Opéra de Marseille – Une juvénile « Flûte Enchantée » pour l’ouverture

Publié le 27 septembre 2019 à  9h23 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h31

Au premier plan, Sarastro annonce les épreuves à Tamino (à g.) en présence de Pamina (à dr). (Photo Christian Dresse).
Au premier plan, Sarastro annonce les épreuves à Tamino (à g.) en présence de Pamina (à dr). (Photo Christian Dresse).

Pour frapper les trois coups de la saison lyrique, Maurice Xiberras a choisi de programmer «La Flûte enchantée» de Mozart, une coproduction des opéras de Marseille et de Nice créée sur la Côte d’Azur en décembre 2016. Entre conte pour enfants et parcours initiatique maçon, Numa Sadoul signe une mise en scène intelligente qui possède plusieurs niveaux de lecture. Ici ce sont les trois garçons qui mènent l’action, revêtus des costumes des héros de BD qui nourrissent leurs rêves, héros de papier et de cinéma qui véhiculent l’humanité naissante d’adolescents. Sans emphase, Numa Sadoul développe les messages de cet opéra avec quelques repères forts construits sur des oppositions (noir et blanc, hommes et femmes, nature et architecture) qui disparaitront à la fin de l’ouvrage pour laisser la place à l’harmonie et à la lumière. C’est plutôt réussi et ça va bien au-delà des quelques protestations aux saluts, vite couvertes par les applaudissements. Pour faire vivre la musique de Mozart, Lawrence Foster adopte une direction souple et ronde, mais un peu lente, devant un orchestre de Marseille attentif et précis mais qui sonne très «moderne». Ce sont donc les enfants qui servent de fil conducteur à cette production. Enfants sauvages en lieu et place d’animaux charmés par la flûte enchantée, et trois garçons issus de la maîtrise des Bouches-du-Rhône dirigée par Samuel Coquard. Des garçons très sollicités par un jeu scénique beaucoup plus développé que dans d’autres mises en scène de «La Flûte» et qui doivent aussi chanter; ce qu’ils font avec plus ou moins de bonheur. Mais leur investissement est total et cela mérite d’être souligné. Du côté féminin de la distribution, Anne-Catherine Gillet est une Pamina des plus agréables. Elle chante Mozart à la perfection et son soprano, s’il est tendu dans les aigus, a gagné dans les graves. On lui pardonnera volontiers quelques imprécisions en début de représentation tant elle fut lumineuse par la suite. La Reine de la nuit, qui avait les traits et la voix de Serenad Uyar, s’est acquittée de ses deux «tubes» livrant toutes ses notes avec grande technique, si ce n’est avec aisance. Caroline Meng, Anaïs Constans, Majdouline Zerari et Lucie Roche, respectivement Papagena et trois dames, sont biens dans leurs rôles, scéniquement et vocalement. Chez les hommes, c’était une prise de rôle pour Cyrille Dubois. Nul doute que le jeune, et charmant, ténor s’en souviendra tant il fut un Tamino crédible et vocalement irréprochable. Ligne de chant parfaite, projection, timbre mozartien, jeu sans failles : un succès ben mérité l’attendait au final. Philippe Estèphe, en Papageno oiseleur et magicien, a bien tiré son épingle du jeu avec un baryton souple et agréable auquel on pourra simplement reprocher un léger manque de puissance. Il est vrai qu’il passe une partie du temps sur scène muselé par un cadenas en forme de tétine géante… Le physique de Wenwei Zhang, en Sarastro, impressionne. La voix est là, parfois plus baryton-basse que basse profonde. Loïc Félix est un idéal Monostatos, voix aigrelette et danseur de claquettes. Frédéric Caton, l’orateur, Guilhem Worms et Christophe Berry, successivement prêtres et hommes armés ont parfaitement tenu, et chanté, leurs rôles. C’est donc une production fort appréciée par le public, au soir de la première, qui ouvre cette saison lyrique sous le sceau de la jeunesse Certainement un bon présage.
Michel EGEA
Pratique. «La Flûte Enchantée» de Mozart à l’Opéra de Marseille.
Prochaines représentations les 26 septembre, 1er et 3 octobre à 20 heures, les 29 septembre et 6 octobre à 14h30. plus d’info: opera.marseille.fr

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