Raymond Duffaut : quarante ans au service de l’Opéra Grand Avignon

Publié le 4 juin 2014 à  20h08 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h52

Mardi soir, en réunissant Alain Fondary (à g.), le grand baryton âgé de 80 printemps et Julien Dran (à dr.), le jeune ténor (31 ans) pour le duo « Au fond du temple saint » des « Pêcheurs de perles » de Bizet et en invitant Françoise Garner à chanter un air de « Tosca », accompagnés par Dominique Trottein au piano, Raymond Duffaut a fait parler l’amitié, mais a aussi affirmé sa volonté d’être un passeur entre les générations d’artistes lyrique. Et c’est vrai qu’au cours de sa carrière, il n’a eut de cesse de faire confiance aux jeunes en les associant avec des aînés talentueux au sein de productions dont certaines sont restées dans les esprits (Photo M.E.)
Mardi soir, en réunissant Alain Fondary (à g.), le grand baryton âgé de 80 printemps et Julien Dran (à dr.), le jeune ténor (31 ans) pour le duo « Au fond du temple saint » des « Pêcheurs de perles » de Bizet et en invitant Françoise Garner à chanter un air de « Tosca », accompagnés par Dominique Trottein au piano, Raymond Duffaut a fait parler l’amitié, mais a aussi affirmé sa volonté d’être un passeur entre les générations d’artistes lyrique. Et c’est vrai qu’au cours de sa carrière, il n’a eut de cesse de faire confiance aux jeunes en les associant avec des aînés talentueux au sein de productions dont certaines sont restées dans les esprits (Photo M.E.)

« E Viva, e viva »… Le chant du chœur de l’Opéra Grand Avignon a résonné loin, sur la place de l’Horloge, s’échappant depuis les fenêtres ouvertes du foyer des artistes. « E viva ! » pour Raymond Duffaut qui, le 1er juin 1974 prenait la direction de l’établissement. Il allait demeurer 28 ans à sa tête avant d’en devenir conseiller artistique en 2002. Et là où lui est resté 28 ans, en 12 ans, huit directeurs se sont ensuite succédé, jusqu’à l’arrivée, il y a quelques jours de Ronan Allaire venu tout droit de Caen. Mais mardi, ce sont les 40 ans passés à l’Opéra par Raymond Duffaut que l’on fêtait.

Quel personnage que ce Raymond Duffaut, fils du « bâtisseur d’Avignon », Henri, qui fut maire de la ville de 1958 à 1983. La longueur du mandat du père et celle du fils à la tête de l’Opéra ont tendance à laisser penser que chez les Duffaut, on ne fait pas les choses à moitié. Dans ce milieu artistique, on le sait, les haines sont parfois terribles et les rancunes idem. Il a traversé 40 années sans se soucier des unes ni des autres ; traçant son sillon sans regarder sur les côtés. Dès l’âge de six ans, il est passionné par l’Opéra. Et adolescent il devient critique lyrique pour le grand quotidien d’alors, «Le Provençal». Mais c’est presque par hasard qu’il entrera dans la maison. Hasard ? Encore faut-il y croire. Destin ? Assurément. Sur sa ligne de vie professionnelle, il n’y a pas de place pour le hasard. Au fil des ans, Raymond Duffaut se révèle être un dénicheur de voix, un gestionnaire rigoureux. Jovial, bon vivant, il est aussi capable de colères noires. Un sacré caractère que celui du directeur. Et mardi soir, au cours de la réception donnée en son honneur, il avouera que celui-ci s’est beaucoup adouci depuis qu’il connaît Nadine, qui partage aujourd’hui sa vie.
« Vous êtes un homme libre qui dit la vérité ». A raison, Jean-Marc Roubaud, le Président du Grand Avignon, le qualifiait ainsi. Et comme toutes les vérités ne sont parfois pas bonnes à dire, Raymond Duffaut s’est souvent fait planter des couteaux dans le dos. Il faut croire que son armure est solide puisque l’homme est toujours debout. Son armure, c’est sa capacité de travail, sa détermination, sa créativité associées à la qualité de son oreille et à sa passion et à sa grande sensibilité que l’on a pu ressentir au cours de son discours, lorsqu’il évoqua la mémoire de la mère de ses filles. Alors oui, il est un homme libre.
Libre de dire, de penser, d’agir. Et si aucun homme politique, hormis le Président Roubaud et Michel Pezet, n’avait été convié à cette réception, c’était voulu. Raymond Duffaut avait préféré être entouré des personnels de la maison et des artistes qu’il remerciait chaleureusement pour leur engagement et leur passion. «Je comptabilise aujourd’hui quelque 4 000 levers de rideau et trois millions et demi de spectateurs», rappelait-il malicieusement. Et ce n’est pas terminé puisque cette réception, qui devait être celle du départ à la retraite, s’est transformée en anniversaire des 40 ans… En effet, à la demande des responsables du Grand Avignon, Raymond Duffaut a accepté de prolonger deux ans encore son activité de conseiller artistique. Il faut croire que ses préconisations sont précieuses à un moment où beaucoup de choses vont changer dans le paysage culturel, avec, entre autres, la construction des métropoles et la réforme des collectivités. Et c’est tant mieux. A très bientôt, Monsieur Duffaut…

Michel EGEA

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