Philippe Cambie, le ‘pape du grenache’ n’est plus

Publié le 19 décembre 2021 à  19h18 - Dernière mise à  jour le 3 novembre 2022 à  12h35

«Il faut tout aimer, avoir du plaisir. On n’a rien sans plaisir et j’aime le plaisir autant que la vie…» Philippe Cambie, l’amoureux du plaisir et de la vie, comme il nous le confiait au cours d’une interview, vient de quitter ce monde.

Il y a quelques jours, le 6 décembre dernier, Philippe Cambie admirait le Bocuse d’or aux Rencontres gourmandes de Vaudieu entouré (de g. à dr.) par le chef gagnant du trophée Davy Tissot, Marcel Dib, Caroline Margeridon, Julien Brechet, le propriétaire du Château de Vaudieu, organisateur des Rencontres Gourmandes avec lequel Philippe Cambie travaillait depuis 2003, Manu Amoros et Serge Dupire (Photo Michel EGEA)
Il y a quelques jours, le 6 décembre dernier, Philippe Cambie admirait le Bocuse d’or aux Rencontres gourmandes de Vaudieu entouré (de g. à dr.) par le chef gagnant du trophée Davy Tissot, Marcel Dib, Caroline Margeridon, Julien Brechet, le propriétaire du Château de Vaudieu, organisateur des Rencontres Gourmandes avec lequel Philippe Cambie travaillait depuis 2003, Manu Amoros et Serge Dupire (Photo Michel EGEA)

A Châteauneuf-du-Pape et sur les terres viticoles de la vallée du Rhône, notamment, nombreux sont ceux qui le pleurent. Désigné «meilleur œnologue de l’année» en 2010 par Robert Parker, on le surnommait «le pape du grenache» tant il aimait ce cépage et savait en tirer le meilleur aux côtés des vignerons avec lesquels il travaillait.

« Mon père aimait le vin. Dans sa cave il y avait notamment des Châteauneuf-du-Pape et des Gigondas. J’ai pu débuter mon éducation assez tôt…» Philippe Cambie expliquait ainsi sa passion pour le vin. Le père était banquier à Marseille, mais c’est à Pézenas, non loin du domaine de Montplaisir que possédait la famille de sa mère, qu’il a vu le jour en 1962. Et c’est la mutation de son père à Montpellier qui allait le jeter dans les bras du rugby et de l’œnologie. Deux de ses activités dont il aimait à dire : «Un vin réussi, à l’instar d’un match de rugby gagné, c’est le fruit du travail, de l’effort, de la passion d’un collectif.» En 1998 il devenait œnologue conseil à l’Institut Coopératif du Vin (ICV) à Carpentras. Un choix qui lui permettait «d’aider les vignerons sans discrimination financière.» Lorsqu’on lui parlait de sa passion pour Châteauneuf-du-Pape, Philippe Cambie aimait à rappeler qu’il avait joué ici au rugby et qu’il avait trouvé intéressant de s’investir aux côtés de la jeune génération de vignerons «qui avait envie de progresser et de travailler collectivement au renouveau de l’appellation».

Défenseur de la viticulture bio

Fervent défenseur de la viticulture bio, il tenait aussi à souligner qu’il respectait les vignerons en démarche raisonnée et tous ceux qui mettaient un point d’honneur à limiter les intrants dans l’élaboration du vin. Il était persuadé de l’intérêt d’adopter une démarche de vie différente au quotidien, de suivre les saisons et de consommer local au maximum.

Épicurien, Philippe Cambie l’était… Pouvait-il en être autrement ? Il était aussi un grand professionnel qui souvent restait dans l’ombre préférant laisser la lumière «Aux grand vignerons qui font le boulot…» En rajoutant illico : «Mais j’ai la chance d’avoir des liens affectifs avec eux, une chance extraordinaire.» Pour notre part, à l’instar de ces vignerons, nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer cet homme hors du commun et de profiter de son savoir qu’il aimait à partager tranquillement et discrètement. Il sera difficile d’accepter l’absence d’une telle personnalité mais nous conserverons dans nos mémoires sa jovialité et un sourire qui illuminait, parfois, largement son visage. A tous ceux qui sont touchés par ce deuil, famille et amis, nous présentons nos plus sincères condoléances.
Michel EGEA

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