Région Paca: Une élection de Christian Estrosi sans surprise mais pas sans émotion

Publié le 18 décembre 2015 à  22h51 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h57

«Au moment où je prends pour la première fois la parole à cette tribune, je mesure le poids des responsabilités que les femmes et les hommes de Provence, des Alpes et de Côte d’Azur ont librement choisi de me confier». L’émotion est palpable lors de cette plénière -qui se tient au sein de l’Hémicycle de l’Hôtel de Région à Marseille- qui voit Christian Estrosi être élu à sa tête; elle l’est lors de son élection, couronnée d’une standing-ovation; elle l’est lors de son intervention lors de laquelle, une nouvelle fois, il rend hommage à «ceux qui ont fait le choix de ne pas siéger dans cette enceinte» et d’encourager toutes les femmes et les hommes qui soutenaient leur projet «à se rassembler derrière les mêmes idéaux républicains». Émotion et symbole lorsque Michel Vauzelle, son prédécesseur, PS, entre dans l’hémicycle pour lui remettre son écharpe rouge et jaune de Président, «un passage de témoin, geste républicain» qui fait suite à son élection sans surprise par 81 voix contre 42 pour la candidate FN.

Christian Estrosi LR élu président de la région Paca sans surprise...  (Photo Robert Poulain)
Christian Estrosi LR élu président de la région Paca sans surprise… (Photo Robert Poulain)
... mais, pas sans émotion (Photo Robert Poulain)
… mais, pas sans émotion (Photo Robert Poulain)
Michel Vauzelle, son prédécesseur (PS) lui remet son écharpe rouge et jaune de Président (Photo Robert Poulain)
Michel Vauzelle, son prédécesseur (PS) lui remet son écharpe rouge et jaune de Président (Photo Robert Poulain)
Le conseil des Sages en formation avec les anciens présidents de la Région Michel Pezet et Jean-Claude Gaudin (Photo Robert Poulain)
Le conseil des Sages en formation avec les anciens présidents de la Région Michel Pezet et Jean-Claude Gaudin (Photo Robert Poulain)

Sans surprise aussi et préfigurant le climat des six années à venir, le discours de Jean-Pierre Daugreilh, FN, qui, en tant que doyen a pu prendre le fauteuil de président avant l’élection. Occasion pour lui de prononcer un discours tout aussi peu protocolaire que violent qui laissera de marbre l’élu Républicain. Puis vient le temps de la proclamation des résultats, des applaudissements, des «Christian ! Chrisitian !». Lequel se lève, étreint son voisin, Renaud Muselier, sa tête de liste dans les Bouches-du-Rhône, serre les mains, embrasse les élus de sa liste tout au long de son parcours vers le perchoir. A la tribune ont pris place Michel Pezet (PS) et Jean-Claude Gaudin (LR), anciens présidents de Paca, qui composeront, avec Michel Vauzelle, le Conseil des Sages que le nouveau président entend mettre en place avec un conseil territorial «pour que vive la liberté d’expression, de proposition, d’opposition, indissociables de l’idée que je me fais de la démocratie». Également présents, les présidents des conseils départementaux : Martine Vassal (LR) (Bouches-du-Rhône), Marc Giraud (LR)(Var), Jean-Marie Bernard (DVD) (Hautes-Alpes). Et on pouvait noter également la présence de Hubert Falco, sénateur-maire de Toulon ainsi que Gérard Bonnet, le président du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser).

«Je serai un président libre qui gère la région sans idéologie ni parti pris»

Pour Christian Estrosi qui affirme: «Je serai un président libre qui gère la région sans idéologie ni parti pris», le premier enjeu du scrutin est de «faire vivre la dignité républicaine ici, dans cette enceinte, dans toute notre région et pour tous ses habitants». Et de rendre hommage aux agents de la région: «Nous savons tous la qualité de votre travail, et c’est d’abord elle que nous voulons préserver». Il annonce avoir programmé un rendez-vous avec le Premier ministre «pour engager la consolidation du contrat de plan État-Région, notamment sur le volet infrastructures».
Puis de rendre hommage au maire de Marseille «C’est avec affection que je m’exprime aujourd’hui dans ce fauteuil avec Jean-Claude Gaudin à mes côtés alors même qu’il occupait ce fauteuil j’étais son premier vice-président et qu’il m’a tant appris au cours de ma vie politique». Il revient sur sa vision du Conseil territorial : «Il sera composé de membres désignés par les formations politiques qui ont concouru au premier tour de ces élections régionales représentant les six départements de notre région. Chaque parti pourra constituer un groupe qui lui permettra de s’exprimer sur les grands sujets de la région; sur les grands investissements que j’entends lancer et sur la gouvernance de l’institution. Il aura également vocation à formuler des propositions qui, chaque fois qu’elles feront consensus et qu’elles répondront à l’intérêt général dans le cadre de nos compétences pourront être débattues dans notre assemblée sur décision de l’exécutif». Un Conseil qui se réunira dès le 1er trimestre 2016 mais que la frontiste Marion Maréchal-Le Pen a raillé, en parlant de gadget donnant «l’occasion de défrayer, embaucher, subventionner ceux qui étaient les adversaires d’hier et sont devenus la roue de secours de Christian Estrosi». Et considérant qu’il s’agit là… «d’un déni de démocratie.»

