RSE. Livre blanc : les bonnes pratiques pour les entreprises face aux transitions

Publié le 21 mars 2023 à  7h30 - Dernière mise à  jour le 6 juin 2023 à  21h01

C’est dans les locaux de l’iconique restaurant « Le République » que vient de se tenir une rencontre avec cinq entreprises engagées et performantes, le représentant de l’État en charge de l’emploi et des solidarités de la région sud et le responsable du Lab RSE Innovation. Une rencontre à laquelle participait Gérald Passedat, chef étoilé du Petit Nice à Marseille.

Philippe Girard, fondateur du Lab RSE Innovation, Laurent Neyer, Dreets Provence-Alpes-Côte d'Azur, les chefs Gérald Passedat et Sébastien Cortez entourés des entreprises lauréates des Trophées 2022 des transitions et de la RSE (Photo Joël Barcy)
Philippe Girard, fondateur du Lab RSE Innovation, Laurent Neyer, Dreets Provence-Alpes-Côte d’Azur, les chefs Gérald Passedat et Sébastien Cortez entourés des entreprises lauréates des Trophées 2022 des transitions et de la RSE (Photo Joël Barcy)
En s’appuyant sur le témoignage des entreprises lauréates des Trophées 2022 des transitions et de la RSE et sur les études du nouveau livre blanc porté par les Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets), Philippe Girard, fondateur du Lab RSE Innovation et Laurent Neyer, directeur régional délégué Dreets Provence-Alpes-Côte d’Azur ont évoqué les perspectives ouvertes par les nouvelles formes d’ancrage territorial, les prises en considération de la dimension écologique et les nouvelles méthodes de management non directifs. Laurent Neyer explique ainsi ce qui a conduit à la réalisation de ce livre blanc en rappelant que, selon l’organisation internationale du travail (OIT): «Le monde tel que nous le connaissons s’est arrêté brusquement au début de l’année 2020». pour affronter cette crise, les entreprises et organisations ont développé des stratégies d’adaptation au plus près des enjeux économiques et sociaux, depuis l’étape de résilience puis de rebond pour aller vers de nouvelles transitions. La crise traversée lors de la pandémie présente cette particularité qu’elle a accéléré les changements de manière inédite dans l’histoire des organisations. «Il s’agit de recueillir des bonnes pratiques, de les disséminer et d’adapter ainsi les modalités d’accompagnement, bref de proposer les bonnes recettes pour permettre aux entreprises d’être encore plus agiles», explique Laurent Neyer.

L’entreprise face aux nécessaires transitions

Fin 2021 et début 2022, le nombre de démissions a atteint un niveau historiquement haut, avec près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI. Et entre 2023 et 2025, d’après une enquête du cabinet de recrutement Robert Walters, 71% des collaborateurs songent à changer d’entreprise. Parmi le premier motif de démission le management apparaît pour 51% des personnes interrogées. La flexibilité est devenue un des critères primordiaux pour les nouvelles générations qui sont également en quête de sens. Les confinements ont poussé les collaborateurs d’entreprises à repenser l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.

La RSE fait aujourd’hui partie intégrante de la culture d’entreprise

Si la rémunération et la volonté d’évoluer dans sa carrière en changeant d’entreprise restent des notions importantes, la quête de sens et le bien-être et la QVT (qualité de vie au travail) sont des critères qui incitent à quitter son employeur actuel. 32% déclarent qu’ils renonceraient à quitter leur entreprise si de nouveaux dispositifs étaient mis en place pour prendre en compte le bien-être des salariés. Dans ce contexte, la RSE fait aujourd’hui partie intégrante de la culture d’entreprise et devient un sujet central. Les entreprises ont pris conscience qu’elles devaient élaborer leur modèle économique en donnant du sens à leurs actions et en prenant en considération leurs impacts sur la planète et le bien-être global, aussi bien des collaborateurs, que du consommateur final. Dans ce contexte les entreprises lauréates des Trophées des Transitions et de la RSE 2022 offrent des pistes. Il est à noter que ces entreprises mises à l’honneur sont toutes performantes sur le plan économique. Pour candidater les entreprises, à partir de deux salariés, doivent remplir un questionnaire très simple de 20 questions, à remplir en ligne. Il couvre les grands thèmes de l’ISO 26000, norme de référence en responsabilité sociale autour de 5 grands axes : vision et gouvernance, ressources humaines et aspect sociaux, environnement, réalisation-fabrication des produits/services et, enfin, ancrage territorial.

