Région Sud. Renaud Muselier : « une plénière qui pose les fondations des 7 prochaines années »

Publié le 17 décembre 2020 à  9h21 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h20

C’est une plénière adaptée à la Covid que présidera Renaud Muselier ce jeudi 17 décembre puisqu’elle se déroulera en présentiel avec procurations. Une Assemblée qui arrive au terme d’une année 2020: «exceptionnelle et historique en termes d’engagement financier et humain face aux crises de la Covid, en termes de négociation avec l’État et l’Europe». Elle est particulièrement importante pour le président de la région Sud puisqu’«elle pose les fondations des 7 prochaines années» avec «3 délibérations majeures» pour près de 17 milliards d’euros.

Plénière de la Région (Photo archives Destimed)
Plénière de la Région (Photo archives Destimed)

Le Président de région ne manquera pas d’évoquer la situation marseillaise, signalant avoir le plus grand respect pour Michèle Rubirola. Avance que, médecin, il prend avec le plus grand sérieux les problèmes de santé évoqués par l’ex-Maire, avant d’être plus critique sur le plan politique: «Je peux concevoir les problèmes de santé mais alors pourquoi devenir Premier adjoint ? C’est encore plus de travail que Maire». Au-delà il ajoute sa volonté de travailler «avec sa capitale régionale, la deuxième ville de France». Il déplore à ce propos, «n’avoir toujours pas reçu de dossiers en provenance de Marseille». Et ne cache pas son inquiétude : «Je n’ai vu Michèle Rubirola que vendredi dernier quand verrais-je le nouveau Maire?». Concernant celui qui est pressenti pour prendre les rênes de la mairie, il évoque le dossier des Hôpitaux de Marseille: «Benoît Payan demande 1 milliard d’euros, mais il faudrait déjà tenir l’engagement sur le dossier Copermo de 300 millions d’euros, 150 millions versés par l’État, 150 millions par les collectivités. Il a été validé il y a 2 ans après une réflexion de 10 ans, et n’est pas vraiment démarré. La ville de Marseille s’est engagée sur 25 millions d’euros… avant de demander le milliard à l’État, il faut d’abord tenir ses engagements». Puis de revenir à la plénière de la région et au rapport d’orientation budgétaire 2021 en rappelant: «En 2020, nous avons engagé 1,4 milliard d’euros pour l’urgence, la solidarité et la relance face à la crise de la Covid-19. Ce rapport fixe la situation budgétaire de la région et les priorités pour le futur budget 2021 qui sera voté à la plénière de février (1,8 milliard d’euros)». Il définit dans ce cadre des priorités : «garder une « COP d’avance », relancer l’économie régionale, renforcer la sécurité, soutenir le monde culturel, poursuivre l’aide aux territoires ruraux et urbains, consommer les fonds du Contrat d’avenir que nous signons vendredi (5 milliards d’euros), et préparer les futures compétences régionales en matière de santé».

Un Contrat d’avenir de 5,1 milliards d’euros

Le président de région met en exergue le Contrat d’avenir État-Région 2021-2027 qu’il se félicite de signer, ce vendredi 18 décembre à Toulon avec le Premier Ministre. «C’est un contrat historique» de 5,1 milliards d’euros (2,55 État, 2,55 Région) sur 2021-2027. Et de céder au plaisir de signaler: «Michel Vauzelle et Manuel Valls avaient voté un Contrat de plan État-Région 2015-2020 à 1,8 milliard d’euros ! Avec Christian Estrosi, nous avions obtenu un avenant de 120 millions d’euros alors que le groupe RN s’était abstenu». Il aborde ensuite les programmes européens 2021-2027. Pour afficher ses ambitions il revient en premier lieu sur la période 2014 et 2020: «nous avions 1 milliard de base, et nous avons finalement obtenu 4,6 milliards d’ euros pour le territoire régional, soit près de 5 fois plus». Alors, pour 2021-2027, indique-t-il: «Je fixe l’objectif 10 milliards d’euros : nous avons l’expérience, nous sommes structurés, et nous aurons le plan de relance européen en ligne de mire».

«On dirait que la priorité de l’administration est de fermer au maximum»

En ce qui concerne la situation sanitaire, Renaud Muselier déplore: «On nous a dit qu’il ne fallait pas les masques, puis que nous devions tous les porter, qu’il fallait confiner, déconfiner, avoir un couvre-feu, reconfiner, redéconfiner, re- avoir un couvre-feu et, maintenant on nous dit qu’il faut s’autoconfiner. Mais comment voulez-vous que les Français s’y retrouvent?». Puis de dénoncer: «Un paradoxe entretenu par le ministère de la Santé». Il explique: «Lorsque l’épidémie s’aggravait, on a su différencier les territoires -pas toujours de façon fidèle à la réalité- pour fermer les métropoles « rouges écarlates ». Des critères sur la base des courbes avaient été fixés: taux d’incidence (250), taux de positivité (10%), occupation Covid des services de réanimation (60%). Mais lorsque la situation s’améliore et que les courbes descendent, on n’a aucune différenciation et les décisions sont nationales». De fait, il considère : «On peut territorialiser ce déconfinement, métropole par métropole, région par région, massif par massif, avec des clauses de revoyure régulières chaque semaine». Alors, enchaîne-t-il: «On a gagné la réouverture pour les petits commerces, il faut maintenant y arriver pour le monde de la culture, les restaurateurs, les stations de ski». Il considère alors : «On dirait que la priorité de l’administration est de fermer au maximum. Inversons le raisonnement ! Cherchons à rouvrir tout ce qui peut l’être. L’État n’a pas réussi à contrôler l’application des protocoles sanitaires. Il en a conclu que la fermeture est l’option facile. Fermer, c’est facile. Ouvrir, c’est plus compliqué…».

