Patrimoine : la grotte Cosquer renaît à Marseille

Publié le 9 janvier 2022 à  21h42 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  11h36

Ce sera sans doute la grande attraction de l’été. La grotte préhistorique, découverte par Henri Cosquer en 1985 près de Cassis, va être reconstituée dans l’ancienne Villa méditerranée à côté du Mucem. C’est un exemple unique au monde de grotte partiellement engloutie. Nos ancêtres du Paléolithique l’ont occupée entre moins 32 000 ans et moins 17 000 ans. On retrouve des peintures et gravures d’animaux terrestres et marins et d’autres traces encore à déchiffrer.

La grotte Cosquer reconstituée ©Joël Barcy
La grotte Cosquer reconstituée ©Joël Barcy
L'ancienne Villa Méditerranée accueille en son sein la Grotte Cosquer ©Joël Barcy
L’ancienne Villa Méditerranée accueille en son sein la Grotte Cosquer ©Joël Barcy

Des peintures à l’inframillimétrique

C’est un chantier à la fois exceptionnel et extraordinaire. Tous les ouvriers, des maçons aux plaquistes en passant par les peintres et sculpteurs confient qu’ils ont conscience de créer un lieu à part. Il suscite déjà l’émotion malgré les bruits de compresseurs, de soudure à l’arc ou de béton projeté. Progressivement les galeries de la grotte préhistorique se dessinent. Une partie des parois ornées est déjà en place. Elles ont été reproduites avec une précision inférieure au millimètre puis travaillées en atelier. La qualité des artisans et artistes est telle que l’ensemble est impressionnant de réalisme.
Les mains rouges ©Joël Barcy
Les mains rouges ©Joël Barcy
Pour Laurent Delbos, responsable de la restitution de la grotte, «le plus grand challenge est de faire oublier que tout cela est artificiel». La partie est déjà en passe d’être gagnée. « Quand Henri Cosquer est venu voilà quelques semaines il avait la larme à l’œil dans la partie où nous sommes. C’est lui qui a découvert la grotte. C’est notre juge de paix. Si, malgré le chantier, « les mains rouges » ont suscité son émotion. Cela fait déjà un énorme plaisir».

La chapelle Sixtine le confort en moins

Certains jours une centaine de personnes, de multiples corps de métiers sont à pied d’œuvre et voient déambuler toutes sortent d’experts chargés de valider ou non l’évolution du chantier, la couleur des parois ou le rendu de l’humidité sur les murs. Roger Mattéi est responsable peintre des strates géologiques. «Couche de peinture après couche de peinture on traduit, sur le béton, les cristallisations, la calcite de la grotte». Un travail à la fois fastidieux et passionnant. «Ça ressemble à la chapelle Sixtine mais je n’ai pas de hamac comme Michel-Ange ni d’équipe pour m’aider. C’est la chapelle Sixtine en mode pariétal !».

Un maître mot : la patience

Tous les professionnels qui interviennent sur les parois usent du même mot : «patience». Comme le peintre l’artiste plasticien doit passer plusieurs couches de résine pour rendre la transparence et l’humidité d’une draperie. C’est le travail de Julien Beaucourt « Il faut avoir une bonne capacité d’adaptation, c’est long pour recréer des formes. On pourrait aller plus vite mais là Il faut respecter scrupuleusement les éléments de la grotte». Hubert camus est géologue, il vérifie la vraisemblance des surfaces géologiques de la reconstitution. «La difficulté réside dans le fait qu’on a juste des données numériques avec un scanner en 3D de la grotte Cosquer. C’est unique. D’habitude on va sur place, on a diverses études. Ici on a en plus dû créer de toute pièce une tranchée au cœur de la grotte pour circuler. Il faut l’intégrer habilement, trouver les bons matériaux, les bonnes couleurs».

Des modules pour les visites

« Tout sera fait pour se prendre pour un plongeur en arrivant à la grotte Cosquer», conclut Frédéric Prades le directeur. Passerelle sur l’eau, bateau de Cosquer, topo sur la plongée et enfin une importante nouveauté : l’intégration de modules de six places pour découvrir la grotte. «Ils pivoteront à 360° pour observer au mieux gravures et peintures. Une scénographie mettra en exergue les détails». La partie immergée de la grotte sera aussi rendue par de grands bacs d’eau où un jeu de lumière simulera diverses profondeurs. Mais cette grotte n’aura pas encore tout révélé. «Elle a été occupée à diverses reprises durant 15 millénaires. Des gravures ont été grattées comme pour anéantir les traces d’une précédente présence. Était-ce pour s’imposer ? Mystère». L’ouverture de la grotte est prévue début juin. 800 000 visiteurs sont attendus la première année. Prix de l’entrée 16 euros. frederic_prades_le_directeur.mp4 Reportage Joël BARCY

Diaporama Joël BARCY

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