Panthéonisation des cendres du Groupe Manouchian: le député Jean-Marc Germain à Marseille à l’invitation de la JAF

Publié le 6 juin 2014 à  23h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h52

Le député Jean-Marc Germain, Christophe Masse et Pascal Chamassian devant le buste de Missak Manouchian à Marseille
Le député Jean-Marc Germain, Christophe Masse et Pascal Chamassian devant le buste de Missak Manouchian à Marseille
Le député socialiste Jean-Marc Germain, à l’initiative de la campagne en faveur de la Panthéonisation du Groupe Manouchian était ce 5 juin à Marseille à l’invitation de la Jeunesse Arménienne de France (JAF). A ses côtés, Pascal Chamassian et Christophe Masse qui expliquent la force symbolique que ce transfert aurait, dans un pays en crise, tenté par le repli sur soi, un phénomène auquel Marseille n’échappe pas.
Jean-Marc Germain de souligner: «Il dépend des hommes politiques de proposer un type de société. Et il me semble qu’en France tel n’est pas le cas. Et bien, en ces temps de crise, en cette période d’incertitude où se pose la question lancinante de l’identité française, le moment est venu de proclamer par un hommage-symbole que cette identité ne tient pas aux origines ethniques des citoyens que nous sommes, car la plupart des membres de l’Affiche Rouge étaient étrangers et apatrides.
Elle ne tient pas non plus à la religion, car ils étaient par tradition apostoliques, catholiques, juifs ou athées. Elle ne tient pas non plus, enfin, à un repli sur soi-même, parce qu’ils nous ont appris, par le don de leur vie, que la France qu’ils défendaient était la terre de la générosité. L’identité française tient dans ce que l’on apporte à la France autant que dans ce que la France apporte
».

«Des hommes et des femmes ont aimé la France des Droits de l’Homme au point de lui donner leur vie»

Pour le député : « Voilà le sens de cette initiative. C’est un hommage et un message aux jeunes générations : des hommes et des femmes ont aimé la France des Droits de l’Homme au point de lui donner leur vie».
Le 21 février, François Hollande à rendu hommage au Mont-Valérien aux membres de «l’Affiche Rouge». « Il s’agit d’une première. Le chef de l’État annonce ce jour-là qu’il va faire entrer au Panthéon des personnalités incontestables : Geneviève de Gaulle-Anthonioz, ancienne présidente de ATD Quart Monde et nièce du général de Gaulle et Germaine Tillion, ethnologue et résistante, toutes deux déportées à Ravensbrück, ainsi que Pierre Brossolette, journaliste et résistant, et Jean Zay, ministre de l’Éducation du Front populaire assassiné en juin 1944 par des miliciens. Mais quel message s’il faisait également entrer ces étrangers qui ont donné leur vie pour la France ».

«Cette démarche est républicaine et trans-partisane »

Depuis, il a ouvert le site Manouchian-Panthéon
afin de récolter des signatures pour soutenir cette initiative. Et, ajoute-t-il: «L’entrée des membres du groupe Manouchian en 2015 aurait une forte portée puisque sera célébré alors le centième anniversaire du génocide arménien. Ce sera là aussi l’occasion de réfléchir à ce qui s’est passé en Arménie, puisque le père de Manouchian a été tué, tandis que lui même, rescapé, est arrivé à Marseille. Il incarne donc aussi cette histoire».
Jean-Marc Germain signale à cet effet : « J’ai saisi le ministre de l’Éducation pour que le groupe Manouchian entre dans les écoles et j’ai d’autre part saisi le ministre de le Culture afin que l’on retrouve au Mont-Valérien un lieu qui rappelle cette histoire ».
Et de conclure son propos : « Bien évidemment cette démarche est républicaine et trans-partisane, les élus de Droite y ont donc toute leur place ».
Christophe Masse (PS), conseiller municipal de Marseille et vice-président du CG13, qui s’est battu au Parlement pour la reconnaissance du génocide et la pénalisation de sa négation, considère : «Il est particulièrement important qu’une mobilisation forte ait lieu à Marseille, dans cette ville où le communautarisme se développe et où le FN a emporté un secteur lors des dernières municipales. Nous avons besoin, la France a besoin d’actes symboliques forts. Et ce serait magnifique de panthéoniser ce groupe d’étrangers, quelle plus belle invitation en effet à la réflexion. Et, pour cela, effectivement, il ne peut être question de visée partisane, j’espère qu’un grand nombre de parlementaires se mobiliseront dans ces temps difficiles où l’on assiste à la montée du FN, antithèse de valeurs que nous entendons défendre».
Pascal Chamassian, de la JAF, en vient aux raisons qui motivent son association à soutenir cette initiative. «La JAF est née en 1945. Elle est héritière du message de Missak Manouchian. Nous pensons que ce transfert au Panthéon serait pertinent pour trois raisons :Ils étaient quasiment tous des étrangers; ils étaient de religions différentes lorsqu’ils n’étaient pas athées; ils sont venus défendre les valeurs de la France, mourir pour elles et cela sans chercher ni la gloire ni l’honneur. Alors, pour toutes ces raisons ils ont tout pour devenir des balises pour une jeunesse en perdition».
Michel CAIRE

Les rappels historiques de Jean-Marc Germain

Le député Jean-Marc Germain commence sa chronique dans Le Monde par un rappel historique : «Le 21 février 1944, 22 membres du Groupe Manouchian étaient fusillés au Mont-Valérien par les Nazis. Une femme, condamnée avec eux, Olga Bancic, sera décapitée le 10 mai 44, à Stuttgart. Trois autres étaient déjà tombés au combat : Haïk Tébirian, Ernst Blaukopf et J. Cliscitch. Seuls deux combattants de ce groupe ont survécu : Henry Karayan, décédé en 2012 et Arsène Tchakarian, qui fut promu Chevalier de la Légion d’Honneur la même année. On sait maintenant que Micha et Knar Aznavourian, parents de l’artiste emblématique de la chanson française, Charles Aznavour, faisaient partie de ceux que l’on nommait les «Terroristes de l’Affiche Rouge».
La veille de son exécution, Missak Manouchian, leur chef, écrivait à sa femme Méliné: «Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.» Le 21 février 2014, le Président de la République répondra à cette attente, qui a, hélas, duré trop longtemps, en rendant hommage à ces défenseurs de notre liberté sur les lieux mêmes de leur exécution».

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