Regards de Provence. « de la collection à l’atelier « : regard sur l’aventure de la création contemporaine en Provence et en Méditerranée

Publié le 15 juillet 2021 à  20h30 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h20

Le musée Regards de Provence met à l’honneur, depuis le 29 juin et jusqu’au 28 novembre, l’art contemporain avec l’exposition « De la collection à l’atelier », qui revendique son soutien aux artistes du Sud et nationaux de la collection de la Fondation Regards de Provence, à Marseille.

Chostakoff M. Horizon 19, La Seyne sur Mer 1997
Chostakoff M. Horizon 19, La Seyne sur Mer 1997

C’est dans les contextes de crise que l’Art doit révéler ses valeurs humaines, de catalyseur d’énergies positives, de symbole d’ouverture d’esprit, d’évasion, de lien social. La Fondation Regards de Provence a constitué une collection d’œuvres d’art dès le début de sa création en 1997. Elle représente un ensemble de plus de 1 000 œuvres qui est constitué de peintures, dessins, sculptures, photographies, couvrant plus particulièrement la fin du XIXe jusqu’au début du XXIe siècle. La collection se caractérise par trois volets distincts. Le premier privilégie la création artistique qui rend compte des nombreux particularismes de la région Sud de 1850 jusqu’aux années 1900 ; Le second volet fait le pont sur la première moitié du XXe siècle. Le troisième volet s’ouvre sur des œuvres contemporaines qui se manifestent dès l’après-guerre. Cet ensemble de plus de 300 œuvres, d’une centaine d’artistes, illustre bien la volonté du musée de poser un regard sur l’aventure de la création contemporaine en Provence et en Méditerranée.

Le musée met en valeur sa collection d’œuvres contemporaines d’artistes vivants

Dans cette exposition, «De la Collection à l’Atelier», le musée met en valeur sa collection d’œuvres contemporaines d’artistes vivants jamais encore présentée dans un tel ensemble. De nombreuses œuvres d’artistes ont été acquises, pour certaines il y a plus de 20 ans, dès le début de la fondation du musée. Depuis, ces artistes vivants ont continué à travailler dans leur atelier. Mais que deviennent leurs productions dans cet espace-temps du secret alchimique loin de notre regard ? Le principe de l’exposition est d’associer aux œuvres de la collection des œuvres récentes, afin de faire découvrir le cheminement créatif actuel des artistes. En les
plaçant à côté des œuvres plus anciennes, on pourra identifier les éventuelles ruptures, les différences notables, ou les similitudes, les équivalences et les répétitions éventuelles qui pourraient s’y révéler. Le duo d’œuvres ainsi présenté ouvrira les portes à notre spéculation… Ainsi, renversant le cheminement habituel d’une collection – qui va «de l’œuvre en atelier au musée» –, la collection du musée se dirige ici vers l’atelier, en changeant le paradigme habituel.

Mettre en scène des regards croisés artistiques

Katia Bourdarel, Personna, 2018, Huile sur toile
Katia Bourdarel, Personna, 2018, Huile sur toile

L’ambition est de mettre en scène des regards croisés artistiques, mêlant peintures, dessins, photographies, sculptures, poésies et une vidéo et de donner à voir l’étendue de la collection, la pluralité de regards, de sensibilités et de techniques qui la compose. Quelle que soit la production d’un artiste, même la plus conceptuelle soit-elle, l’inspiration et la création procèdent très souvent d’une relation intime avec un territoire dans lequel on est né, ou que l’on a découvert, et très souvent choisi. L’esprit du lieu que l’on habite agit, inconsciemment ou non, sur notre état d’esprit, notre fonctionnement ; il nous alimente en sujets, en thèmes, en problématiques, en questions, en réflexions, en doutes…

46 artistes réunis

2019, Orlan s'hybride aux portraits des femmes de Picasso, 111,5 x 150 cm
2019, Orlan s’hybride aux portraits des femmes de Picasso, 111,5 x 150 cm

Nombreux sont les artistes qui ont effectué des allers-retours dans le Sud ou qui s’y sont installés parfois définitivement. Les 46 artistes réunis sont Thierry Agnone, Alfons Alt, Ludovic Alussi, Georges Autard, Brigitte Bauer, Ben, Emmanuelle Bentz, Olivier Bernex, Vincent Bioulès, Jean-Pierre Blanche, Katia Bourdarel, Eric Bourret, Charles Camberoque, Max Charvolen, Benjamin Chasselon, Marc Chostakoff, Frédéric Clavere, Robert Combas, Cécile Delolmo Bernard, Didier D.Daarwin, Bernard De Tournadre, Philippe Domergue, Adrian Doura, Luc Dubost, Feng Ge, Piotr Klemensiewicz, Izabela Kowalczyk, Jean Le Gac, François Mezzapelle, Patrick Moquet, Stéphan Muntaner, Philippe et Claire Ordioni, Orlan, Sylvie Pic, Serge Plagnol, Bernard Plossu, Christian Ramade, Olivier Rebufa, Georges Rousse, Nicolas Rubinstein, Jean-Jacques Surian, Michèle Sylvander, Gérard Traquandi, Aurore Valade, Claude Viallat, Gao Xingjian.

