Réactions. La Cnil s’oppose au projet de reconnaissance faciale à l’entrée des lycées de Nice et Marseille

Publié le 31 octobre 2019 à  10h36 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h29

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) vient d’épingler le projet de reconnaissance faciale que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur voulait déployer dans deux lycées à Nice et Marseille. Un avis défavorable qui ne manque pas de faire réagir Renaud Muselier et Christian Estrosi.

© Eric Delbecque
© Eric Delbecque
Sur le très délicat sujet de la reconnaissance faciale, le gendarme des données vient de rendre son avis sur le projet des lycées de Nice et Marseille. Le dispositif, juge la Cnil, «ne saurait donc être légalement mis en œuvre», car il est «contraire aux grands principes de proportionnalité et de minimisation des données posés par le RGPD (Règlement général sur la protection des données NDLR)». Les dispositifs mis en place «sont particulièrement intrusifs et présentent des risques majeurs d’atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles des personnes concernées. Ces risques se trouvent accrus lorsque les dispositifs de reconnaissance faciale sont appliqués à des mineurs, qui font l’objet d’une protection particulière dans les textes nationaux et européens.» Pour rappel, deux lycées étaient concernés par cette expérimentation menée : le Lycée Ampère à Marseille et le Lycée des Eucalyptus à Nice où des portiques à l’entrée avaient été installés afin de «réduire la durée des contrôles» et aussi «contrôler l’usurpation d’identité». Afin de mener à bien ce projet, la Région avait interrogé la Cnil quant au respect du RGPD, qui vient de rendre cet avis négatif. Les arguments de la Région avaient notamment fait réagir «La Quadrature du Net» qui voyait dans ce projet un moyen de participer à «la banalisation de ce type de technologies, alors que des projets sécuritaires de vidéosurveillance dopés à la reconnaissance faciale pullulent désormais sur le territoire français». L’association de défense des droits sur Internet, qui avait déposé un recours devant le Tribunal administratif de Marseille pour tenter d’annuler la décision, s’est félicitée de voir la Cnil rejoindre son camp.

Un nouveau projet dans les plus brefs délais

La Cnil considère que «les objectifs de sécurisation et la fluidification des entrées dans ces lycées peuvent être atteints par des moyens bien moins intrusifs comme par exemple un contrôle par badge.» Renaud Muselier, président LR de Provence-Alpes-Côte d’Azur réagit dans un communiqué et dénonce une décision qui a «un siècle de retard. Dans un monde où la reconnaissance faciale fait le quotidien de centaines de millions d’usagers de smartphones, il est incompréhensible de refuser des dossiers aussi simples et ambitieux que le nôtre.» Avant de souligner que : «l’État nous encourage à mener ce type d’expérimentation, et considère qu’il s’agit d’une priorité nationale : nous ne comprenons pas ce blocage qui va à l’opposé de la dynamique actuelle». Annonce qu’avec Christian Estrosi, président LR délégué de la Région et maire de Nice «nous allons étudier très soigneusement les raisons de ce refus et analyser ce qui n’a pas convenu à la CNIL» Et assure que «la Région déposera un nouveau dossier dans les plus brefs délais». Christian Estrosi, considère pour sa part que «la Cnil, encore une fois, démontre son rejet de toute forme d’évolution et d’expérimentation sur une technologie, la reconnaissance faciale, qui présente un réel intérêt pour renforcer la sécurité de nos concitoyens.»
Anna CHAIRMANN

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