Ordre des experts-comptables. Colette Weizman: ‘l’humain n’est pas une ressource c’est une richesse’

Publié le 2 octobre 2021 à  9h46 - Dernière mise à  jour le 1 novembre 2022 à  16h32

Colette Weizman, présidente du Conseil régional de l’Ordre des Experts-comptables (Croec) Provence-Alpes-Côte d’Azur ne cesse de le dire, il n’y aura pas de tsunami économique grâce au «quoi qu’il en coûte». Elle met notamment en exergue un deuxième trimestre consécutif de croissance du chiffre d’affaires des TPE/PME de la région avant d’alerter sur le fait que les comportements ont changé avec la Covid et que les chefs d’entreprise doivent prendre en compte cette évolution «sinon nous risquons de ne pas être au rendez-vous de la relance».

Colette Weizman, présidente du Conseil régional de l’Ordre des Experts-comptables (Croec) Provence-Alpes-Côte d'Azur ©BDx/MA/
Colette Weizman, présidente du Conseil régional de l’Ordre des Experts-comptables (Croec) Provence-Alpes-Côte d’Azur ©BDx/MA/

«Il ne faut pas écouter les corbeaux qui ne cessent de dire qu’il va y avoir un tsunami. Il n’aura pas lieu, le quoi qu’il en coûte a fonctionné et la reprise est là», lance Colette Weizman, présidente du Conseil régional de l’Ordre des Experts-comptables (Croec) Provence-Alpes-Côte d’Azur en présentant le baromètre économique de la profession comptable sur le deuxième trimestre 2021. Occasion pour elle de rappeler l’importance de l’humain et plaidant pour abandonner la notion de «ressources humaines» au profit de celle de «richesses humaines».

«Une hausse du chiffre d’affaires de 21,4%»

Le baromètre montre que, malgré un troisième confinement, les TPE/PME de Provence-Alpes-Côte d’Azur ont enregistré un deuxième trimestre consécutif de croissance avec une hausse du chiffre d’affaires de 21,4% par rapport au deuxième trimestre 2020. «Cette augmentation s’explique par le décrochage de l’indice de chiffre d’affaires un an plus tôt en raison du premier confinement.» Même si l’indice de chiffre d’affaires cumulé révèle une hausse d’activité de 13,7% par rapport au premier semestre 2020, «il dénote un retard de 2,1% comparativement aux deux premiers trimestres de 2019». La reprise est là, vive, même si elle n’a pas encore permis de retrouver le niveau de 2019.

45 700 créations d’entreprises au 19 septembre 2021

En revanche il y a un domaine où le dynamisme est inégalé: «Nous avons 35 000 créations d’entreprise en 2019, 31 000 en 2020 et 45 700 au 19 septembre 2021, un record», reprend Colette Weizman qui ajoute: «On comptait 7 168 entreprises en difficulté en 2019, 3 624 en 2020 et 2 500 en 2021. Nous sommes à 20 000 lieux du tsunami et je ne pense pas que celui-ci puisse arriver plus tardivement. Je suis d’ailleurs persuadée que des entreprises au bord du gouffre ont été sauvées par la crise et les mesures prises». «Bien sûr, poursuit-elle, il y a le PGE, les charges mais il y a aussi des annulations de cotisation. Mais il faut arrêter de prendre les chefs d’entreprise pour des crétins. Ils ont constitué une trésorerie pour franchir le cap et tout est mis en œuvre pour permettre aux entreprises d’absorber la dette». Colette Weizman indique: «Et, s’il y avait le moindre problème, les experts-comptables sont en veille sur la relance, sur les mesures prises et ils monteront au créneau pour demander un échelonnement des remboursements plus long si nécessaire».

«Nous avons de nouvelles envies, de nouvelles stratégies de vie»

La présidente aborde une question centrale à ses yeux: l’humain. «Nous souffrons aujourd’hui d’une pénurie de collaborateurs dans de très nombreux secteurs. C’est vrai dans des secteurs aussi divers que les transports, l’hôtellerie, la restauration mais aussi chez les experts-comptables où il nous manque 2 500 collaborateurs. Nous avons des cabinets qui en sont à s’interroger sur la possibilité de prendre de nouveaux clients». Colette Weizman considère à ce propos: «La crise Covid nous a changés. Nous avons de nouvelles envies, de nouvelles stratégies de vie. Nombre de salariés ne veulent plus d’horaires impossibles, de salaires qui tirent vers le bas. Si les chefs d’entreprise ne sont pas à l’écoute de cette attente nous aurons des difficultés pour répondre à la relance qui est là».

«Il faudra faire des efforts sur les horaires et les salaires»

Alors il est clair pour la présidente du Croec qu’ «il faudra faire des efforts sur les horaires et les salaires. Mais certains salariés ne veulent pas forcément une augmentation, ils veulent du temps pour eux, pour leur famille et du sens dans leur travail». Elle explique: «Nous avons les collaborateurs que nous méritons. Il faut créer un climat, favoriser l’esprit d’équipe car c’est l’équipe qui représente la force de l’entreprise. Et puis il faut dire aussi tout simplement que le travail est bien fait quand c’est le cas.» Elle avoue dans le même temps: «Ces éléments ne suffisent pas pour comprendre l’ampleur du nombre de chômeurs alors qu’il y a des pénuries de partout. Encore une fois il y a sans doute la question des salaires, du sens, mais cela ne suffit pas. Il y a aussi des chômeurs qui se dirigent vers une autre voie ou vers la création d’entreprise mais il en est aussi qui abusent du système et ce n’est pas normal».

Signature d’un partenariat avec la CCIAMP

L’humain au cœur de la relance sera d’ailleurs le thème central de l’Ordre lors de son congrès régional qui se déroulera les 18 et 19 novembre. Au préalable les experts-comptables ont signé, ce 29 septembre, un partenariat avec la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence «pour unir nos compétences et expertises, et nous nous s’engagent au travers d’une convention cadre de partenariat pour favoriser le développement économique. Il y a des entreprises qu’il faudra aider, nous serons là».
Michel CAIRE

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Analyse de l’évolution trimestrielle des départements

Les TPE/PME de tous les départements de la région hormis ceux des Hautes-Alpes (-3,1%) ont affiché une hausse du chiffre d’affaires cumulé sur le début de l’année notamment car les résultats sont comparés à un premier semestre 2020 au cours duquel la contraction de l’activité avait été particulièrement importante. Ces hausses sont comprises entre +11,2% – pour les Alpes de Haute Provence- et +16,8% pour le Var. L’analyse des résultats par rapport à 2019 révèle une situation plus compliquée. Seules les entreprises du Var (+1,3%) et du Vaucluse (+0,9%) enregistrent une progression d’activité. Pour les structures des Bouches-du-Rhône (-1,1%) la perte cumulée de chiffre d’affaire par rapport au premier semestre 2019 est moins importante que la moyenne régionale. Les autres départements affichent des résultats en-deçà: -2,3% pour les Alpes de Haute Provence, -7,5% pour les Alpes-Maritimes et -14,2% dans les Hautes-Alpes.
M.C.)]

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