Opéra de Marseille – Une Walkyrie ‘de crise’ digne d’intérêt

Publié le 11 février 2022 à  20h54 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  15h22

C’est une version «semi-scénique» qui avait été annoncée pour «La Walkyrie» à l’Opéra de Marseille. Nous ne savions, dès lors, pas trop à quoi nous attendre. Et au bout du compte, si l’on excepte les coupes nous privant d’une vingtaine de minutes de musique, dont cinq ou six enlevées à la célèbre chevauchée, il faut reconnaître que cette production, réalisée dans des conditions difficiles, a apporté des satisfactions.

Exceptionnel affrontement entre Fricka (Aude Extrémo) et Wotan (Samuel Youn). Un grand moment de musique et de chant wagnérien. (Photo Christian Dresse)
Exceptionnel affrontement entre Fricka (Aude Extrémo) et Wotan (Samuel Youn). Un grand moment de musique et de chant wagnérien. (Photo Christian Dresse)

A commencer par la découverte d’une version pour orchestre de taille moyenne arrangée par Eberhard Kloke qui était donnée pour la première fois en France à cette occasion. Installée en fond de scène, masquée par un rideau de tulle noir, la cinquantaine de musiciens réunis pour la circonstance était placée sous la direction d’Adrian Prabava qui, en bon wagnérien, s’est souvenu que cette œuvre est la plus intimiste du cycle du Ring, proposant une lecture nuancée et fine propre à exacerber les sentiments des protagonistes.

Walkyrie intimiste

Wotan (Samuel Youn), les Walkyries et, au premier rang, Brünnhilde (Petra Lang). (Photo Christian Dresse)
Wotan (Samuel Youn), les Walkyries et, au premier rang, Brünnhilde (Petra Lang). (Photo Christian Dresse)

Privé de décors, l’action se déroulant sur l’avant scène, Charles Roubaud a lui aussi mis en avant le caractère intimiste de cette œuvre, faisant travailler les solistes sur la force de leurs relations réciproques. Le tout avec l’appui de projections et vidéos propices à l’installation d’environnements en parfaite adéquation avec l’action. On regrettera cependant, et le metteur en scène n’y est strictement pour rien, l’absence de cette chevauchée qui, dans la production de 2007 -qui aurait dû être reprise cette année-, avait surpris et séduit avec des destriers projetés qui semblaient entrer dans la salle.

Deux mezzos au top

Du côté de la distribution, la grande satisfaction est venue de deux mezzos françaises, Sophie Koch, Sieglinde et Aude Extrémo qui incarnait Fricka. Une présence scénique assurée, une belle projection vocale et de la puissance ont permis à Sophie Koch de réussir sa prise de rôle alors qu’Aude Extrémo proposait, avec Samuel Youn, Wotan, un duo exceptionnel d’intensité. Un grand moment, tant vocal que scénique, digne du meilleur des interprétations wagnériennes.

Dans le rôle de Brünnhilde, Petra Lang nous a semblé quelque peu en retrait. Quant aux Walkyries elles ont plutôt bien fait ce qui leur restait à faire… Du côté masculin de la distribution, Samuel Youn, baryton basse assuré, précis et puissant, a donné toute sa dimension à un Wotan en plein questionnement alors que Nikolaï Schukoff incarnait sans mal un Siegmund brûlant d’un amour incestueux au terme d’une fuite éperdue ; il faut dire que le ténor autrichien est un spécialiste de ce rôle. Quant à Nicolas Courjal il a, sans peine, incarné un Hunding sombrement jaloux. Au final, cette Walkyrie a offert un moment musical intéressant salué, à l’issue de la première mercredi soir, par les applaudissements nourris du public.
Michel EGEA

Autres représentations le 13 février à 14h30 et le 16 février à 19 heures. Réservations par téléphone au 04 91 55 11 10 ou au 04 91 55 20 43.
opera.marseille.fr
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