«Le passage d’un management contrôlant à un management « accompagnant »»

Le livre blanc intitulé « L’entreprise face aux nécessaires transitions » porté par le LAB RSE Innovation sur la base d’une enquête par questionnaire conduite auprès des relais professionnels (consulaires, fédérations) et d’une étude co-élaborée par le Carif-Oref (Centre d’animation, de ressources et d’information sur la formation – Observatoire régional de l’emploi et de la formation, à la demande de la Dreets , démontre les impacts de la crise sur les entreprises et leur évolution vers des «organisations apprenantes». «Au fil des deux années durant lesquelles cette étude a été conduite, de 2020 à 2022, des éléments d’analyse puis de réponse ont été élaborés en concertation avec les acteurs de l’emploi et les entreprises du territoire», indique Philippe Girard qui rappelle que «ces bonnes pratiques relevées constituent la matière de nouveaux modèles riches d’enseignements» pour aborder et mettre en œuvre les changements utiles. Il cite ce qui fait la trame de ce livre blanc : l’implication des salariés et la fidélisation – le passage d’un management contrôlant à un management « accompagnant » – le développement de la délégation et de la responsabilisation – le déploiement dans son organisation des 4C, la pensée critique sont l’un des fondements du dialogue social, – la mise en place d’une politique RSE, – une meilleure crédibilité aux yeux de toutes les parties prenantes. Philippe Girard insiste également sur le fait que la Covid a posé la question du sens. «Vous vous rendez compte que seulement 6% des salariés sont impliqués dans l’entreprise et, pire 25% des salariés militent contre l’entreprise alors, si le entreprises travaillaient sur l’implication des salariés imaginez les gains qu’elles pourraient faire». [(

Philippe Girard

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«Relever sur le terrain les bonnes pratiques»

«Des entreprises ont su rebondir pendant la Covid, faire preuve de résilience. La Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités de Provence-Alpes-Côte d’Azur a voulu s’inscrire dans ces réflexions de « l’après-covid », non pas de manière théorique, mais en relevant sur le terrain les bonnes pratiques ayant permis à des entreprises « de passer le cap » et d’engranger une expérience qui renforce durablement leur robustesse face à de nouveaux défis, prévisibles ou non», explique Laurent Neyer qui révèle: «Il nous est alors apparu crucial de ne pas passer à côté de cette expérience grandeur nature. Au contact direct avec les entreprises et le monde économique, nous avons lancé une vaste investigation pour analyser et comprendre concrètement les actions et les sous-jacents qui ont pu permettre à certaines entreprises de mieux s’en « sortir », le tout dans un souci de documenter de manière factuelle les leviers de cette résilience, de ce rebond, et de partager le plus largement possible ces analyses et découvertes, afin d’aider collectivement nos entreprises à se préparer aux prochaines crises et inévitables mutations sociales et économiques». Il met en premier lieu en avant la nécessité pour les chefs d’entreprise de travailler sur leurs peurs afin de pouvoir impliquer les salariés et la nécessité de s’inscrire dans des réseaux apprenants. [(

Laurent Neyer

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Gérald Passedat: «Il importe d’être solidaire»

