Région Sud. TechnicAtome, le berceau de la propulsion nucléaire a 50 ans et un avenir assuré

Publié le 19 octobre 2022 à  20h04 - Dernière mise à  jour le 23 décembre 2022 à  16h20

C’est une société discrète voire secrète. Elle ouvre très rarement ses portes. Force de dissuasion de la Marine nationale oblige. TechnicAtome repose sur deux sites principaux. L’ingénierie à Aix-en-Provence où sont conçus, depuis 50 ans, les réacteurs destinés à la propulsion de nos sous-marins nucléaires et du porte-avions Charles De Gaulle. L’exploitation à Cadarache avec le suivi et l’entretien des chaufferies.

Le sous-marin
Le sous-marin
Rémi Clamens, directeur du site d'Aix-en-Provence - Loïc Rocard, PDG de TechnicAtome et Lionel Marx, directeur du site de Cadarache (Photo Joël Barcy)
Rémi Clamens, directeur du site d’Aix-en-Provence – Loïc Rocard, PDG de TechnicAtome et Lionel Marx, directeur du site de Cadarache (Photo Joël Barcy)

11 chaufferies en projet

On les connaît par leur nom de baptême, le Redoutable, le Foudroyant, le Terrible ou encore l’Indomptable pour les SNLE (sous-marin nucléaires lanceurs d’engins) et des noms qui font plus appel à la gemmologie pour les SNA (sous-marins nucléaires d’attaque) avec le Rubis, l’Émeraude, le Saphir… mais on sait moins que c’est à Aix-en-Provence que naissent tous les projets. Toute l’ingénierie de la propulsion nucléaire réside dans les locaux de TechnicAtome. Au total 19 chaufferies (réacteurs nucléaires) embarquées ont déjà été imaginées et conçues ici. 11 sont en projet. «Le procédé du réacteur nucléaire est simple dans son principe mais d’une extraordinaire complexité sur un réacteur embarqué», indique Rémi Clamens, Directeur de l’Ingénierie de Technicatome, directeur du site d’Aix-en-Provence. «On a du roulis, du tangage, il faut de la discrétion acoustique. Pour concevoir une chaufferie nucléaire nous avons 90 spécialités». La société a par ailleurs de belles perspectives et un avenir quasi assuré. « Nous avons beaucoup de projets avec le programme Barracuda (SNA) dont un exemplaire le Suffren a été admis au service actif. On travaille également sur les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de 3e génération et sur le porte-avion destiné à remplacer le Charles de Gaulle».

Rémi Clamens

 

Le berceau de toute l’histoire du nucléaire

Le site de Cadarache retrace toute l’histoire du nucléaire française. «C’est ici qu’on a construit la première centrale nucléaire à eau légère qui a servi de base à l’aventure de la propulsion nucléaire et on accompagne l’ensemble des programmes des sous-marins », indique fièrement Lionel Marx, directeur de l’exploitation et des opérations industrielles et directeur du site de Cadarache. Mais Cadarache ne se limite pas au nucléaire militaire : «On construit actuellement le réacteur civil Jules Horowitz. C’est le fleuron français des réacteurs de recherche et demain il nous permettra de disposer d’isotopes pour la médecine nucléaire française.»

Lionel Marx

 

Le groupe embauche

«On a un programme sur au moins 50 ans. Il repose sur le nucléaire militaire 80% et civil 20%», énonce Loïc Rocard le PDG de TechnicAtome. «On est sur une tendance haussière de l’activité et de l’emploi. Les embauches ont crû de 30% en cinq ans pour atteindre environ 2 000 salariés sur l’ensemble des deux sites. Notre chiffre d’affaires avoisine le demi-milliard avec une progression de 60% sur la même période. TechnicAtome fait aussi partie de « l’équipe de France » du nucléaire qui conçoit un modèle de SMR (petit réacteur modulaire) évoqué par le président de la République». Dix fois plus petit qu’un EPR, ces SMR pourraient s’ajouter au parc actuel d’ici 2040. Habitués à travailler dans les espaces contraints d’un sous-marin, les ingénieurs de TechnicAtome ont été retenus pour concevoir ces petites chaudières.

Un avenir assuré

TechnicAtome travaille sur le temps long. De la conception à la mise à l’eau d’un sous-marin ou d’un porte-avions, il faut compter 20 ans. La durée d’exploitation sera ensuite environ du double. D’ores et déjà 100 millions d’heures de travail sont assurées. Cette filière militaire n’a pas souffert de la polémique enregistrée au niveau des centrales nucléaires civiles que certains voulaient voir disparaître. La dissuasion reste le cœur de la politique de défense. L’innovation a donc toujours été maintenue au fil du temps. Les perspectives de la société sont optimistes pour des décennies et sa croissance ne devrait pas cesser.

Reportage Joël BARCY

 

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