Provence-Alpes-Côte d’Azur : Après le TER horribilis, les bonnes intentions de la SNCF

Publié le 6 janvier 2015 à  22h00 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Philippe Bru, Directeur régional SNCF Paca et Jean-Yves Petit, Vice-président de la Région, délégué aux transports et à l’éco-mobilité (Photo Robert Poulain)
Philippe Bru, Directeur régional SNCF Paca et Jean-Yves Petit, Vice-président de la Région, délégué aux transports et à l’éco-mobilité (Photo Robert Poulain)

Jean-Yves Petit, Vice-président de la Région, délégué aux transports et à l’éco-mobilité et Philippe Bru, Directeur régional SNCF Provence-Alpes-Côte d’Azur ont tenu ce mardi 6 janvier une conférence de presse pour revenir sur une année lors de laquelle, de l’aveu même de la SNCF «la qualité de service s’est dégradée avec 18% de TER en retard de 5 minutes ou plus et 8% de trains supprimés». Une dégradation qui n’a pas échappé à l’autorité organisatrice des transports sur le territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur qu’est la Région. Cette dernière a alerté à plusieurs reprises la SNCF avant de la sanctionner (4 millions d’euros de pénalité). Dans ce contexte, et alors que malgré cela la fréquentation des Ter reste stable, la SNCF a décidé de faire un geste commercial auprès des abonnés du TER des lignes les plus perturbées. Des mesures ont par ailleurs été annoncées pour revenir à un niveau de qualité acceptable pour les usagers dans les trois mois. Un délai jugé trop long par la Région: «Il faut des résultats dans les semaines à venir», a indiqué Jean-Yves Petit, fort des 270 millions que verse l’institution à la SNCF pour son fonctionnement et les 260 millions versés pour l’achat de 26 nouvelles rames TER.

«L’année 2014 n’a pas été à la hauteur de nos ambitions, des attentes de nos clients, de la Région »

Faute avouée à demi pardonnée? En tout cas c’est par un aveu que Philippe Bru démarre son intervention: «L’année 2014 n’a pas été à la hauteur de nos ambitions, des attentes de nos clients, de la Région. Les moyens qui nous sont donnés tant par la Région que par la SNCF doivent nous permettre de faire mieux que ce que nous avons fait. Nous formulons donc le vœux, pour 2015, d’être plus au rendez-vous de nos clients.» «Grâce aux efforts de la Région, poursuit-il, alors que la tendance nationale et nettement orientée à la baisse, le TER Paca résiste mieux, puisqu’en 2014, la diminution de son trafic devrait être inférieure à 1%». Avant d’ajouter: «Le dynamisme du trafic, +27% depuis 2007 est le résultat d’une offre qui, de par les choix de la Région, a crû de 23,8% entre 2007 et 2014. Aujourd’hui 100 000 usagers empruntent quotidiennement un TER et 160 000 sont porteur d’une carte d’abonnement (travail, étudiant, solidaire)».
A ses yeux, de nouvelles installations et des gares modernisées contribuent aussi à ce résultat. De citer la 3e voie entre Marseille et Aubagne, la rénovation des gares d’Aubagne, La Pomme, Saint-Marcel et la Blancarde, la modernisation des gares de Nice et de Cannes et la création de halte à la Barasse et Nice Pont-Michel.
Mais force est de reconnaître une dégradation. D’estimer : «La grève est la première cause de suppression de trains, près de 5%. La difficulté de la SNCF dans l’organisation et la maintenance du matériel viennent ensuite pour 3% des trains supprimés».
Les motifs de retard seraient liés : «A l’infrastructure avec trois fois plus de travaux qu’en 2010. En 2014 ce sont 250M€ d’investissement qui ont été réalisés contre 90M€ en 2010. Ces travaux sont à l’origine de nombreux ralentissements. Ils génèrent entre quatre et cinq points d’irrégularité».
Les causes externes (intempéries, suicides, malveillance…), en recrudescence sont également à l’origine de 4 à 5 points d’irrégularité.
Les difficultés liées à la maintenance du matériel créent environ 3 points d’irrégularité. Philippe Bru considère : «Nous avons procéder à une réorganisation assez lourde car notre système n’est pas adapté mais la nouvelle organisation n’a pas encore répondu à nos attentes». Il justifie enfin les retards par les conflits sociaux.

