Philippe Renaudi président de la CCIR Sud – Industrie : ‘Il faudra au moins 10 ans pour rattraper la moyenne européenne’

Publié le 28 juillet 2022 à  9h05 - Dernière mise à  jour le 19 décembre 2022 à  11h23

Le Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) et réindustrialisation et conjoncture étaient à l’ordre du jour de la conférence de presse que viennent de tenir Philippe Renaudi et Daniel Margot respectivement président et premier vice-président de la CCIR Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Philippe Renaudi et Daniel Margot ont notamment évoqué la contribution du réseau CCI au SRDEII (Photo CCIR)
Philippe Renaudi et Daniel Margot ont notamment évoqué la contribution du réseau CCI au SRDEII (Photo CCIR)

Philippe Renaudi, président de la CCIR Provence-Alpes-Côte d’Azur, accompagné de Daniel Margot, son premier vice-président, président de la CCI des Alpes-de-Haute-Provence, pilote de la mission réindustrialisation CCI France, ont évoqué la contribution du réseau CCI au Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) -que la Région Sud vient de voter-; le rôle des CCI dans les territoires, dans la reconquête industrielle et la souveraineté économique ainsi que le dernier baromètre de conjoncture régionale avec un focus actualité: activité et emploi au 2e trimestre, impact de la guerre en Ukraine ainsi que le niveau de confiance des entrepreneurs.

«Le contexte actuel de crises au pluriel»

Pour Philippe Renaudi «Dans le contexte actuel de crises au pluriel, il est encore plus nécessaire que le réseau CCI travaille de manière rapprochée avec la Région Sud. Notre contribution au SRDEII illustre ma volonté d’ancrer la CCI Provence-Alpes-Côte d’Azur au cœur du débat public». Il rappelle que le réseau CCI Sud a soumis à la région «165 propositions qui répondent à 46 objectifs identifiés sur 10 thématiques jugées prioritaires en lien avec les cinq axes stratégiques de ce schéma». Il précise: «Nous avons travaillé pendant des mois pour contribuer à ce document voté pour cinq ans». Cette contribution du réseau s’inscrit dans les 5 grandes orientations du schéma régional, à savoir la transition environnementale au service de la croissance; la résilience, souveraineté et réindustrialisation; l’innovation moteur du développement; la croissance durable et responsable au service de l’emploi; soutien à l’économie des territoires.

«Deux de nos dix propositions me semblent indispensables»

Il tient à mettre en exergue la thématique « Faire Grandir l’industrie » : «Deux de nos dix propositions me semblent indispensables : accompagner financièrement les investissements nécessaires à la transformation des TPI-PMI vers leur modèle d’industrie 4.0 ; accélérer la constitution de sites industriels clés en main, avec a minima 2 nouveaux sites par an en région». A ce jour, il y a une centaine de sites labellisés en France dont une dizaine en région : «De la disponibilité foncière que les PMI ne connaissent hélas pas toujours».

«Le pays s’est désindustrialisé depuis 30 ans»

Daniel Margot souligne que «sur 4 000 élus CCI en France (332 en Provence-Alpes-Côte d’Azur), 1 300 sont « fléchés » industrie- dont 100 en région formant une communauté dédiée- qui travaillent depuis plusieurs mois à dresser un état des lieux et à définir des orientations depuis ce mois de juillet et à présenter une feuille de route en septembre». A son tour il insiste sur l’importance du foncier et notamment l’importance de disposer des livrables concrets pour inciter et aider les PMI à s’implanter ou se réimplanter sur nos territoires car «si l’entreprise n’a pas son terrain sous 6 mois, elle ira chercher ailleurs ». Cela passera par de l’information sur le foncier disponible ; des conventions avec des partenaires influents en matière d’accompagnement. Philippe Renaudi ajoute pour sa part: «Le pays s’est désindustrialisé depuis 30 ans, résultat, aujourd’hui, nous avons perdu notre souveraineté. Il nous faudra au moins 10 ans pour rattraper la moyenne européenne ce qui devrait garantir 430 000 emplois supplémentaires».

«On peut parler de nouvelle industrialisation»

Daniel Margot tient à préciser que «plus qu’une réindustrialisation, on peut parler de nouvelle industrialisation. L’objectif pour atteindre notre souveraineté économique est de gagner 2 % de PIB à l’horizon 2030». Il considère à ce propos: «Nos CFA doivent participer à la réindustrialisation du pays par la formation. Par exemple la voiture électrique ne va cesser de prendre de l’ampleur mais qui va les réparer? Qui réparera les moteurs hydrogène de demain? Nos CFA ont un vrai rôle à jouer dans la formation à ces métiers qui vont se développer. Un renforcement de la formation initiale et continue s’impose car 30 % des métiers de l’industrie d’avenir n’existent pas encore». Il insiste aussi sur l’importance du mentorat: «Il n’est pas au niveau auquel il devrait être. Nous avons un rôle à jouer pour accompagner les chefs d’entreprise de demain». Au-delà, il indique: «Nos CCI Territoriales ont un rôle à jouer pour identifier les filières qu’il faut porter. Dans la Région nous avons identifié les énergies renouvelables, les ports et les flux, la filière saveur-senteur». Il prend cette dernière filière comme exemple : «Elle n’est pas assez intégrée, elle doit penser à s’enrichir d’un cartonnier, d’un flaconnier…».

«Plus attractif que l’Allemagne ou l’Angleterre»

Le coût du travail ne représente pas un frein pour Philippe Renaudi et Daniel Margot qui évoquent de concert l’évolution des mentalités. Philippe Renaudi se félicite de voir que la France «est aujourd’hui un pays plus attractif que l’Allemagne ou l’Angleterre. Parce que des entreprises étrangères viennent s’installer ici ; parce qu’il y a les écoles internationales, des hôpitaux… une qualité de vie». Il considère encore que «l’attractivité du local ne repose pas que sur des questions de marges car le dirigeant est attaché à son territoire. Il faut appuyer sur certains vecteurs comme la RSE : les jeunes, futurs collaborateurs, nous imposent cette règle. La recherche de sens, de valeurs dans l’entreprise, compte autant, voire plus, que la fiche de salaire».
Michel CAIRE

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Baromètre de conjoncture

La CCIR Provence-Alpes-Côte d’Azur interroge tous les trimestres plus de 3 200 entrepreneurs. Ce document souligne que plus d’un tiers des chefs d’entreprise jugent que la guerre en Ukraine a un impact fort ou très fort sur leur entreprise. Seuls 22% des dirigeants considèrent que ce conflit n’influe pas sur leur activité. Parmi les difficultés rencontrées sont cités l’approvisionnement des matières premières ainsi que les prix de l’énergie qui préoccupent la grande majorité des professionnels. A cela s’ajoute une pénurie de main-d’œuvre dans des métiers déjà en tension depuis le crise de la Covid comme l’hôtellerie-restauration et les services de construction.

Le document dévoile également que le niveau d’activité des entreprises régionales est globalement en progression en début d’année 2022 . Néanmoins le commerce et dans une moindre mesure la construction affichent un recul du niveau d’affaires. Dans le commerce, si les détaillants sont insatisfaits de l’activité au premier trimestre, l’activité des grossistes est plus favorable sur la période. Les carnets de commandes se remplissent plus qu’à la fin de l’année 2021. «Mais c’est le seul point positif», avance la CCIR qui indique que : «la situation financière se dégrade légèrement au premier trimestre 2022 pour un tiers des chefs d’entreprise qui constatent une baisse des marges. Les prévisions du deuxième trimestre sont également pessimistes pour l’état des trésoreries et les volumes d’investissements.»
M.C.)]

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