[Billet] Pourquoi Macron va gagner les législatives

Publié le 8 mai 2017 à  2h43 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h30

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Emmanuel Macron vient de gagner les législatives et cela pour plusieurs raisons: il vient premièrement, d’être largement élu président de la République avec plus de 65% des voix devant Marine le Pen. Alors, contrairement à ce qu’un certain nombre de politiques et de commentateurs estime, les Français ne sont pas stupides et ils lui donneront une majorité. D’ailleurs, lorsque l’on regarde l’histoire de la Ve République on mesure à quel point le suspens est intolérable puisque tous les Présidents élus, tous, ont eu derrière une majorité législative. Et ce vieux pays de France va se réveiller, réjoui d’avoir élu un jeune Président. Sa communication, l’image qu’il a construite, est une réussite.
Emmanuel Macron a gagné parce qu’il vient de réussir, une première, non pas un mais deux discours le soir même de son élection. Il n’a pas manqué d’évoquer, avec gravité: «La colère, l’anxiété, le doute qu’une grande partie a exprimé». Il s’inscrit dans l’histoire de ce pays: «Nous sommes les héritiers d’une grande Histoire, du grand message des Lumières, auxquels il s’agit de donner une sève nouvelle». Il se veut protecteur «de la France et de l’Europe» car, insiste-t-il: «C’est notre civilisation qui est en jeu». Affiche une ambition, celle «de retisser des liens entre les citoyens et le peuple». Et puis la symbolique miterrandienne, cette marche, seul, dans la cour du Louvre, devant la pyramide, avec l’Hymne à la joie. Rupture totale avec le Président « normal ». Et là, il refuse que soit sifflé le nom de Marine le Pen avant de lancer: «Je ferai tout pour qu’ils (les électeurs de MLP ) n’aient plus de raison de voter pour les extrêmes». Et de lancer qu’il entend défendre les libertés, les opprimés, mettre en place une France avec plus de développement, de justice, d’écologie. Enfin, comment ne pas voir que cette élection, le mandat de François Hollande, les primaires qui ont tué PS et LR -alors qu’ils croyaient s’en servir pour étouffer les autres forces- modifient tout. Le PS implose. LR explose, entre sa droite filloniste et ses courants centriste et gaulliste. Le candidat Mélenchon vise à tuer à la fois le PS et le PCF, pas sûr que ces deniers l’entendent ainsi. Et, son attitude jusqu’au-bout ni-niste devrait, certes, structurer son électorat mais aussi lui faire perdre des voix. Le FN, pour sa part, va connaître des jours difficiles entre le courant national-socialiste, au sens premier du terme, de Marine le Pen -qui affirme vouloir changer le nom du parti, s’ouvrir à tous ceux qui, de la Droite traditionnelle mais aussi d’abstentionnistes et d’électeurs de gauche, pourraient glisser jusqu’à elle- et, un courant d’extrême-droite symbolisé par Marion Maréchal-le Pen qui, elle, vise l’aile droite, traditionaliste, des fillonistes. En revanche, et là l’Histoire est loin d’être écrite, reste à Emmanuel Macron de réussir son mandat, de faire avancer l’éducation, reculer le chômage, construire une Europe… si tel n’est pas le cas, il n’aura pas fait reculer les votes extrêmes, tout au contraire.
Michel CAIRE

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