Opéra de Marseille – Voir la vie en rose avec « La Vie Parisienne »…

Publié le 31 décembre 2015 à  18h56 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  21h31

Beaucoup de bonne humeur sur la scène de l’Opéra de Marseille pour changer de millésime. (Photo Christian Dresse)
Beaucoup de bonne humeur sur la scène de l’Opéra de Marseille pour changer de millésime. (Photo Christian Dresse)

«Il est gris, tout à fait gris… Moi pas gris, vous tous gris. Quand on boit il est une chose, qui me surprend fort mes amis, c’est que pour tout voir en rose, il faille soi-même être gris.» Au soir de la première de «La Vie Parisienne», mardi à l’Opéra de Marseille, j’ai décidé, séance tenante, d’appliquer la recette. J’avais envie de continuer à voir la vie en rose à l’issue d’une représentation joyeusement émoustillante de l’opéra-bouffe d’Offenbach au cœur du temple lyrique marseillais. Histoire de baisser rapidement le rideau sur une année 2015 du style annus horribilis qui vit, aux drames que l’on sait, se succéder quelques départs intempestifs de proches. Un vieux maître Yoda, au fort accent provençal, m’avait confié il y a fort longtemps : «Tu sais petit, plus tu avanceras dans l’âge, plus tu visiteras les hôtels de pierres du dernier repos.» Et il avait raison. Il ne m’a pas dit si les visites aux champs des allongés seraient entrecoupées de longues pauses. Alors, après celle (la pause) vécue ce 29 décembre au soir, j’ai décidé de m’octroyer quelques libertés avec les bulles de champagne pour voir la vie en rose. Jusqu’à ce que ma douce moitié me confie avec le sourire dont elle a le secret : «Tu n’as pas encore écrit ta critique de « La Vie Parisienne »… Bientôt on est en 2016 ! » Et voici pourquoi vous ne lisez qu’aujourd’hui ce texte qui aurait dû être mis en ligne dès mercredi matin. Excusez, j’étais un peu gris… Vous l’aurez compris, dans cette histoire, je ne suis fautif qu’à un faible pourcentage. La cause de ma griserie n’est autre que cette représentation appréciée à l’Opéra. Si j’ai ouvert les bouteilles et dégusté le nectar, c’est bien pour y avoir été poussé par une joyeuse troupe rassemblée sur la scène par Maurice Xiberras. Ce sont eux les fautifs, le baron, Bobinet, Metella, Gabrielle et leurs complices de griserie et de libertinage. Eux et les voix du chœur du l’Opéra… Mais ce ne sont pas les seuls et je vais dénoncer aussi Nadine Duffaut et Dominique Trottein. La première, avec son équipe «technico-artistique» livre une mise en scène intelligente, animée, primesautière, suggestive sans une once de vulgarité, jouant à merveille avec ce plateau tournant comme pendant l’air de Metella, au cabaret, où se succèdent les tableaux livrés par les comédiens statufiés illustrant le propos de la demi-mondaine ; un grand moment d’émotion. Beaux costumes, éclairages soignés, décors agréables contribuent au succès de la production. Tout est remarquablement réglé et Nadine Duffaut alterne avec aisance les moments frénétiques et ceux, plus calmes, qui permettent aux personnages de mettre en avant leur humanité. C’est superbement réalisé. Il faut dire que la metteuse en scène bénéficie d’une troupe adhérant pleinement à son propos; ce qui a facilité sa tâche. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que nous ne détaillerons pas les performances individuelles des solistes, préférant louer la cohésion de l’ensemble, les qualités vocales et théâtrales que tous ont su faire valoir au soir de la première. Bravo à eux.
Puis il y a un autre fautif à ma griserie, c’est Dominique Trottein. Sa relecture de «Un de La Canebière », il y a quelques semaines à l’Odéon, avait été plus que séduisante. Ici, à la tête de l’excellent orchestre de l’Opéra, il fait pétiller la partition d’Offenbach avec entrain, précision, couleurs. C’est beaucoup de sa faute, aussi, si je livre ces quelques lignes aussi tard, lignes qui ne peuvent trouver leur point final sans parler du Cancan chorégraphié par Julien Lestel ; sa compagnie et les solistes, Adoni et Erica, nous ont fait voir des milliers d’étoiles au final. Et comment voulez-vous que je n’ouvre pas une bouteille pour continuer de voir la vie en rose après ça. Bon bout d’an pour ceux qui liront ma prose en 2015, bonne année pour les autres et, souvenez-vous, pour tout voir en rose, il faut soi-même être gris. Hips… Santé !
Michel EGEA
Pratique. Autres représentations le dimanche 3 janvier à 14 h 30 puis les 5 et 7 janvier à 20 heures. Réservations au 04 91 55 11 10 ou au 04
91 55 20 43 – opera.marseille.fr

Diaporama de « La Vie Parisienne » par Christian Dresse.

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