«Nous allons achever la réorganisation du technicentre de la Blancarde»

L’année 2015 est alors annoncée comme celle du rebond avec une action sur trois axes : le matériel, les travaux sur les infrastructures et une meilleure information client. « Nous allons achever la réorganisation du technicentre de la Blancarde afin de travailler d’avantage la nuit et le week-end. Nous entamons un dialogue social nourri pour aboutir sur cette question. A court terme, avec l’appui de la direction nationale de la SNCF, nous achetons une rame et nous en louons six à d’autres régions», indique-t-il.
Concernant les infrastructures, il annonce le lancement «d’un plan national pour remédier aux situations les plus critiques.»
Et à propos de l’information aux usagers, il considère: «Il y a un vrai malaise. Nous sommes défaillants sur ce point. Nous allons travailler afin d’être plus pertinents».
Il conclut en indiquant, que, à moyen terme : «Il faut une gare souterraine à Saint-Charles. C’est vital car la gare est saturée. Ces travaux sont donc vitaux pour les grands trajets mais surtout pour permettre un développement du transport au quotidien».
Jean-Yves Petit, après avoir écouté attentivement, rappelle que la Région poursuit en 2015 le développement du TER avant de préciser: «Le parc régional comprend actuellement 553 voitures voyageurs et 44 locomotives. 236 de ces voitures sont neuves ou ont moins de 10 ans, 94 ont moins de 15 ans et font partie d’un programme de rénovation qui s’étale jusqu’en 2018». Il cite également les 26 nouvelles rames financées par la Région. «Au total, depuis 10 ans, la Région a consacré 832M€ pour l’achat et la rénovation du matériel roulant. 50M€ sont par ailleurs versés par la Région à la SNCF pour son entretien».
Pour lui : «Il s’impose que les usagers soient satisfaits. 2014 a été catastrophique, car ce qu’ont vécu les usagers, notamment lors de ce dernier trimestre, n’est pas acceptable. Philippe Bru a annoncé des décisions, il faut des résultats très vite. Et l’information est un élément important car l’usager considère ne pas être informé assez vite ni de façon suffisamment fiable». Il poursuit : «Philippe Bru n’a pas évoqué la dégradation du dialogue social, principale cause de la suppression de trains. Il faut retrouver un dialogue à la hauteur des enjeux.»
Concernant le TER à un euro, appliqué dans le Languedoc-Roussillon, il indique: « Nous avons fait le choix, depuis plusieurs années, d’un coût social adapté. La carte ZOU prend en charge le déplacement entre le logement et le lieu d’étude et offre 50% de réduction sur les autres trajets. Une autre permet de disposer d’une réduction de 75% sur le trajet de préférence, la carte Zou solidaire garantie une réduction de 90% … On peut ainsi avoir des parcours à moins d’un euro. De plus la demande des usagers concerne la fiabilité, la qualité et la sécurité de l’offre».
Michel CAIRE

Une attention pour les usagers

Conscient de l’impact de ses défaillances sur le quotidien des usagers et à la demande de la Région, la SNCF a décidé de faire un geste commercial auprès des abonnés du TER des lignes les plus perturbées : Marseille-Aubagne-Toulon-Les Arcs; Les Arcs-Grasse-Cannes-Nice-Monaco-Vintimille; Nice-Breil; Marseille-Miramas par la Côte Bleue; Marseille-Aix-Gap-Briançon. Tous les abonnés Travail et Zou ! Annuel ou mensuel, bénéficient d’un geste. Les abonnés annuels se verront offrir le mois de février. Les abonnés mensuels ont bénéficié d’une réduction de 50% pour le mois de janvier (hors prestation urbain) sur présentation d’un coupon mensuel d’octobre, novembre ou décembre.

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