Cette mise en relation d’œuvres effectuées à des distances plus ou moins éloignées permet de rappeler une réalité inhérente à toute création, quel que soit le domaine concerné : arts plastiques, musique, littérature, poésie… En effet, de même que pour les différents champs de la création, l’histoire de l’Art témoigne à toutes les époques de périodes marquées par des esthétiques différentes dans le parcours d’un même artiste.

La création d’aujourd’hui deviendra le patrimoine de demain

Bioulès Vincent, Le Mazet d'après maman
Bioulès Vincent, Le Mazet d’après maman

Les œuvres de la collection de la deuxième partie du XXe siècle se démarquent de la première moitié du XXe par des ruptures et des remises en question de « la question de l’art », sur ses contradictions, sa remise en cause de la représentation (réalité/réalisme), de sa finalité, de ses enjeux ; sans oublier l’utilisation de techniques nouvellement apparues au fil des décennies qui ont accompagné et généré tant de productions artistiques singulières. Ces remises en questions et ces problématiques qui sont apparues peuvent se retrouver bien lisibles chez les artistes tels que Le Gac, Ben, Viallat, Bioulès, Rousse, Arman, Combas, Orlan… La création d’aujourd’hui deviendra le patrimoine de demain. C’est elle qui éclairera ceux, qui, comme nous aujourd’hui avec les œuvres du passé, n’ont pas connu l’époque dans laquelle elles ont été produites.

certains artistes tracent un même sillon depuis des années

Viallat C. Sans titre, n° 169, 2000
Viallat C. Sans titre, n° 169, 2000

On se rendra compte que certains artistes tracent un même sillon depuis des années, que d’autres en ouvrent de différents, parfois contradictoires, et qu’il leur faut puiser dans ces traces émergentes les ressources de leur poursuite intellectuelle afin de faire dire au mieux tout ce qui pourrait encore être dit et montré de ce qui les préoccupe intimement… Parmi les œuvres qui s’inscrivent dans la durée d’une problématique plastique ou d’un propos sémantique, philosophique, conceptuel permanent, on pourra citer entre autres : Claude Viallat dont le travail, qui est un exemple de sillon tracé depuis le milieu des années 60, met en variations une forme initiale dans différentes composition, et sur des supports variables qui opère les subtiles différenciations entre chaque œuvre.
Ben - Etre libre
Ben – Etre libre

De son côté, Ben poursuit son inépuisable écriture autour de ses thèmes de prédilection : l’égo, l’actualité, la culture, les ethnies, l’Occitanie… Ce qui varierait chez lui, ce sont les fonds colorés sous ses écritures, et les supports aléatoires de ses rencontres, mais le cœur du propos reste le même. Robert Combas a inventé une écriture plastique, par laquelle on le reconnaît, faite de textes mélangés à des images issues d’une culture rock, qu’accompagne une palette de couleurs saturées et ludiques. Son travail s’inscrit lui aussi dans une continuité d’un vocabulaire réitéré de formes artistiques.

valoriser la vitalité artistique du territoire

Parmi les artistes qui orientent différemment leur production, on peut citer encore Orlan qui pourtant poursuit toujours sa quête sur son propre corps. Si le sujet est toujours le même depuis de nombreuses années, elle n’agit plus chirurgicalement sur lui, mais par l’intermédiaire de morphings à partir d’images de masques africains, ou de visages précolombiens, poussant ses hybridations récentes jusqu’à combiner son visage avec des peintures de Picasso, (ici Dora Maar), et provoquer la question de «ce qui fait visage» avec, et dans des cultures différentes et éloignées. Également, Patrick Moquet qui, même s’il questionne toujours la «peinture-qui-dit-la-peinture», pose la question du dessin qui a toujours été premier à la peinture dans une certaine tradition où le dessin est préparatoire à la réalisation du tableau.

Depuis quelques temps, il interroge ce qui est établi historiquement et expérimente l’idée que le dessin peut s’instaurer après la peinture. Après avoir reproduit en peinture une scène du film «Dans la forêt », de Gilles Marchand, cette peinture va l’alimenter comme sujet, afin de le conduire à la réalisation d’un ou plusieurs dessins, à partir de différents étapes dans l’élaboration suspendue de sa peinture, qui voudraient rendre compte de la picturalité du tableau à travers les gris judicieux du crayon qui tentent de faire apparaître l’identification d’une peinture dessinée. L’exposition s’inscrit pleinement dans une démarche visant à valoriser la vitalité artistique du territoire et à faire rayonner la création locale à l’échelle régionale et nationale.

[(Informations pratiques et Visites du Musée Regards de Provence
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h – Billet expositions temporaires : Plein Tarif : 6,50€. Tarifs réduits: 5,50€ – 4,70€ – 2,00€ – Billet couplé expositions temporaires & scénographie permanente : Plein Tarif : 8,50€. Tarifs réduits 7,50€, 6,50€ – Visites commentées hors groupe : tarif d’entrée + 7€ /pers. (hors groupe), le mardi et samedi à 15h sur réservation – Visites commentées pour groupe : tarif d’entrée + 7€ /pers., tous les jours sur réservation – Visite commentée gratuite hors groupe le samedi à 10h30, hors droit d’entrée sur réservation (6 à 25 personnes).
Inscription sur réservation au info@museeregardsdeprovence.com ou au 04 96 17 40 40 – Musée Regards de Provence – Allée Regards de Provence – 13002 Marseille – museeregardsdeprovence.com)]

Articles similaires

Aller au contenu principal