« Orphée »inaugure de fort belle façon le nouvel opéra en bois du Grand Avignon

Publié le 11 décembre 2017 à  20h50 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h50

Orphée, les yeux bandés, Eurydice et l’Amour…  (Photo Cedric Delestrade/ACM Studio)
Orphée, les yeux bandés, Eurydice et l’Amour… (Photo Cedric Delestrade/ACM Studio)
Pouvait-on envisager meilleure production pour frapper les trois coups d’un Opéra Confluence appelé à se substituer, pendant quelques années, à l’Opéra historique d’Avignon fermé pour cause de rénovation ? En effet, cet «Orphée» de Gluck revu et amendé par Berlioz, mis en scène par Fanny Gioria, présente l’avantage d’un décor unique qui joue sur les effets miroirs, les déplacements du chœur et les chorégraphies intelligentes d’Eric Belaud. Il vient d’être donné avec bonheur à deux reprises dans ce nouveau lieu. Idéal pour débuter la saison au cœur de cette coquille toute de bois brut constituée et dont les fauteuils ont été «chinés» un peu partout, notamment du côté de la Fenice de Venise ! Premier constat : le public est venu en masse à deux reprises pour ces représentations; deux fois 800 places. Pas mal ! Il faut dire qu’ici, en face de la gare TGV, le terrain ne manque pas et que le parking (gratuit) ouvert spécialement à l’occasion des représentations, permet aux spectateurs d’arriver tranquillement sans avoir à chercher une place ou à débourser quelques euros à la sortie de l’Opéra pour récupérer son carrosse. Deuxième constat : s’il est un peu sec, le son est plutôt bon et les voix passent bien la fosse. Il faudra voir ce que cela donne avec un opéra musicalement plus volumineux que l’œuvre de Gluck. Pour ces représentations, l’excellent orchestre Avignon-Provence était dirigé avec passion par Roberto Forés-Veses qui a profité du son de l’ensemble, de ses couleurs et de sa précision pour créer une ambiance idéale au déroulement de l’action. Sur scène, Avignon oblige ( ?) figurants, danseurs et choristes sont affublés d’une perruque très coupe «Mireille Mathieu» ; rigolo. Le chœur, préparé par Aurore Marchand, est bien en place. Quant aux chorégraphies d’Eric Belaud interprétées par le Ballet de l’Opéra, comme nous l’avons écrit plus haut, elle sont intelligentes et apportent une touche de modernité qui colle parfaitement avec la mise en scène de Fanny Gioria qui joue avec les miroirs, les transparences et les lumières pour faire vivre le monde des ombres et affirmer le caractère des trois personnages… Du côté des solistes, c’est Julie Robard-Genre qui campe Orphée. Élancée et fine, dans son costume de cuir, la mezzo tient pratiquement la scène pendant les 120 minutes de la représentation. Sa ligne de chant et franche et puissante, la voix toujours bien placée et le jeu parfait. Ce rôle travestit lui va à merveille. Olivia Doray est une Eurydice de forte personnalité avec un beau brin de voix. Quant à la soprano jordanienne Dima Bawab, elle incarne l’Amour avec de belles nuances dans la voix et une présence affirmée sur le plateau. Une production intéressante et agréable qui a obtenu, aux saluts, un beau succès mérité.
Michel EGEA

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