PS 13 : lettre ouverte de Christophe Masse

Publié le 27 avril 2015 à  21h44 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h54

Christophe Masse a gagné avec Geneviève Tranchida le canton 6 de Marseille, dans les 13/14, là même où le FN tient la Mairie de secteur. Il l’emporte, non seulement face au FN mais aussi face à ceux qui s’annonçaient comme les favoris, le binôme UMP Richard Miron – Monique Cordier. Après un temps de silence, il entend, dans une lettre ouverte, présenter son analyse, appeler à l’union des socialistes, réaffirmer son soutien au gouvernement.

Christophe Masse (Photo Robert Poulain)
Christophe Masse (Photo Robert Poulain)

« Par cette lettre, je ne me place pas au-dessus de quiconque, ni en-dessous. Nous devons être, tous ensemble, guidés par le rassemblement. Les dernières élections départementales ont encore un peu plus écorné l’image de notre Parti. Qui pouvait prophétiser, voilà quelques années, que l’on atteindrait de tels sommets de profondeur ? Personne.
Nous avons perdu le Conseil général des Bouches-du-Rhône. Une Majorité de gauche détenait depuis toujours cette institution et nous ne pouvons que déplorer cette perte car le Département représentait un échelon essentiel de la proximité et était un exemple d’une politique parfaite de solidarité que nous menions en maîtrisant le budget. Ne donnons pas à cette défaite un nouveau goût amer en jouant encore la carte de la désunion dans l’opposition ou en s’amusant à savoir qui est plus socialiste que l’autre. Ce serait un revers encore plus douloureux. Et une honte pour celles et ceux qui nous ont fait confiance et ont voté pour nous.
Le Waterloo marseillais n’a que trop duré depuis les municipales. Comment peut-on espérer remobiliser nos électeurs, comment peut-on leur rendre la confiance accordée en affichant le triste spectacle du lendemain du second tour ? Comment peut-on espérer réunir les Français si l’on n’arrive pas à se réunir nous-mêmes ?
Ne jetons pas de l’huile sur le feu quand la maison brûle !
A la lecture du contexte actuel et à la vue des futures échéances, régionales en décembre, on ne peut se permettre de continuer dans la division. Personne ne peut en tirer profit.
Trop, c’est trop. Je le dis clairement, au PS nous sommes tous collectivement responsable de la situation actuelle. Maintenant, nous devons tous faire des efforts et ne plus nous tourner vers le passé mais regarder l’avenir sur des bases solides.
Cette base, ce sont ces élus que nous avons obtenus au Conseil départemental. Ils forment un groupe socialiste demandé par tous depuis longtemps. On peut ne pas être d’accord sur tout, heureusement d’ailleurs c’est la démocratie, mais on peut se battre sainement et intelligemment à l’intérieur de ce groupe pour défendre au mieux nos citoyens. L’essence de la gauche, c’est le pluralisme et la confrontation des idées. Cessons les jeux obscurantistes et individualistes. Les tambouilles d’arrière-cuisine sont nauséabondes. Je refuse que le PS soit synonyme de coups bas et de manipulations.
Les électeurs sont nos premiers juges. Personne d’autres. Nous ne devons pas les décevoir. Ils se foutent de nos querelles de clochers. Rassemblons-nous pour avancer. Ne parasitons pas notre action, ne laissons pas les moralistes de dernière heure, les donneurs de leçons, les habituels provocateurs et autres acteurs locaux aigris nous laisser un Parti en ruine, c’est ce qu’ils cherchent,
être seuls au milieu de plus rien.
Le message doit être clair : la gauche rassemblée est la meilleure arme pour battre le FN. La gauche unie est la meilleure réponse à l’UMP. Cette union est essentielle pour éviter que la Majorité départementale UMP ne revienne en arrière sur les politiques citoyennes que nous avons construites durant des années.
Ne croyons pas que les prochaines élections sont de futures défaites. La gauche, c’est l’espoir et la gauche unie est une forteresse face au repli identitaire et au recul de nos valeurs citoyennes.
