Opéra de Marseille – Un « Barbier » en noir et blanc très musical et parfois délirant…

Publié le 8 février 2018 à  9h48 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h56

Du grand délire musical sur la scène de l’Opéra avec ce
Du grand délire musical sur la scène de l’Opéra avec ce
La musique, toute la musique, rien que la musique ! De Rossini. C’est donc ce qui a guidé Laurent Pelly dans son travail de mise en scène du «Barbier de Séville» pour cette production retransmise il y a quelques temps sur Arte. Que ce soit au théâtre des Champs-Elysées ou sur les étranges lucarnes, cette mise en scène n’avait pas soulevé l’enthousiasme. N’ayant vu ni les représentations du TCE, ni la télé, votre serviteur se contentera de dire, et d’écrire, qu’il a plutôt été séduit par le travail scénique au cœur de décors, certes minimalistes, mais mettant en valeur la verve, la finesse, la joyeuseté de la partition de Rossini avec quelques moments qui resteront dans les mémoires, à commencer par le final délirant de l’acte I. Dans la fosse, l’excellent orchestre de Marseille offre ce qu’il a de meilleur sous la baguette de Roberto Rizzi Brignoli avec, entre autres, une ouverte enlevée, soyeuse, réjouissante. De la chaleur, de la couleur, de la saveur qui gomment ça et là quelques imperfections. Il faut dire qu’au niveau des tempi, Rossini n’a épargné personne, surtout pas les musiciens… Et encore moins les solistes vocaux ! Le cast mis en place par Maurice Xiberras pour ce «Barbier» fait plus que tenir la route. Du côté des femmes, Stéphanie d’Oustrac est une Rosina solide, rebelle et mutine, fine comme une liane avec une voix toute de plénitude, de couleurs et de finesse. Elle excelle dans les tempi rapides et joue merveilleusement bien la pupille amoureuse promise contre sa volonté à son barbon de tuteur. L’ovation reçue à Marseille par la mezzo française s’inscrit dans la poursuite d’une longue liste de bravi récoltés depuis plusieurs mois sur les scènes du monde. N’hésitons pas à mettre aussi en avant l’excellente prestation d’Annunziata Vestri qui est une Berta étonnante déclenchant rires et sourires avec un jeu très travaillé mais n’hésitant pas aussi à monter très haut avec une voix puissante et bien placée. Chez les hommes, c’est, sans conteste, le Figaro de Florian Sempey qui décroche le pompon. Il est une espèce de deus ex machina qui rythme l’action, descendant tantôt des cintres, apparaissant tantôt derrière une partition. A son jeu solide et éprouvé, il convient d’ajouter une voix exceptionnelle toute de puissance et de rectitude ; une belle performance. Nous avons aussi beaucoup apprécié le Basilio de Mirco Palazzi qui nous a servi un air de la calomnie superbe. Ici aussi, le jeu et la voix sont l’unisson. L’Almaviva de Philippe Talbot est séduisant, un peu en dedans vocalement ; sa voix est bien placée, mais manque de brillant pour Rossini. Il ne méritait pas le silence qui a suivi son air de la cavatine. C’est Pablo Ruiz qui incarnait Bartolo, remplaçant au pied levé Carlos Chausson. Un rôle parfaitement maîtrisé par le baryton qui vient de l’incarner à Paris dans cette production. Une belle incarnation. Même s’il n’a pas un premier rôle, le régional de l’étape, Mikhaël Piccone, fait ce qu’il a à faire avec un grand professionnalisme et beaucoup de talent. Son beau baryton commence à faire carrière en France et ailleurs… C’est mérité ! Michel Vaissière et Jean-Luc Epitalon complètent avec bonheur cette distribution. Un mot, enfin, pour les hommes du chœur de l’Opéra bien préparés par le maestro Trenque et qui prennent aussi leur part à la qualité scénique du spectacle.
Michel EGEA

Pratique. Autres représentations les 9, 13 et 15 février à 20 heures et le 11 février à 14h30. Réservations : 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43
opera.marseille.fr

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