Région Sud: la lutte contre le réchauffement climatique au menu de la visite marseillaise d’Édouard Philippe

Publié le 22 décembre 2017 à  15h39 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Edouard Philippe et Renaud Muselier s'inscrivent dans la lutte contre le réchauffement climatique (Photo J.P. Garufi)
Edouard Philippe et Renaud Muselier s’inscrivent dans la lutte contre le réchauffement climatique (Photo J.P. Garufi)
C’est au lycée de la Fourragère, qui prendra sous peu, selon la volonté des lycéens, le nom de Nelson Mandela, dans le 12e arrondissement de Marseille, que le Premier ministre a fait la seule annonce de son voyage marseillais: la création du Parc régional naturel de la Sainte-Baume; le décret ayant été publié le matin même au Journal Officiel. Un voyage qui l’avait au préalable conduit à l’école élémentaire du Rouet, (8e) ainsi qu’à l’école Audisio à Sainte-Marthe (14e). Occasion pour le Premier ministre de féliciter et encourager «la ville de Marseille et son maire Jean-Claude Gaudin pour le plan de construction et de rénovation lancés pour de nombreuses écoles marseillaises. Je mesure l’audace et l’effort qui y sont consacrés», apportant ainsi son soutien au Maire et son plan de un milliard d’euros pour les écoles sur 6 ans. Des visites qui n’ont pas manqué de faire réagir l’opposition, ainsi le socialiste Stéphane Mari de déclarer: «Je me félicite que monsieur le Premier ministre soit venu inaugurer une école dans la ZAC de Sainte-Marthe, signe que le gouvernement s’intéresse à Marseille. Cependant, cette école très fonctionnelle et au style architectural soigné ne doit pas faire oublier que les habitants et riverains de cette ZAC attendent toujours la création de voiries de desserte, des transports en commun, des parkings et des commerces de proximité. L’inauguration de cette école attendue depuis près de 10 ans ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des insuffisances de l’aménagement de cette ZAC.»

«Le changement climatique c’est notre défi»

Au lycée, c’est le volet environnement qui sera abordé. Renaud Muselier, Président de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, Député européen, et Édouard Philippe ont décerné, ce jeudi 21 décembre 2017, le tout premier Label « Une COP d’avance » de la Région au lycée de La Fourragère (futur Nelson Mandela). Avec 1 400 m² de panneaux solaires et ses formations aux métiers de l’environnement, ce lycée est un modèle d’établissement écoresponsable. Renaud Muselier a notamment présenté le Plan Climat que la Région, adopté en Assemblée plénière, la semaine dernière. Après une intervention de Nina, membre du Parlement régional des jeunes qui a formulé plusieurs propositions au rang desquelles la mise en place d’un éco-ambassadeur par lycée, proposition retenue par Renaud Muselier, le Premier ministre a eu droit à un accueil en chanson avec Imane, finaliste de The Voice, lycéenne dans l’établissement, qui interprétera a capela « Imagine », de John Lennon. Édouard Philippe d’indiquer alors, avec humour, avoir décliné l’offre du Président de Région de chanter à son tour. Avant d’en venir à la gravité des enjeux climatiques:«Le changement climatique c’est notre défi. Si nous échouons les générations futures ne seront plus en capacité de maîtriser leur avenir».

«Renaud Muselier est le Schwarzy de la Méditerranée»

