Pourquoi la CCIMP a lancé le Positive Business Place

Publié le 8 novembre 2018 à  9h04 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h09

La demande a émergé des membres du Metropolitan Business Act… Déjà réunis au sein de ce pacte par leur propension à être « tous acheteurs et tous vendeurs », ils avaient à cœur d’ajouter à leur engagement la notion d’éco-responsabilité. Voilà pourquoi la CCIMP a mis en place, au mois d’octobre, le premier Positive Business Place.

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Près de 87 présents, sur les plus de 120 inscrits : Le premier Positive Business Place, lancé par la CCIMP avec la Cité des Entrepreneurs, Cap au Nord entreprendre et les Entrepreneurs de l’Huveaune vallée, a fait le plein ce fameux jeudi d’octobre. Ainsi, dirigeants de TPE et PME, représentants des grands donneurs d’ordre du territoire ou encore d’associations de zones d’activités ont pris place pour tout un après-midi entre les murs du Palais de la Bourse. Le challenge du jour : amorcer la co-construction dans le domaine de l’achat durable ou à l’inverse, dans le positionnement en tant que fournisseur éco-responsable. Car «chaque entreprise possède à un moment ou à un autre les deux casquettes», souligne-t-on à la Chambre. L’idée, c’était donc de donner des clés aux TPE et PME du territoire, non seulement à même de décrypter les cahiers des charges des donneurs d’ordre désireux de trouver des partenaires éco-responsables, mais aussi de mettre en place, en leur propre sein, une stratégie d’achat durable digne de ce nom.

Sur le territoire, une conscience verte

Il est à noter que ce positionnement, fleuron de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), n’est pas vain sur le territoire… Déjà, sur les inscrits à l’événement, près de quarante entreprises ont déclaré avoir impulsé ce type de démarche sur les achats ou la stratégie fournisseur. Plus largement, les associations de zones d’activités et autres collectivités ont largement contribué à la chose, en se posant comme cheville ouvrière de nombreux projets. Plans de déplacement interentreprises ici et là, initiatives relatives à la mobilité et notamment à la question du dernier kilomètre dans les 15e et 16e arrondissements de Marseille impulsées sous l’égide de Cap au Nord entreprendre avec Nord We Go, bourses aux palettes et autres démarches d’achat groupé dans le domaine de l’énergie du côté du pays d’Aubagne, valorisation des cartons, du bois… les entreprises locales, aidées par les institutions du territoire, avancent en effet leurs pions sur l’échiquier de l’éco-responsabilité.

Rupture en termes de méthode

Au sein de la CCIMP aussi, le positionnement sur les questions d’éco-responsabilité n’est pas nouveau. Tout d’abord, le Positive Business Place n’est pas un événement isolé, puisque sur toute l’année, la Chambre accompagne déjà les entreprises dans leur démarche RSE via le dispositif Parcours Performant et Responsable en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et puis, avant la mise en place de ce premier événement, il y avait déjà une autre manifestation sur la même thématique, répondant au nom des «Rendez-vous des éco-entrepreneurs». Au menu de ces journées : conférence plénière, showroom de solutions, speed business meeting… Une formule aujourd’hui dépassée, puisque, avec ce premier Positive Business Place, on se veut en rupture au niveau de la méthode. Loin de cette approche académique, il s’agit d’être dans le proactif, voire le collaboratif. Ainsi, des groupes de travail ont été constitués parmi les entreprises présentes. Et toutes ont été invitées, parfois à leur grande surprise, à co-construire sur le sujet. Par ailleurs, des témoignages de TPE et PME déjà exemplaires en la matière ont permis de faire de la pédagogie croisée.

