. Des ténors qui sont Chuan Wang et Matteo Roma incarnant vocalement quatre rôles (deux chacun) avec une belle présence, Matteo Roma étant légèrement en retrait au premier acte mais revenant parfaitement dans la partie au troisième. Les comprimari Jérémy Duffau et Gilen Goicoechea apportant leur contribution au succès de la représentation tout comme l’excellent chœur de la maison. Quant à l’orchestre, toujours installé au parterre, il a donné toute sa dimension à une partition idéalement travaillée par le maestro José Miguel Perez-Sierra dont la lecture a confirmé, mais en était-il besoin, qu’il est l’un des grands spécialistes de l’interprétation rossinienne.
Michel EGEA
Dernière représentation de « Armida » de Rossini vendredi 5 novembre à 20 heures. Réservations : 04 91 55 11 10. opera.marseille.fr

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