Puis de considérer, s’appuyant sur les écrits de Jared Diamond, «soit la société continue comme avant et court vers l’échec, soit elle prend les bonnes décisions». Il rappelle le sommet que vient de connaître Paris, deux ans après la COP21, avec ses 4 000 participants parmi lesquels Arnold Schwarzenegger jugeant: «Renaud Muselier est le Schwarzy de la Méditerranée avec un physique moins imposant et un accent plus chantant mais avec deux caractéristiques essentielles. Ils ne sont pas issus d’une famille politique faisant de l’environnement une question première et, d’autre part, parce que leur engagement est tardif et il est encore plus fort et c’est essentiel. Si des politiques, des associatifs, des entrepreneurs n’acceptent pas de se convertir nous n’y arriverons pas». «Dans cette région, poursuit-il,dans ce Sud, nous sommes tous concernés et une exigence de solidarité est posée, on l’a retrouve dans votre plan climat régional comme dans le plan national». Considère: «Des tensions, des conflits migratoires, sont dus au réchauffement climatique, investir dans le climat c’est investir pour la paix.». Et de rappeler: «La loi française interdit la recherche de pétrole et de gaz sur le territoire national, c’est une première au plan international et c’est indispensable». Il n’omet pas de préciser que le gouvernement s’est engagé à diviser par deux le nombre de passoires thermiques occupées par des ménages modestes propriétaires ou locataires du parc social d’ici 2022. 1,8 milliard d’euros seront également investis pour «accélérer» la rénovation de 25% des bâtiments appartenant à l’État; et 3 milliards d’euros pour ceux des collectivités locales, via les prêts et fonds propres de la Caisse des dépôts durant le quinquennat. Les bâtiments scolaires (écoles, collèges, lycées) «qui représentent la majorité de la consommation d’énergie» et les hôpitaux seront rénovés prioritairement d’ici à 2022.
«Et les 4 dernières centrales à charbon vont être transformées en solutions moins carbonées d’ici la fin du mandat. J’entends les inquiétudes des salariés, mais nous devons avancer tout en étudiant avec les territoires pour que la transition se fasse dans les meilleures conditions», indique Édouard Philippe.

«Mettre fin à une polémique stérile alimentée par l’extrême droite»

Renaud Muselier profite de l’occasion «pour mettre fin à une polémique stérile alimentée par l’extrême droite. Je le redis, notre Région n’a pas changé de nom ! La Provence, les Alpes et la Côte-d’Azur sont un atout d’attractivité économique unique. Nous conservons donc notre nom car ce sont nos racines. Nous y sommes viscéralement attachés. Mais nous avons fait le choix, pour la communication de notre institution, pour nos campagnes marketing et la promotion de nos destinations à l’international d’adjoindre Sud à Provence-Alpes-Côte-D’azur. Désormais, plutôt que de communiquer autour de la Région Paca, nous communiquerons autour de la Région Sud Provence-Alpes-Côte-D’azur.»

«Un partenaire exigeant et vigilant mais avant tout bienveillant»

Puis d’en venir à la prise de conscience sur les enjeux climatiques: «Elle est individuelle, mais surtout collective. Elle doit être citoyenne mais avant tout politique. C’est un devoir moral vis-à-vis de nos enfants mais c’est aussi un défi économique à relever». Évoque la COP 21: «Pour la première fois dans l’Histoire, 192 États s’engageaient pour notre avenir commun et traduisaient une volonté en objectifs chiffrés. Limiter le réchauffement climatique à 2 degrés d’ici à 2050». Avant que Donald Trump ne décide de sortir des accords sur le climat. «Décision potentiellement catastrophique pour l’avenir de l’Humanité». Il en profite pour remercier «le Premier ministre avec le Président de la République d’avoir placé la France en première ligne sur ce sujet. Vous n’avez pas ménagé vos efforts et vous avez su faire revenir la France parmi le concert des nations entendues, écoutées et respectées dans le monde. Sur ce sujet tout particulièrement j’ai fait le choix politique d’être votre partenaire. Un partenaire exigeant et vigilant mais avant tout bienveillant». «Monsieur le Premier ministre, ajoute-t-il, nous sommes issus de la même famille politique. Et malgré des choix différents et quelques désaccords que nous pouvons avoir, sur le sujet du changement climatique, nous travaillons ensemble».