Le chef triplement étoilé Gérald Passedat est membre de la Petite Lili -association qui porte notamment Le République, restaurant entre autres solidaire- il intervient par ailleurs à l’Après M -fast-food social et solidaire situé dans l’ancien McDo de Sainte-Marthe (14e)- où, outre deux recettes de burgers, deux Ovnis, au poisson et au bœuf, il a apporté son savoir à l’association, aux syndicalistes derrière ce projet en matière de gestion, des règles d’hygiène… Il insiste sur l’importance de la transmission, de tendre la main. «Dans ce monde entre deux chaises la formation, l’insertion sont importantes. Il faut être solidaire. Tendre la main, ouvrir les bras à des gens en difficulté ne peut être qu’un moteur pour l’avenir». Sébastien Cortez, autre chef partie prenante de l’aventure de La Petite Lili ajoute: «Le partage est la base de notre métier, nous sommes des aubergistes». En plus, poursuit-il: «Il faut mesurer à quel point notre secteur offre des possibilités de promotion. On peut entrer comme plongeur, comme serveur, et, rapidement progresser pour arriver à de très bons salaires et nous nous sommes là pour faire avancer, échelon par échelon». Reportage vidéo Joël BARCY, rédaction Michel CAIRE [(Les entreprises représentées (lauréates des Trophées des Transitions et de la RSE 2022) Erilia :Prix de la grande entreprise des Transitions et de la RSE (Marseille) Erilia, en tant qu’acteur majeur du logement social en France, porte un puissant esprit de solidarité lié à sa mission d’intérêt général. Avec 65 000 logements en France, 1 500 logements neufs livrés en moyenne par an, plus de 2600 logements réhabilités chaque année, 915 collaborateurs, 414 millions d’euros de chiffre d’affaires, Erilia conçoit, construit et gère sur la durée des lieux de vie à fort impact social, territorial et environnemental. La société inscrit dans ses statuts sa raison d’être «rendre le logement accessible à tous pour changer la vie et contribuer à l’attractivité des territoires» ainsi que ses objectifs sociaux et environnementaux. Un comité de mission et un organisme tiers indépendant vérifient que ses actions sont en adéquation avec ses engagements en tant que société à mission. Jifmar : Prix des transitions et de la RSE de la PME 2022 (Aix-en-Provence) Jifmar Offshore Services est un armateur-fournisseur de solutions maritimes intégrées. La société (350 collaborateurs et 39 millions de CA à Aix en Provence) compte une flotte de 45 navires et des équipements modernes qui sont déployés à l’autre bout du monde comme dans la région PACA pour réaliser des travaux au service d’ingénierie complexe (installation des éoliennes flottantes, inspection barrage). Impliquée dans les problématiques environnementales, Jifmar travaille, entre autres, sur des projets de cargo à voile, bateaux électriques ou hybride. Intermedical : Premier prix Trophée des Transitions et de la RSE (Hyères -Var-) Intermedical, c’est 133M€ de chiffre d’affaires et ses 40 salariés. La société travaille dans le négoce de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux à l’exportation. Depuis plusieurs années, Intermed Exportation développe une politique RSE engagée. Sa raison d’être, «un engagement au quotidien pour la santé de l’Homme et de la Planète», reflète la conviction que la santé de l’homme et celle de son environnement sont étroitement liées. Garantir un « mieux commun » est au cœur de chacune des actions de la Société. En 2021, Intermedical est devenue la première Entreprise à Mission du Var (et la septième de PACA). Fatec group : Prix des Transitions et de la RSE des Bouches du Rhône (Marseille) Premier gestionnaire indépendant de flotte de véhicules en France, créé en 2013, avec une reprise d’activité en 2016, le groupe est passé de 43 à 170 salariés en moins de 10 ans. Aujourd’hui, l’entreprise génère 104 millions d’euros de chiffre d’affaires. Fatec Group offre des prestations de gestion opérationnelle et d’entretien de parc de véhicules. La société permet notamment une mobilité responsable en considérant toutes les parties prenantes, et en renforçant l’adhésion des collaborateurs, notamment à travers l’instauration d’un actionnariat salarié. Chocolaterie Castelain : Trophée Coup de cœur du jury (Châteauneuf-du-Pape Vaucluse) La chocolaterie Castelain, entreprise artisanale, créée en 1994, 61 salariés, 12,1M€ de CA, produit 1 070 tonnes de chocolats, dont 980 tonnes en bio. Préservation de l’environnement, politique anti-gaspillage, valorisation de l’humain, démarche associative, la société s’investit sur toutes les facettes de la RSE. Une des actions phare : la fabrication (réalisée bénévolement par les salariés), et la distribution de tablettes de chocolat aux réseaux associatifs pour les plus démunis. A titre d’exemple, sur le quatrième trimestre, la société a récolté 15 000 € de dons et a distribué 6 300 tablettes aux associations.)]

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