«Je m’associe au recours en référé-liberté lancé par le monde de la culture»

Il en vient à la culture: «Les lieux de culture avaient tout prévu pour rouvrir le 15 décembre, dans le respect de règles sanitaires strictes, comme dans les lieux de culte, comme dans un TGV, voire mieux», insiste-t-il avant d’annoncer: «Je m’associe au recours en référé-liberté lancé par le monde de la culture. Quand les centres commerciaux ou les transports sont bondés, le vide des théâtres, des salles de concert, des cinémas ou des musées est assourdissant».

«Qu’est-ce qui empêche d’ouvrir un restaurant seulement le midi en semaine»

Puis, le Président de Région interroge : «Qu’est-ce qui empêche d’ouvrir un restaurant seulement le midi en semaine dans le respect des règles sanitaires ? On demande aux maires d’ouvrir des réfectoires pour les ouvriers du BTP alors que l’on pourrait faire des expérimentations sur ce volet dans les territoires». Pour les stations de ski, il réclame une accélération car, d’une part «les conditions sanitaires s’améliorent et on a fait préparer dix versions des protocoles sanitaires» et, d’autre part «la traumatologie liée au ski est traitée à 94% en station. Elle n’engorgera pas les services hospitaliers». Il ajoute encore: «D’autres pays européens comme la Suisse, l’Autriche, l’Espagne ont ouvert ou vont ouvrir leurs domaines skiables. Ce n’est donc pas la faute de l’Europe».

«Il faut éviter un rebond épidémique»

Le gouvernement a annoncé une réouverture des stations le 7 janvier. «C’est tard, considère-t-il, mais c’est mieux que le 20 janvier -il faut tenir ce délai et s’en donner les moyens. Pour cela, il faut éviter un rebond épidémique». Il tient à rappeler la doctrine sanitaire construite en région autour de 4 outils: anticiper avec l’analyse des eaux usées; protéger grâce à un dépistage rapide et accessible : «Nous avons apporté 165 000 tests dans la Région. La semaine dernière 100 000 tests antigéniques ont été donnés à l’Ordre régional des pharmaciens pour anticiper la ruée vers les tests avant les fêtes. Cette semaine nous avons lancé une plateforme acheteur/producteur. Il suffit de remplir ses informations et son besoin pour être mis en relation avec un réseau de fournisseurs fiables et validés par l’ARS».

Les auto-tests «peuvent tout changer»

Renaud Muselier en vient au troisième outil, les autotests: «Ils peuvent tout changer si on en trouve des fiables et que l’on nous autorise à les acheter, chacun pourra se tester avant une interaction sociale, culturelle, festive. C’est le retour à la vie en attendant le vaccin». Il annonce à ce propos: «J’ai lancé un appel d’offre pour 500 000 tests salivaires. Leur certification tarde et il est impossible de les acheter aujourd’hui : les fournisseurs disent 90% de fiabilité, la Haute Autorité de santé dit 75%. Les E-U viennent de valider un 1er autotest nasopharyngé». Pour ce qui est de la vaccination, il avoue n’avoir toujours d’indication sur la façon dont sera stocké le vaccin. Vaccin nécessitant -70° avant d’indiquer: «Nous voulons être le QG opérationnel». Il constate cependant : «L’Allemagne a 1 mois d’avance sur sa stratégie et associe les Lander». De la même manière, en France: «Les Territoires Unis proposent leur aide et demandent à être associés à la stratégie…».

«Le respect de la jauge de 6 adultes»

S’il considère qu’il faut sauver Noël, il précise immédiatement: «Permettre les retrouvailles au sein des familles dans le respect de la jauge de 6 adultes, tout le monde en a besoin». Mais, il importe d’éviter la troisième vague: «95% des morts de la Covid avaient plus de 60 ans, 61% avaient plus de 80 ans. Les personnes à risque doivent être protégées le soir du 24 décembre. Pour cela, des millions de Français vont vouloir être dépistés avant de rejoindre leurs aînés pour le réveillon». Pour Renaud Muselier: Il faut inonder de tests rapides les officines et éviter la pénurie. «Depuis le 3 décembre, le nouveau décret permet à tout le monde d’avoir un test antigénique. Profitons-en pour affronter cette période. Misons sur tous les professionnels de santé : infirmiers, médecins généralistes». Renaud Muselier regrette: «Sur la vaccination, on nous promet d’être associé à la stratégie mais les réunions se succèdent sans perspective. Il faut accélérer. Sur la décentralisation de la santé, le Ministère verrouille toute ouverture à une coprésidence ARS du binôme Président de Région- Directeur Général de l’ARS». Alors que, en partenariat avec les ARS et les Préfets «nous pouvons nous organiser pour devenir le QG opérationnel de la vaccination. Avec les Départements de France, avec les Maires de France, nous avons proposé au Gouvernement de devenir le QG opérationnel de cette campagne».
Michel CAIRE

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