Ébauches de synergies interentreprises

Lors d’une première étape, les participants ont été d’abord amenés à réfléchir aux moyens de ne pas acheter commercialement mais de recycler, de valoriser les déchets de l’autre. Donc de s’inscrire dans l’économie circulaire au sens large, puisque les axes recyclage des déchets et énergie n’ont pas été les seuls abordés lors des échanges, loin s’en faut. Ainsi, outre ces deux problématiques, «celles des compétences RH, de la valorisation du mobilier de bureau, des services, des achats non stratégiques» ont également été traitées dans les six groupes de travail constitués, énumère-t-on à la CCIMP. Et au final, «une centaine de fiches, donc une centaine de flux, services à proposer ou besoins ont été mis en relation». Concrètement, il s’agissait notamment de covoiturage, de déchets alimentaires à recycler, de besoins en cartons pour faire pousser des champignons, de matériel de bureau à recycler par des voies moins traditionnelles… Ainsi, des uns aux autres, des partenariats potentiels se dessinent. Mais tout ne s’arrêtera pas avec ce Positive Business Place, puisque maintenant, la CCIMP va prendre le relais. Elle va notamment accompagner ces entreprises au-delà de la manifestation pour les aider à concrétiser ces ébauches de partenariats.

Un gain de compétitivité

Ainsi, éco-responsabilité et économie peuvent aller dans le même sens puisque, avec cette première étape, les TPE et PME participantes ont pu entrevoir, via ces possibles synergies inter-entreprises, comment réduire les achats par le circuit classique, sans pour autant révolutionner totalement leurs process. De quoi récupérer un surplus en termes de marge… C’est un peu l’esprit de l’intervention de François Ranise, élu à la Chambre, pour qui «toutes les entreprises qui s’inscrivent dans une démarche RSE et qui la déclinent aux achats sont plus compétitives. C’est un vrai levier de différenciation». C’est ce qui a été illustré lors des deux dernières parties de l’événement, consacrées au positionnement en tant que fournisseur. Outre le décryptage des différentes clauses régissant les marchés réalisé par Antoine Martin-Régniault, responsable du développement du cabinet Eco Vadis, œuvrant dans la notation extra-financière, des PME locales déjà investies dans cette démarche ont en effet témoigné de l’impact positif de cette dernière sur leur santé financière. Ainsi Multi Restauration Méditerranée a su jouer des coudes et s’imposer face à des gros de la restauration collective, à l’instar d’un Sodexo. La PME aux multiples labels environnementaux proposant notamment des produits bio et locaux sait comment être compétitive… De leur côté, les architectes de RAedificare basés au Carburateur ont mis en place une filière de réemploi de déchets du bâtiment. Ils ont donc illustré comment il est possible de générer du chiffre d’affaires tout en faisant une autre proposition de valeur.

Confronter exigences des acheteurs et réalité du terrain

Enfin, un World Café a permis d’aller plus loin dans la réflexion relative aux problématiques fournisseur, de confronter les problématiques des acheteurs à la réalité du terrain. Là encore, la démarche était dynamique : la Chambre avait mis en place trois espaces de réflexion, constitué trois groupes officiant à tour de rôle sur trois thématiques, en tournant d’un lieu à l’autre. Soit deux heures de travail pour réfléchir aux critères présents dans les appels d’offres et savoir comment se positionner pour y répondre de façon efficiente. Pour les acheteurs, comment les définir ? Et pour les fournisseurs, comment les comprendre et les satisfaire ? Pas toujours simple lorsqu’on est une TPE… En effet, «ces clauses RSE doivent être suffisamment précises pour qu’on les cerne, mais a contrario pas trop restrictives non plus, sous peine de voir les petites structures exclus du marché», explique-t-on encore à la Chambre. Des conséquences qui iraient justement à contresens de la philosophie prônée par le Metropolitan Business Act, motivé avant tout par le désir de faire appel aux entreprises locales, notamment celles de taille plus modeste. TPE et PME présentes ont ainsi réfléchi à ces critères, divisés en trois : les sociaux (mode de management, prise en compte de la qualité au travail…), les environnementaux (traitement et valorisation des déchets, question de la mobilité, les modes d’approvisionnement, la réduction de la pollution…) et les économiques et sociétaux (l’ancrage territorial de l’entreprise, les nouveaux modèles économiques, la place de l’innovation…). De grands donneurs d’ordre les ont aiguillés lors de ces échanges. Parmi eux, Haribo, Gemalto, le groupe Henri Blanc, Erilia, Eurovia, l’Établissement français du sang, l’Aéroport Marseille Provence, la ville de Marseille, le CD13, la plateforme générale des achats du SGAR ou encore le groupe La Poste ont pu témoigner de leurs exigences en tant qu’acheteurs.
Carole PAYRAU

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