«J’ai pensé à mes copains de classe»

Puis d’inscrire la région dans l’Histoire. «C’est le berceau de Frédéric Mistral…; c’est celle d’Adolphe Thiers…; de Georges Clémenceau…; de Jean Giono, du général de l’Armée de l’Air Louis Delfino qui rejoint Normandie-Niemem…; de Jean Drouot-L’Hermite qui libère Gap avec les seules forces de la résistance…; de René Char pour qui la poésie et la résistance au nazisme ne faisaient qu’un». Il évoque enfin Albert Camus «qui rêvait d’humanisme sur sa terre française d’Afrique» et Simone Veil, la niçoise «rescapée des camps qui après avoir côtoyé quotidiennement la mort, s’engage pour la vie et la liberté des femmes». «Au moment de recevoir cette charge, avoue-t-il, j’ai pensé à cet héritage, à cette histoire, à notre culture, à nos racines que j’ai pour devoir de protéger et de préserver. J’ai pensé aux miens, à ma grand-mère qui me parlait français avec son accent rocailleux d’Italie, à mes grands-parents qui ont choisi la France non pour en tirer profit mais pour lui donner leur travail et leur cœur». «J’ai pensé, poursuit-il, à mes copains de classe, fils de pieds-noirs, fils de harkis, d’arméniens; chrétiens, juifs, musulmans, si représentatifs de la diversité de notre peuple». «C’est en me fondant sur ces deux millénaires d’histoire, sur son peuple magnifique, sur sa géographie incomparable, que nous voulons bâtir la Région de demain. Une terre d’excellence, puisqu’elle est une terre d’innovation, de recherche et de production», affirme-t-il. Elle devra être aussi une terre «où il fait bon vivre et où la justice et l’équité seront au centre de l’action politique. Une terre où l’inventivité des entrepreneurs sera accompagnée; où l’attractivité sera développée; où la sécurité sera renforcée, une terre où la créativité des artistes sera encouragée».

«Tout miser sur l’emploi, sur le développement économique sur l’innovation»

Il affiche son ambition : «Tout miser sur l’emploi, sur le développement économique sur l’innovation. (…). Je serai le Président de la bataille pour l’emploi. Toutes les mesures que nous engagerons iront dans le sens de cette cohésion au service de l’économie et de l’emploi ». Considérant que pour gagner la bataille de l’emploi, il faut favoriser «l’investissement sur le fonctionnement, en réalisant 25% d’économies sur les frais de fonctionnement ce qui nous permettra d’augmenter notre capacité d’investissement afin de réaliser de grands projets structurants». Met en exergue le tourisme et la définition d’un Schéma Régional du Tourisme pour fédérer les structures existantes, promouvoir les 3 marques de la Région -Provence, Alpes et Côte d’Azur- et «développer les activités sur l’ensemble de l’année». Il entend également développer des filières d’excellence «à travers 12 opérations d’intérêt régional que nous créerons en lien avec les collectivités territoriales dans des domaines tels que l’aéronautique, l’agriculture, la défense, les biotechnologies, le numérique, le digital». Une action autour de filière industrielle pour développer les start-up, les incubateurs les pépinières d’entreprises, les petites et moyennes entreprises «afin de les aider à devenir des entreprises de taille intermédiaires et veiller à ce que les donneurs d’ordres privilégient la sous-traitance locale est également programmé». Tout comme le soutien aux 11 pôles de compétitivité «que j’avais installés lorsque j’étais ministre de l’Aménagement du territoire et qui représentent 52 000 emplois et 3 200 entreprises», rappelle le nouveau président qui n’omet pas d’évoquer l’importance qu’il accorde à la French Tech de Marseille, Nice, Sophia Antipolis, Toulon. Il ne cache pas qu’il veut faire de la croissance verte un levier pour rationaliser les politiques publiques en matière d’énergie, de gestion des déchets ou de sécurité, soulignant tous les atouts dont bénéficie la région.

Mise en place de la Conférence régionale et permanente pour la culture

Toujours en matière d’emploi, il parle de l’importance de la formation tout au long de la vie et de sa volonté de créer un guichet unique «que les entrepreneurs de notre région, indique-t-il, attendent pour faciliter leurs démarches et leurs investissements.» S’engageant sur des délais adaptés au monde de l’entreprise avec une instruction des dossiers en 15 jours et un déblocage des fonds en 1 mois.
Il manifeste son ambition de créer le fonds d’investissement pour toutes les entreprises de la région «quelle que soit leur taille, leur projet, leur nationalité. Je me refuserai toujours d’effectuer un tri parmi les créateurs de richesses, mon seul critère sera celui de l’emploi».
Pour mettre en place tous ces outils, Christian Estrosi réunira dès lundi les présidents de Chambres de Commerce et d’Industrie de tous les départements de la région «car ils sont des acteurs majeurs de notre économie et que rien de solide et sur la durée ne peut se concevoir sans leur concours actif», tient-il à préciser.
La culture a été tout au long de la campagne un terrain d’affrontement entre Christian Estrosi et le FN. Une fois élu, il n’oublie pas cet affrontement, ses promesses : «Nous lancerons la mise en place de la conférence régionale et permanente pour la culture. Je considère en effet que les acteurs culturels, les projets culturels, la liberté, la diversité de création, la production et la diffusion culturelles sont des éléments fondamentaux de notre âme régionale, et je veux le souligner immédiatement».
Michel CAIRE

Trains régionaux : Rendez-vous est pris avec Guillaume Pépy

Christian Estrosi a annoncé dans le même temps avoir programmé lundi prochain un rendez-vous avec Guillaume Pépy, Président de la SNCF, «pour renégocier la convention d’exploitation des TER et imposer à la société des conditions plus drastiques sur la ponctualité et la régularité de nos trains. Car je vous le dis, je n’accepterai pas un instant de plus que nos trains soient les plus retardataires de France». «Nous mettrons en place, ajoute-t-il, une carte multimodale pour faciliter les déplacements dans tous les modes de transports de la Région. Nous présenterons aussi, au plus vite, le calendrier de déploiement des portiques de sécurité que nous voulons installer dans les gares».

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