Réforme des retraites: la valse à trois temps d’Emmanuel Macron

Publié le 22 mars 2023 à  20h35 - Dernière mise à  jour le 6 juin 2023 à  20h52

Le chef de l’État s’est exprimé, ce mercredi 22 mars lors des JT de 13 heures de TF1 et de France 2, interrogé par les journalistes Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier.

Réforme des retraites: Le chef de l’État interrogé par les journalistes Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier  (Photo capture d'écran)
Réforme des retraites: Le chef de l’État interrogé par les journalistes Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier (Photo capture d’écran)

« S’il faut endosser l’impopularité je l’endosserais »

Le président de la République s’est montré ferme, voire cassant, sur ses positions concernant la réforme des retraites, ce qui pourrait conduire à une radicalisation, et c’est le premier temps de la valse. Il ajoute qu’il faut maintenant attendre la décision du Conseil constitutionnel ce qui introduit une notion de temps long et c’est le deuxième temps. Puis il annonce qu’il y aura 20 millions de retraités en 2030, que cette réforme ne lui fait pas plaisir et «j’aurais aimé ne pas la faire» mais affirme que, contrairement à ses prédécesseurs, il n’a pas voulu «mettre la poussière sous le tapis». Il ajoute, plaçant son action sous le signe de la responsabilité: «S’il faut endosser l’impopularité je l’endosserais» tout en affirmant entendre la colère qui s’exprime sur la pénibilité au travail, les évolutions de carrière ou encore le partage des super profits. Enfin, au troisième temps de la valse, le chef de l’État affiche trois priorités pour la poursuite de son mandat: école, santé et écologie. Plusieurs temps donc mais, s’il faut l’en croire toujours une même chorégraphe: Élisabeth Borne.

Voir cette réforme entrer en vigueur avant la fin de l’année

Dès les premiers mots, Emmanuel Macron donne le tempo en signifiant que la réforme des retraites « va poursuivre son chemin démocratique » après sa préparation par le gouvernement, le débat au parlement, le vote au sénat, l’adoption par la commission mixte paritaire, le 49.3… Et de vouloir convaincre: «Cette réforme, elle est nécessaire» car, signale-t-il : «On doit investir dans nos services publics, notre école, notre santé. On ne peut pas prendre cet argent pour le mettre sur les retraites. Alors la formule magique qui est implicitement le projet de toutes les oppositions et de tous ceux qui s’opposent à cette réforme, c’est le déficit qui veut dire que vous choisissez de faire payer vos enfants». Et d’afficher l’ambition de voir cette réforme entrer en vigueur avant la fin de l’année. S’il attaque: «Aucune force syndicale n’a proposé de compromis », le chef de l’État revient sur la polémique naît après ses propos sur « la foule» qui n’aurait «pas de légitimité face au peuple, qui s’exprime, souverain, à travers ses élus». Il tient à préciser que «les syndicats ont une légitimité» mais qu’il visait «les factieux et les factions et l’attitude de groupes qui utilisent la violence», évoquant les épisodes insurrectionnels qui se sont déroulés aux États-Unis et au Brésil.

Invite les organisations syndicales et les forces politiques à renouer le dialogue

S’il affirme qu’il ne reculera pas sur les retraites, le président de la République invite à tourner la page en avançant qu’il dépend de lui «d’essayer d’entendre la colère légitime, qui n’est pas la violence, qui s’est exprimée au moment de ces contestations». Et d’évoquer «un besoin de justice», face «au cynisme» de grandes entreprises qui «font des revenus tellement exceptionnels qu’ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions». Il se prononce en faveur d’une « contribution exceptionnelle» de la part des entreprises «quand il y a des profits exceptionnels». Et d’inviter les organisations syndicales et les forces politiques à renouer le dialogue notamment sur les conditions de travail, le retour à l’emploi des personnes qui en sont le plus éloigné: en les aidant sur le logement, les transports, la garde des enfants. Il pointe aussi la pénibilité «il faut penser reconversion et fin de carrière» et «le travail qui ne paie pas assez avec un salaire médian qui est parmi les plus bas d’Europe».

Il y aura bien une loi immigration

Surtout, Emmanuel Macron insiste sur l’importance de réindustrialiser le pays. Il déplore «2 millions d’emplois industriels ont été détruits dans notre pays ». Face à cela, depuis 2017, rappelle-t-il: «On mène cette bataille du plein emploi et de la réindustrialisation. C’est le cœur de la bataille, cette société du plein emploi. Et on est en train de la réussir collectivement. On est passé de 9 % de chômage à 7 % aujourd’hui», et insiste-t-il: «On va continuer à avancer, à marche forcée » cette réindustrialisation. Emmanuel Macron annonce enfin qu’«il y aura bien une loi immigration et plusieurs textes arriveront dans les prochaines semaines».
Michel CAIRE

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