Le prochain Congrès socialiste ne peut être écarté de cette image du PS et de la nouvelle donne. Ce n’est pas un gros mot de dire que l’on compte réformer en France. Notamment pour relever le défi central : l’emploi. Tout doit être fait pour favoriser le retour du plus grand nombre vers l’emploi, notamment ceux qui en sont le plus éloignés. Il faut continuer à aider, à inciter les entreprises à recruter. Le texte annoncé par le gouvernement sur le dialogue social, le travail et maintenant
l’investissement dans les entreprises est une étape-clé pour lever les contraintes atteindre une régression durable du chômage.
Je défends cette ligne de modernisation, incarnée par Manuel Valls, car on ne peut lutter contre les exclusions et réussir notre pacte social sans croissance et sans emploi.
Au-delà de ce positionnement national, nous devons aussi faire face, localement, à une forte présence du FN. Ne nous résignons pas. Unissons-nous pour porter un projet et valoriser des idées efficaces. Personnellement, je viens de remporter une âpre bataille face à l’extrême-droite, qui avait réalisé son meilleur score sur Marseille au premier tour, dans le canton du 13e arrondissement. Je veux m’appuyer sur ce succès des Départementales dans ce canton pour continuer à porter ce combat. Je sais que peu de monde me voyait gagnant sur ce secteur encore balafré par les municipales. J’entendais les échos qui donnaient vainqueur le FN. Mais non, finalement j’ai gagné, avec pour unique soutien celui de mon parti.
L’enseignement principal de cette élection tient en un mot : le travail. On ne bat pas le FN sur des cris impuissants du genre « Stop au FN », des prières, des mots, des postures… On bat le FN en travaillant, en allant sur le terrain, en discutant et en portant des arguments et projets forts sur l’emploi, le logement, le pouvoir d’achat, la sécurité… C’est ce qu’attendent les citoyens, en étant ancré dans les réalités et en étant conscient des problèmes qu’ils rencontrent. Et en montrant que la politique du gouvernement et la seule solution pour avancer.
Nous sommes au début d’un nouvel espoir. Le FN veut fossiliser nos quartiers ? Nous venons de montrer qu’ils reprennent vie et que le Parti socialiste a toute sa place dans ce rebond. Le FN n’est pas une fatalité, et l’heure de la remobilisation a sonné. Et j’entends bien être l’un des acteurs de ce combat contre le FN.
Cette victoire dans le 13e arrondissement est le signal de la reconquête. Sur le fruit de cette victoire mais aussi et bien sûr de celles que nous avons acquises dans le canton voisin de Denis Rossi, dans le Nord et le Centre de Marseille, nous devons créer une nouvelle dynamique, un nouveau cycle. Nous n’avons pas réussi à gagner la Ville de Marseille, nous avons perdu la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole, nous venons de laisser échapper le Conseil départemental… Notre
dernière citadelle c’est la Région. On ne peut faire de même avec le Conseil régional qui aura un rôle déterminant, avec la future Métropole pour le développement économique et l’emploi. A Marseille, dans les Bouches-du-Rhône et dans les autres départements de Paca, soyons unis derrière Christophe Castaner et celles et ceux qui seront candidats.
Ensemble, avec les citoyens et les républicains, construisons une nouvelle démocratie. Dans la loyauté, je m’investirai avec celles et ceux qui le souhaitent pour catalyser l’ensemble des énergies. A ceux qui doutent de moi, qui ne sont pas mes partisans, je veux vous dire que mon cas personnel n’importe peu et que c’est notre Parti socialiste qui compte. Acceptez-vous sans cesse les critiques et l’image du PS ? Non. Moi non plus, et je veux simplement participer à la reconquête, sur la foi de mon engagement historique au PS. A ceux qui me soutiennent, je vous remercie de votre confiance et vous assure que je ne vous abandonnerai pas. Cette lettre est un appel à la remobilisation, à la conscience, à vous toutes et tous qui croyez encore au Parti socialiste, comme j’y crois. Le déclin n’est pas inéluctable et je ne me résigne pas à une triste agonie du PS. Transcendons-nous pour surmonter les épreuves et redonner force au Parti socialiste ».

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