Aix-Marseille-Provence – Perspectives économiques 2016 : Salvateur choix de l’innovation selon l’économiste Mathilde Lemoine

Publié le 19 mars 2016 à  9h59 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h05

«La situation s’améliore depuis maintenant six mois, sans l’accélération, un temps, espérée. Les attentats de novembre et les inquiétudes sur la conjoncture internationale n’y sont sans doute pas étrangers», indique Eric Ammar, vice-président de la CCI Marseille Provence, qui présente avec Sébastien Didier, vice-président de l’UPE 13, les évolutions du tissu économique et les tendances sectorielles du territoire. L’invitée de cette réunion est l’économiste Mathilde Lemoine qui a rejoint, en janvier 2016, le Groupe Edmond de Rothschild en tant que Group Chief Economist. Elle est aussi membre du Haut Conseil des finances publiques. De 2006 à 2015, elle a dirigé le département des Études économiques et de la Stratégie marchés d’HSBC France, après avoir été enseignant-chercheur et membre de plusieurs cabinets ministériels en particulier conseiller à Matignon.

L’économiste Mathilde Lemoine était l'invitée de la réunion organisée par la CCI Marseille Provence et l’UPE 13 dans le cadre de la publication du Tableau de Bord de la Compétitivité Métropolitaine - 4e trimestre 2015  (Photo Robert Poulain)
L’économiste Mathilde Lemoine était l’invitée de la réunion organisée par la CCI Marseille Provence et l’UPE 13 dans le cadre de la publication du Tableau de Bord de la Compétitivité Métropolitaine – 4e trimestre 2015 (Photo Robert Poulain)

«Les prévisions de l’Insee sont optimistes, avance Eric Ammar. Après une année 2015 à +1,1% de croissance, l’acquis pour 2016 devrait atteindre ce niveau dès la mi-année. Une reprise fragile qui pourrait être enrayée par un report des dépenses des ménages et des entreprises, dû à une incertitude en l’avenir : ce trimestre, seules 15% des entreprises interrogées se disent confiantes ou assez confiantes dans l’économie française». Les dirigeants d’Aroma Therapeutics, Enogia et Scala, entreprises locales qui ont placé l’innovation au cœur de leur stratégie, ont partagé leur expérience afin d’illustrer le double défi des entreprises : s’adapter aux changements continus et saisir les nombreuses opportunités qui s’offrent.
Le tableau de bord de la compétitivité métropolitaine révèle que, pour 58% des entreprises répondantes, l’innovation est jugée importante ou très importante et, elles sont 62%, à avoir mené des actions spécifiques en 2015. Ainsi, 51% ont développé de nouveaux produits ou services, 41% ont mis en place une nouvelle organisation du travail et 24% de nouvelles méthodes de production/distribution. Le document met toutefois en avant que des freins existent, le budget est le principal pour 30% des entreprises, une conjoncture difficile pour 25%, un manque de temps, 13%, une structure interne trop petite, 10% ou un manque de ressources internes, 10%.

«Vous avez fait le choix de la compétitivité par le haut et c’est extrêmement intéressant»

Il n’en reste pas moins que l’économiste Mathilde Lemoine considère : «Vous avez fait le choix de la compétitivité par le haut et c’est extrêmement intéressant. Vous vous appuyez sur l’innovation avec la volonté de créer une externalité positive. Des territoires aux États-Unis ont eu cette démarche et des résultats intéressants sont là pour en prouver la pertinence, entre autres l’augmentation du salaire moyen». «Votre stratégie, poursuit-elle, s’inscrit dans une crise mondiale particulière pour laquelle on a fait une erreur de diagnostic : on a cru qu’il s’agissait d’une crise de la demande, alors que tel n’est pas le cas, nous sommes dans une mutation qui impose une offre différente. De plus, la crise dure tellement longtemps qu’elle entraîne un vieillissement des structures productives et une baisse de la productivité. Ainsi, la productivité qui était de 10% en Chine n’est plus que de 6,5%, il n’est pas étonnant après cela que le pays connaisse un ralentissement de sa croissance». Par ailleurs, certains, tel Drogo dans le désert des Tartares, attendent, lui attendait l’ennemi, eux une croissance venue d’ailleurs et qui ne vient pas ou moins forte que prévue. «C’est une erreur, selon l’économiste, que vous, vous ne commettez pas. Vous avez décidé de ne pas attendre, vous êtes un laboratoire pour l’économie française». Elle prévient toutefois : «Une inégalité de compétences trop grande au sein de l’entreprise est un facteur de blocage de la dynamique».
Eric Ammar revient pour sa part sur la santé des entreprises: «Fin décembre 2015, 24% des entreprises interrogées signalent une progression de leur activité et, 28% un recul. L’écart s’améliore donc : moins 4 points contre moins 8 points au trimestre précédent et moins 26 points, il y a une an». Le secteur le plus positif est l’industrie «favorisée par des entreprises de plus grande taille et, plus souvent exportatrices. A l’inverse, les entreprises du commerce de gros, de la construction ou les hôtels-cafés-restaurants sont plus nombreux à indiquer souffrir d’une baisse d’activité. Comme au 3e trimestre, la taille de l’entreprise est donc un facteur majeur de différenciation, la conjoncture restant difficile pour les TPE interrogées. Seules 9% des entreprises indiquent une progression de leurs marges. L’industrie et les services hors restauration, hôtellerie sont quant à eux proches de l’équilibre entre opinions négatives et positives».
Pour le début de l’année 2016, les entreprises interrogées restent prudentes : 15% prévoient une progression de leur chiffre d’affaires et 19% anticipent une baisse. A plus long terme, 55% des entreprises se disent confiantes ou très confiantes pour leur entreprise, mais, encore une fois, avec des écarts selon la taille de celle-ci.
Michel CAIRE

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