Plan de relance. 100 milliards pour faire « face à la crise » et « préparer les défis de l’avenir »

Publié le 3 septembre 2020 à  21h30 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h29

Ce jeudi, le Premier ministre Jean Castex, accompagné de Barbara Pompili, Bruno Le Maire, Élisabeth Borne et Clément Beaune, respectivement ministres de la Transition écologique, de l’Économie, du Travail, et secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, a présenté ce plan de relance très attendu, à l’issue du Conseil des ministres. «C’est un moment très important dans notre stratégie de lutte contre les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire qui a frappé le monde et la France», a déclaré le chef du Gouvernement.

Le chef du Gouvernement Jean Castex a présenté sa feuille de route «France Relance» portée par 100 milliards d'euros (Photo capture d'écran/. gouv)
Le chef du Gouvernement Jean Castex a présenté sa feuille de route «France Relance» portée par 100 milliards d’euros (Photo capture d’écran/. gouv)

Intitulé «France Relance», ce plan de 100 milliards d’euros est «à la fois vert et social et territorial» mais aussi européen puisque 40 milliards sont issus de fonds européens. En effet, la France présentera son plan à ses partenaires européens «sans doute courant octobre», a indiqué le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes Clément Beaune, en se disant «optimiste» quant à son approbation, qui permettra de débloquer progressivement 40 milliards de subventions. Il s’agit d’une relance précise encore le Premier ministre qui «permettra de renforcer notre souveraineté économique et notre indépendance technologique». Le plan s’articulera autour de trois grands axes : 30 milliards pour la transition écologique, 35 milliards pour soutenir les entreprises et 35 milliards pour «renforcer la cohésion sociale et territoriale». Son objectif doit être de retrouver d’ici 2022 «le niveau d’attractivité qui était le nôtre avant la crise».

La transition écologique.

Ces 30 milliards sont ainsi répartis: 11 milliards d’euros seront alloués à la modernisation des transports (dont la moitié pour le ferroviaire et 1,2 milliard pour les transports en communs), 2,5 milliards pour la décarbonation de l’industrie. À elle seule, la filière hydrogène va bénéficier de 2 milliards sur deux ans puis 7 milliards d’ici à 2030 pour parvenir notamment à développer un avion à hydrogène capable de concurrencer Boeing… et, 2 milliards sont destinés au développement de l’économie circulaire, a annoncé Barbara Pompili. «Nous devons nous adapter aux conséquences inéluctables du changement climatique», a conclu Barbara Pompili.

Soutien aux entreprises

«Le plan de relance vise à accompagner plus fortement encore dans leurs projets, nos industries, et particulièrement les PME et ETI premiers relais de l’emploi sur les territoires pour renforcer notre indépendance économique», avance le Chef du Gouvernement. 25 milliards seront ainsi consacrés «pour permettre une reprise durable de l’activité des TPE et PME qui représentent un tiers de l’activité économique des entreprises françaises.» L’exécutif a ainsi confirmé la baisse de 20 milliards de l’impôt productif au cours des deux ans à venir et la réduction entre autres de 50 % de la CVAE. «Ce plan devrait bénéficier à 74% aux PME, TPE et ETI », a assuré le Premier ministre. Des contreparties sont demandées par le gouvernement aux entreprises en faveur de l’environnement et de la gouvernance pour parvenir à davantage d’égalité homme/femme et améliorer l’intéressement et la participation des salariés aux résultats. «Une contrepartie ce n’est pas une conditionnalité. Nous attendons des entreprises qu’elles jouent le jeu du plan de relance», a précisé Bruno Le Maire. S’agissant du Prêt Garanti par l’État dont les remboursements débuteront en 2021, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, a dévoilé que des négociations avec la Fédération française des banques étaient en cours portant sur un remboursement des prêts à des taux des attractifs pour les TPE. Trois milliards seront en outre garantis sur le marché financier pour lever 10 milliards sous forme de prêts participatifs. Tirant les leçons de la crise sanitaire, le gouvernement entend également favoriser l’implantation dans l’Hexagone des industries agroalimentaire, des biotechs. Bruno Le Maire rappelle: «Nous n’avons pas su ouvrir de nouvelles filières industrielles», et le plan de relance doit combler ce manque en soutenant des secteurs d’avenir : biotechnologies, énergies renouvelables, calcul quantique, traitement des déchets, a-t-il énuméré. «L’industrie fait partie de notre culture et relancer l’économie française, c’est relancer l’industrie», insiste-t-il.

Cohésion sociale et territoriale

«Comme pour l’ensemble des pays en temps de crise, le grand défi auquel il faudra faire face dans les prochains mois sera d’éviter une hausse des inégalités en France. La relance sera solidaire, elle bénéficiera à tous les Français et impliquera une solidarité entre les générations, entre les territoires et entre les entreprises de toutes tailles», déclare l’exécutif. Il est ainsi annoncé un soutien massif au système de santé «afin de donner davantage de souplesse aux établissements, d’intégrer la qualité des soins dans les règles de financement des hôpitaux et des médecins de ville et de mettre l’accent sur la prévention.» Autre enjeu de taille, la préservation et la sauvegarde de l’emploi sur le territoire français. Pour la ministre du Travail Élisabeth Borne: «Tout le plan de relance est au service de l’emploi». L’ancienne ministre de la Transition écologique a rappelé qu’un «plan jeune» à hauteur de 6,7 milliards d’euros serait mis en place «pour donner une solution à chacun des 750 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail et à ceux qui sont sans activité ou formation». Elle a également mis en exergue son «bouclier anti-licenciement pour les entreprises qui subiront une baisse d’activité dans les prochains mois». 7,6 milliards y seront alloués. Enfin, près d’un milliard d’euros seront ajoutés au pot pour «l’adaptation des compétences». «La méthode a été et sera concertée», a précisé la ministre du Travail. Elle l’a assuré, «toutes ces actions visent à ce que personne ne soit exclu du bénéfice de « France Relance »». Le plan vise également à renforcer le poids des acteurs clés dans la transformation du pays. A ce titre, un soutien sera apporté aux structures de l’économie sociale et solidaire (ESS). Bonne nouvelle pour les Collectivités territoriales avec 5,2 milliards promis par le gouvernement pour le financement de leurs investissements et de leurs projets structurants et un coup de pouce de 500 M€ pour développer le très haut débit.

Dette publique

Jean Castex se veut rassurant sur la dette publique. Si ce plan de relance de 100 milliards d’euros sur deux ans porte ses fruits, son effet sur la dette publique sera limité dans le temps, a-t-il assuré. «On en attend un très rapide retour sur investissement. S’il atteint son objectif de réactivation de l’activité, son impact sur notre ratio de dette sera presque entièrement résorbé à partir de 2025», a déclaré le chef du Gouvernement, alors que la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19 va faire bondir la dette publique à près de 121% du PIB cette année.

Pas de hausse d’impôts

Jean Castex souligne l’engagement pris avec le Président de la République : «Il n’y aura pas de hausse d’impôt», pour financer ce plan. «Cette erreur affaiblirait notre croissance et enverrait des signaux négatifs aux ménages comme aux entreprises», a-t-il poursuivi avant de rappeler que, «grâce à l’accord historique obtenu par le président de la République, nous bénéficions d’un soutien européen à hauteur de 40 milliards d’euros.» Et Bruno Le Maire a déclaré sur France 2 : «J’incite les Français à investir dans l’économie française les 100 milliards d’euros économisés pendant cette crise, grâce notamment au chômage partiel.»


Anna CHAIRMANN
L’intégralité du Plan de relance ICI

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