Régionales. Sophie Camard : ‘La situation est pire qu’en 2015’

Publié le 8 juin 2021 à  8h02 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  18h02

Les scrutins régionaux se suivent et se ressemblent pour la Gauche. La situation en 2021 est jalonnée des mêmes chausse-trappes qu’en 2015, voire amplifiées. Sophie Camard (actuellement maire des 1-7 à Marseille) a vécu cette campagne où elle était co-tête de liste avec Jean-Marc Coppola de la région Coopérative (EELV, Front de gauche et société civile). Créditée de 6,54% elle ne pouvait pas se maintenir mais elle aurait pu se fondre dans la liste PS emmenée par Christophe Castaner. Las, dès le soir du premier tour, le premier magistrat de Forcalquier décidait de se retirer et de jouer le front républicain pour faire battre la FN, Marion Maréchal. Mission accomplie, LR remporte les élections et dirige la région.

Sophie Camard maire des 1/7 à Marseille ©Destimed/Philippe Maillé
Sophie Camard maire des 1/7 à Marseille ©Destimed/Philippe Maillé

Interrogée, Sophie Camard est frappée de voir que « quelles que soient les stratégies, la gauche se retrouve dans une situation difficile.» Elle revient sur cette campagne 2015, le goût amer qu’elle a pu laisser et les leçons qu’il faut en tirer.

«Un choix diabolique»

Sophie Camard a écrit un livre sur cet après 2015 : «La politique en État d’urgence», paru fin 2016. Elle voulait en quelque sorte figer cette période pour en tirer des enseignements. «Se retirer c’est un choix diabolique. Aucune de nos orientations n’ont été reprises dans la politique régionale. On est exclu de tout et le coup d’après la gauche fait souvent un score pire. On fait le boulot, on barre la route au FN mais on n’est jamais récompensés. Pire, on envoie le message qu’on ne sert à rien.» Pour Sophie Camard il faut que la gauche trouve des ténors pour exister. Elle est trop «gentille».

« J’ai cru en Jean-Luc Mélenchon »

L’écologiste a rêvé à un sursaut et à une recomposition de la gauche lors de la campagne présidentielle de 2017 avec le très bon score de Jean-Luc Mélenchon, notamment à Marseille. Elle avait trouvé un leader charismatique et puis patatras, tout s’est effondré par la suite « j’ai été déçue par La France Insoumise qui semblait une réponse à 2015». Résultat on revient à la situation antérieure. La gauche reste encore inaudible même si «le discours de Jean-Laurent Félizia (tête de liste de la gauche pour les régionales en Paca s’affirme au fil de la campagne.»

« On se fâche avec la moitié des gens »

A la question, que fera la gauche au soir du premier tour ? Sophie Camard refuse de se positionner. «Cela voudrait dire que le match est déjà plié et on espère encore une dynamique d’ici le 20 juin.» Manière de dire d’une façon plus triviale que c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses. Si le RN est plus faible qu’annoncé et si la gauche a un score correct elle pourrait se maintenir. Un faible résultat et elle se retirera sur la pointe des pieds. «C’est un choix cornélien, on est dans une situation contrainte ce soir-là. Il n’y a pas de bonne décision. Quelle qu’elle soit on se fâche avec la moitié des gens.»

« Il faut tout reconstruire »

Le challenge demain c’est de repartir à zéro. «Dans les Alpes maritimes et le Var on n’a plus de réseaux, plus d’ancrage à gauche dans plusieurs territoires. Il faut parler laïcité, social, environnement, trouver des ténors qui portent cela. Il faut faire le job face au complotisme ambiant et aux faits divers en série.» En attendant cette reconstruction il y a cette première échéance du 20 juin prochain où la gauche devra se positionner. A elle d’être convaincante vis-à-vis de ses électeurs pour ne pas perdre la moitié des troupes en une soirée.
Joël BARCY

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