Petit retour sur le Tour…de France à Marseille

Publié le 23 juillet 2017 à  20h07 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h18

Quelques esprits chagrins ont trouvé à redire sur la journée du Tour de France cycliste à Marseille, problèmes de circulation, stade vide, accès au centre impossible, commerce en berne, etc., etc. Et pourtant, cette journée, restera à coup sûr, une des plus belles de l’année. Elle marquera l’histoire d’un film grandiose avec un décor de rêve et des milliers de figurants, des coureurs, des spectateurs sous l’œil de caméras venues du monde entier qui ont jouées une des plus grandioses partitions du Tour dans notre Marseille merveille.

Le contre-la-montre à l'Orange Vélodrome  (Photo J.P.)
Le contre-la-montre à l’Orange Vélodrome (Photo J.P.)

Dès 9 heures le matin, la ville faisait sa belle, les rues étaient désertes, une atmosphère étrange, rappelant les jours de grands matchs s’était installée, silence on tourne de France. Très vite, le monde a afflué, autour du stade, par petits groupes, on pouvait rencontrer des gens venant de tous les coins de France, des deux rives de la Méditerranée, mais aussi de toute l’Europe du vélo. Tout un peuple de suiveur d’étape avait garé caravanes et campings cars en périphérie de Phocée. Ils s’étaient approchés comme des gourmands de l’endroit du parcours qu’ils avaient choisi pour renifler du mieux qu’ils pouvaient les héros de la petite reine. Des Grenoblois revêtus de leurs maillots à pois prirent position sur le boulevard et sur les gradins, la casquette vissée sur la tête, ils se sont fait entendre en poussant leur champion, le français meilleur grimpeur, Warren Barguil qui n’en demandait pas tant. La magie était au rendez-vous, le temps d’une journée, le stade redevenait vélodrome, combien se sont souvenus des après-midi du boulevard Michelet lorsque nos anciens nous menaient voir les coureurs qui dévoraient la piste en ouverture des matchs de l’OM. Ce samedi, avec majesté, le scarabée translucide était dans son rôle, tout partait de là, et tout y revenait, on y donnait le départ et le temps à l’arrivée, le reste s’étaient dans les rues de Marseille que ça se jouait. Les gens entraient dans le stade puis sortaient le long des barrières, ils entraient à nouveaux et profitaient des images grandioses retransmises sur les écrans géants disposés dans l’enceinte. Les images de la ville baignée dans le soleil estival de la cité millénaires étaient diffusées dans l’enceinte futuriste et ne pouvaient pas mieux montrer au monde entier ce que nous sommes, un peuple aux couleurs multiples qui fait pont entre son passé et l’avenir. «Vé, la maison de Dédé, vé, le bar de Mireille ! » Les gens venus d’ailleurs s’amusaient de voir à quel point les gens d’ici aimaient, je veux dire vénéraient leur ville.
«C’est la première fois que je viens à Marseille, c’est fou comme les gens sont heureux de nous accueillir, après avoir sillonné la France entière c’est la première fois que les gens nous donnent l’impression de nous accueillir chez eux, c’est incroyable… », nous dira une jeune nantaise des équipes d’animation de la caravane publicitaire.
«Il y a des gens de partout, très joyeux, alors nous en passant, on a l’impression de passer comme sur des chars de carnaval ! », lancera un autre jeune embauché sur un job d’été dans la caravane. Quand les hélicos ont commencé la ronde au-dessus de la coupole blanche, quand ils sont venus se frotter tels des guêpes sur les flancs de la colline de la Bonne Mère, il n’était pas loin de 13h30. Les premiers coureurs se sont élancés dans le contre-la-montre, un des plus beaux que l’organisation a offert depuis longtemps aux amoureux du vélo.
Aux quatre coins du parcours Marseille les attendait avec des cris de liesse et des acclamations teintées d’accents du sud, ça sentait bon cette musique des folles bandas disséminées dans les quartiers.
Dans le stade en fin d’après-midi, les spectateurs s’étaient mués en véritable supporters et en n’avaient que pour Romain Bardet dont la plupart n’avait jamais entendu parler auparavant mais, peu importe, Bardet, hier, il était Marseillais. C’est vrai, pour que la comédie soit réellement parfaite, il aurait fallu que le jeune prodige offre ici un grand exploit en passant enfin devant Christopher Froom au classement général, mais c’est derrière Rigoberto Uran qu’il s’est retrouvé au final. En voyant les Marseillais mordre dans le tour comme dans un fruit d’été, je n’ai pu m’empêcher de penser à Antoine Blondin. Je me suis dit, au fond, il a dû s’amuser d’où il est, de voir cette grande boucle là, faire un si beau tour de fête dans notre ville reine de la Méditerranée, lui pour qui la course symbolise avant tout, la force, la beauté et la fête.
Jean PRIMAIRE

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