«Nous serons la première Région d’Europe à respecter les accords sur le climat de la COP 21»

Revient sur la manifestation «Méditerranée du futur» qui a réuni plus de 1 000 décideurs méditerranéens. «Par cet événement, j’ai voulu ouvrir la voie d’une coopération méditerranéenne nouvelle basée sur la croissance verte et la création d’emplois durables». «Pour être entendus, poursuit-il, nous devons être exemplaires», d’où le plan climat de la Région. «Nous serons la première Région d’Europe à respecter les accords sur le climat de la COP 21 et à décliner le pacte mondial de l’ONU en faveur de l’environnement. Plus de 20% de notre budget d’intervention soit plus de 370M€ en 2018 seront consacrés à ce plan. D’ici à la fin du mandat, cette proportion aura atteint plus d’un tiers». Ce plan, « Une COP d’Avance », est articulé autour de 5 axes et se décline en 100 mesures concrètes. «Nous agirons dans les domaines: des transports en favorisant l’écomobilité; l’énergie en augmentant la part des énergies renouvelables; l’économie en consacrant plus de 30% (100 millions d’euros) de notre fonds d’investissement régional aux projets respectueux de l’environnement et de start-up innovantes dans la préservation du territoire avec l’objectif d’une région zéro plastique d’ici 2030 et dans le domaine du bien vivre avec la mise en place du baromètre du bien-être». Il affiche également son soutien à la candidature de Marseille pour accueillir en 2020 le Congrès mondial de la biodiversité dans notre capitale régionale. Une candidature soutenue, comme l’exprimera le Premier ministre, par le gouvernement.

«D’ici la fin du mandat, je veux 100 % de nos lycées alimentés par l’agriculture locale»

Dévoile :«Nous allons engager un vaste plan de rénovation énergétique de nos lycées en investissant plus de 300M€ (75M€ par an) d’ici la fin de notre mandat pour atteindre 20 % d’économie d’énergie et de créer plus de 3 000 emplois». Il parle également de son ambition de contribuer à la mise en place d’une agriculture «moins énergivore et de meilleure qualité». Pour ce faire, précise-t-il: «Nous généraliserons les circuits de proximité et le recours à une agriculture raisonnée pour l’alimentation des cantines scolaires. Actuellement, seulement 10% des denrées qui proviennent de circuits courts. Nous atteindrons 50 % en 2021.D’ici la fin du mandat, je veux 100 % de nos lycées alimentés par l’agriculture locale». Renaud Muselier conclut avec gravité: «Je souhaiterais un monde où les lumières de la raison et de la culture seraient toujours plus fortes que l’obscurantisme qui veut nous diviser. C’est un enjeu de civilisation. Au crépuscule d’une vie, on peut regretter ses erreurs. On finit toujours par payer ses fautes. Épuiser la planète, hypothéquer son avenir, serait une faute incommensurable. Chaque nouvelle génération croit que le monde commence et finit avec elle, c’est de l’insouciance. L’insouciance, c’est le propre de la jeunesse. L’inconscience un poison mortel. Ne soyons pas inconscients».
Michel CAIRE

|Parc Naturel de la Sainte-Baume: réaction de Renaud Muselier
«L’annonce du Premier ministre, dans le lycée de la Fourragère auquel nous avons décerné le Label Une Cop d’Avance, est pour moi une immense satisfaction et un symbole fort. Avec ce huitième Parc Naturel Régional, Provence-Alpes-Côte d’Azur a déjà une COP d’avance. Le Parc de la Sainte-Baume est l’illustration de mon ambition pour Provence-Alpes-Côte d’Azur : faire de la Région le moteur des accords sur le climat, faire de l’écologie le moteur de la croissance. Les Parcs Naturels, qui concilient développement économique et respect de l’environnement, sont en effet un élément majeur du Plan Climat que nous avons adopté la semaine dernière. Ils seront le relais des politiques régionales en matière de climat, ils visent l’autonomie énergétique à l’horizon 2050, on y favorise les pratiques innovantes, et nous y développons l’éco-tourisme. Je souhaite par ailleurs que 100 % des lycéens visitent au moins une fois un parc régional car ils sont les décideurs de demain et il est de notre devoir de les sensibiliser à cette cause. Il existe en effet des politiques importantes, d’autres décisives, mais notre politique environnementale est vitale.»|

Articles similaires

Aller au contenu principal