Récital du Frère Arnaud Blunat au Centre Cormier de Marseille: Un piano profond et mystique

Publié le 11 décembre 2019 à  8h48 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h28

Un concert-conférence pour faire découvrir la spiritualité de Bach, Liszt et d’autres, c’est ce que proposait ce mardi le centre Cormier de Marseille, en invitant un frère dominicain pianiste, qui fait d’ailleurs de son piano un apostolat.

Frère Arnaud Blunat au Centre Cormier de Marseille (photo P.G.)
Frère Arnaud Blunat au Centre Cormier de Marseille (photo P.G.)
Venant de Montpellier, le Frère Arnaud Blunat installait d’emblée par ses mots de présentation une atmosphère de concentration et de recueillement, avant de délivrer deux chorals de Bach où se lisaient déjà l’intensité et la profondeur inspirée de son art. En effet, devant une assistance composée en très grande partie de nombreux jeunes étudiants captivés, le Frère Blunat situait certes brièvement avant chaque intervention la dimension mystique qui avait motivé le trajet personnel des compositeurs choisis. Or bien au-delà, c’est une magnifique approche du piano qui se fit entendre en ce lieu, grâce à un interprète transfigurant l’ancien petit Erard mis à sa disposition en un instrument aux sonorités puissantes, rondes et boisées. Il ne fallait certes pas chercher de la pyrotechnie dans ce récital commenté -bien que les «Légendes» de Liszt aient montré une réelle densité technique. Mais de manière marquante, la tension contemplative et l’émotion mystique des œuvres au programme étaient présentes à chaque instant. Avec également de belles découvertes, comme ces extraits du cycle «Musica callada» (littéralement : musique qui se tait ) du compositeur catalan Federico Mompou, d’après Saint-Jean de la Croix. En résumé, ce fut un moment rare et hors du temps, et de toute manière un bonheur pianistique par la hauteur de l’approche et la compréhension du clavier, ainsi que par l’ouverture d’esprit du conférencier. Le Frère Blunat n’est pas une star des estrades, pourtant il est certain que ce que nous entendîmes aurait dû servir de remise en cause à plusieurs interprètes bien plus vains, superficiels dans leur conception du piano ou encore assis sur une surprenante réputation pédagogique ou médiatique. A cent lieues en tout cas de cette élévation spirituelle et musicale.
Philippe GUEIT

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