Publié le 9 septembre 2019 à 10h04 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h30
L’événement attendu, se tiendra en juin prochain à Marseille, au parc Chanot. Mais afin qu’il garde toute sa capacité d’influence, un congrès mondial de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) se prépare en amont. C’était l’objet de la journée de débats du 12 juin dernier, organisée à Marseille.

La France, acteur clé historique de l’UICN
Au sein de l’UICN, les membres fondateurs sont forcément davantage force de proposition. C’est ainsi le cas du comité français, le deuxième en nombre de membres après les États-Unis. Et puis, il faut savoir que la France a joué un rôle clé dans la création de l’UICN. Puisque c’est dans l’Hexagone qu’elle a vu le jour, plus précisément «en 1948, à Fontainebleau. Donc c’est un investissement historique depuis plus de 70 ans». Investissement qui lui permet d’avoir réuni, au fil du temps, des personnes ressources, experts, organisations et de contribuer en tant que membre actif de ce vaste réseau. Mais ce n’est que «la première fois depuis 1948 que la France accueille le congrès mondial de l’UICN». Et c’est donc le Parc Chanot qui a cette primeur. Un hall entier sera notamment ouvert gratuitement au grand public et près de 100 000 personnes sont attendues. Verront-elles les motions françaises recueillir les suffrages en juin prochain ? Seul l’avenir le dira. Pour mémoire, en 2016, sur les 121 motions adoptées, 11 avaient été proposées par des membres français. Voilà pourquoi, pour revenir au 12 juin dernier, l’heure était à la préparation. L’idée : peaufiner, corriger, amender les «recommandations sur lesquelles nous pensons qu’il y a une vraie priorité d’action, et sur lesquelles nous faisons des propositions concrètes». La France, baignée par trois mers et par l’Atlantique, s’est naturellement focalisée sur la question de «la conservation des océans. Il existe un océan global plus que différents océans. Or il faut reconnaître tout ce que nous apporte cet océan, les menaces qu’il subit aujourd’hui par nos différentes activités et par le changement climatique. Un des points que nous mettons particulièrement en avant, c’est la pollution plastique qu’il faut aujourd’hui combattre vigoureusement. On ne peut pas aujourd’hui laisser se déverser des millions de tonnes de plastique chaque année dans les océans sans ne rien faire et laisser se constituer ce qu’on appelle le 7e continent plastique», poursuit Sébastien Moncorps. A savoir que l’Europe tente déjà de jouer un rôle moteur dans cette problématique, puisqu’elle a décidé l’interdiction des plastiques à usage unique. A d’autres de suivre… mais c’est justement tout l’intérêt du congrès mondial de l’UICN : réunir des pays suffisamment dynamiques pour changer les choses, permettre par le retour et le partage d’expérience que les uns s’inspirent de ce que les autres ont déjà mis en place sur leur territoire national, et le développent à leur tour.L’humain, seulement «une espèce parmi d’autres»
Outre ce volet propositions, le comité travaille aussi à la mobilisation en vue du Congrès mondial de juin 2020, à Marseille. Et celle qui s’affirme et grandit ces derniers mois, c’est bien celle de la jeunesse, notamment sur la question du climat. Une jeunesse qui revendique et veut être entendue. «Pour la première fois dans le congrès mondial, on va faire une large place à leurs propositions», annonce Sébastien Moncorps. Une contribution de plus dans ce congrès qui réunit «historiquement, des États, des agences gouvernementales, des ONG». Mais pas que. «Nous mettons beaucoup l’accent sur la responsabilité des collectivités locales, qui, avec la décentralisation, ont des responsabilités directes pour la protection de la nature». Enfin, le monde économique doit aussi se sentir concerné, explique-t-il. «Les entreprises font partie des impacts par leurs activités industrielles et donc elles doivent faire partie de la solution». Cela tombe bien, nombre d’entre elles sont de plus en plus force de proposition et veulent agir, ce qu’a montré localement la restitution du monde entrepreneurial au sein de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence lors du grand débat national organisé au premier semestre dernier. Bref, tout un petit monde qui doit avancer dans un sens, celui de l’éthique, explique encore le directeur du comité français. «Les solutions aujourd’hui ne sont pas simplement techniques. Par exemple, quelles sont les bonnes pratiques pour restaurer une tourbière, des mangroves, des milieux naturels, comment protéger efficacement les espèces…» Tout simplement parce que la crise de la biodiversité, c’est surtout une crise éthique. «C’est notre rapport à la nature qui est questionné, la façon dont nous nous comportons vis-à-vis d’elle. Aujourd’hui, on sait que l’érosion de la biodiversité est la conséquence des activités humaines, donc c’est notre responsabilité». Ce d’autant que «nous avons un rapport très étroit avec les écosystèmes, du simple fait que ce sont les milieux naturels qui fournissent l’oxygène dont nous avons besoin pour respirer». Or, ce n’est pas seulement le cas des humains, conclut Sébastien Moncorps… « Ils ne sont qu’une espèce parmi d’autres ! Aujourd’hui on en connaît 2 millions, on estime qu’il y en a probablement 10 à 15. Et chaque espèce a sa place sur la planète». A l’humain donc de la leur ménager… ce qu’il fera certainement grâce aux prochaines recommandations adoptées en juin prochain.![]() |