Primaire de la gauche: Les enseignements à tirer de la victoire de Benoît Hamon

Publié le 30 janvier 2017 à  0h10 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h31

Benoît Hamon devient le candidat officiel du Parti socialiste à la présidentielle. Selon une totalisation partielle, sur 1 101 180 votants, il récolte 58,65% des votes contre 41,35% pour Manuel Valls (Photo Robert Poulain)
Benoît Hamon devient le candidat officiel du Parti socialiste à la présidentielle. Selon une totalisation partielle, sur 1 101 180 votants, il récolte 58,65% des votes contre 41,35% pour Manuel Valls (Photo Robert Poulain)

Les sondages, les analystes politiques, oiseaux de mauvaises augures, prédisent une défaite politique à Benoît Hamon, à peine victorieux. Mais cela devrait le réconforter lorsque l’on voit la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, celle de Donald Trump aux États-Unis, des tenants du Brexit en Grande-Bretagne et pour remonter plus loin, de François Mitterrand et de Jacques Chirac ou encore Valéry Giscard d’Estaing en France. Tous condamnés par les sondages, les experts. Nul ne peut savoir de quoi demain sera fait, qui l’emportera à la présidentielle. En revanche, il importe de constater que voilà bien longtemps que notre Pays n’avait pas connu une telle vigueur démocratique. De même, le PS -et rares sont ceux qui devait l’imaginer- a proposé un débat de grande qualité. Le peuple de France a montré, lors de ces deux primaires, à quel point il était politique, à quel point il s’est tout de suite montré réactif, sensible, à un vrai débat. A Droite comme à Gauche, des personnes se sont engagées, ont fêté la victoire, pleuré la défaite, vibré et cela fait longtemps que cela n’était plus arrivé. Un sursaut citoyen qui réduit d’autant l’espace de Marine Le Pen.
Les propos de Manuel Valls, emplis de dignité, indiquant son attachement au respect des engagements, son soutien à Benoît Hamon ,«à qui il appartient de mener à bien la belle mission du rassemblement», sont gage d’avenir. Des désaccords demeurent, heureusement. Il y a longtemps que la gauche n’avait pas proposé un tel débat de fond sur une question aussi fondamentale que le travail. Le revenu universel, avec les questions qu’il pose, met au centre du débat le travail, peut permettre de construire des réponses. Un Benoît Hamon qui cite Tocqueville en s’adressant à la jeunesse: «Chaque génération est un peuple nouveau». Avant de lancer: «C’est à vous de décider quel peuple vous voulez être et dans quelle France vous voulez vivre». «Bien sûr, ajoute-t-il, le monde est instable avec Trump, Poutine, les menaces du terrorisme islamique, les menaces environnementales. Mais si nous abordons les défis avec la peur au ventre nous finirons avec les candidats de la peur». Et d’évoquer les 66 millions de cœur qui battent avec lesquels il s’agit «de faire battre le cœur de la France».
Alors, cédons aussi au jeu des prévisions et considérons que ce soir une dynamique s’est créée et qui peut déjà donner une nouvelle vitalité au PS avant de savoir jusqu’où cela peut aller. Jean-Luc Mélenchon voit son espace restreint, lui qui rêvait d’un face à face avec François Hollande. En refusant de participer à la primaire c’est peut-être l’histoire qu’il a laissée passer. Le cas d’Emmanuel Macron est plus complexe, son espace est plus que jamais à droite. Le libéralisme de François Fillon associé à son conservatisme social laissait un espace, l’affaire de son épouse l’élargit. Il peut devenir, comme Giscard en son temps, le candidat d’une partie de l’appareil droitier qui, tant qu’à perdre, préfère perdre une élection plutôt que le parti. En revanche, il est des soutiens qui peuvent arriver comme autant de boulets, les dignitaires de la Hollandie et ceux qui, après s’être engagés sur les règles du jeu, se montrent mauvais joueurs, le résultat n’étant pas à la hauteur de leur attente.
Michel CAIRE

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