Opéra de Marseille. Une ‘Auberge du Cheval Blanc’ joyeusement déjantée

Publié le 29 décembre 2022 à  22h08 - Dernière mise à  jour le 5 janvier 2023 à  12h11

C’est avec «L’Auberge du Cheval Blanc » que l’Opéra de Marseille propose de passer d’une année à l’autre. Mise en scène par le Marseillais Gilles Rico, l’opérette de Ralph Benatzki est donnée dans une version largement revisitée et joyeusement séduisante. Traditionalistes s’abstenir, quant aux autres courez-y vite !

Le triple mariage final (Photo Christian Dresse)
Le triple mariage final (Photo Christian Dresse)

«Dans le cadre factice et fabriqué de L’Auberge du Cheval Blanc, écrit le metteur en scène, on vient à la fois jouer avec les clichés d’un paradis alpestre fantasmé doté de folklore et de ses paysages idylliques et oublier son quotidien en plongeant, par un saut dans le temps, dans l’atmosphère subversive et libertaire du Berlin des années 1930.» Une phrase dans le programme pour introduire un spectacle joyeusement déjanté où les champignons hallucinogènes poussent lorsqu’on les touche et où la meneuse de revue est une yodleuse réputée du côté des Alpes suisses, Miss Helvetia. Accordéon en main, chapeau sur la tête et bas résilles, elle nous fera yolder à deux pas du Vieux-Port tout en cédant, sur scène, aux avances de Napoléon Bistagne, l’entrepreneur marseillais parti passer ses vacances dans le Tyrol en compagnie de Sylvabelle, sa fille, qui tombera dans les bras d’un avocat parisien (c’est un comble !) le dénommé Flores au grand dam de la patronne de l’auberge, Josepha, qui en pince pour lui. Quant à Léopold, le maître d’hôtel qui en est amoureux, il trouvera le bonheur en compagnie de sa patronne après une cuite mémorable.

Entretemps, l’Empereur d’Autriche, travesti en femme et petit déjeunant en compagnie de ses gardes du corps seulement habillés d’un slip doré, a défaut de résoudre ses problèmes personnels que l’on imagine important, aura réussi à mettre de l’ordre chez les habitants du coin l’ouvrage s’achevant sur un triple mariage en forme de happy-end. Deux heures et des poussières de satire, de plaisirs et de transgressions dont on ressort tout secoués par les rires et éblouis par un spectacle techniquement aboutit avec vidéos, jeux de lumières, machineries bien huilées pour le bonheur des yeux. Celui des oreilles (le bonheur !) arrive avec la prestation endiablée d’une troupe généreuse et débordante d’enthousiasme pour servir l’œuvre et le propos du metteur en scène.

Laurence Janot en sculpturale et autoritaire patronne d’auberge, Clémentine Bourgoin en très jeune bourgeoise Sylvabelle, Julie Morgane en Clara déchaînée et Perrine Cabassud en remuante Zenzi ; sans oublier la miss Helvetia dont nous parlons plus haut. Du côté masculin de la distribution, Marc Barrard est un Bistagne idéal ne forçant pas sa composition du Marseillais ; Léo Vermot-Desroches campe un Léopold énamouré et un tantinet benêt alors que Samy Camps est un Florès bellâtre à souhait. Le Célestin de Guillaume Paire est suffisamment dérangé pour former un couple totalement déjanté avec Clara et Francis Dudziak en empereur portant robe, bas et talons hauts n’aurait pas fait mauvais genre dans les cabarets berlinois des années 30. Fabrice Todaro, Piccolo et Jean-Luc Epitalon, Hinzelmann, de même que Jean-Michel Muscat, Laurent Blanchard, Cédric Brignone, Rémi Chiorboli, Tomasz Hajok et Jean-Pierre Revest complétant idéalement le casting en compagnie des chanteurs du chœur de l’Opéra très sollicités vocalement et scéniquement. Quant à l’orchestre maison, placé sous la direction efficace et sensible de Didier Benetti, il peut légitimement revendiquer une partie du succès obtenu à l’issue de la première représentation, mercredi en matinée. Avis aux amateurs, il reste encore trois représentations pour en profiter.
Michel EGEA

Autres représentations le 31 décembre puis les 3 et 4 janvier à 20 heures. Plus difo et réservations opera.marseille.fr Tél. : 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43.

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