Régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur: des candidats face aux experts-comptables

Publié le 15 juin 2021 à  18h43 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h14

Dans le cadre de la présentation du baromètre économique concernant les résultats des TPE-PME de la Région Sud par secteur à la fin du 1er trimestre 2021, l’Ordre régional des Experts-Comptables Provence-Alpes-Côte d’Azur vient d’inviter des candidats aux élections régionales à réagir sur la situation des TPE-PME et évoquer les actions de leurs programmes économiques pour les soutenir et les accompagner.

Colette Weizman aux côtés des candidats Franck Allisio, Hervé Guerrera, Jean-Marc Governatori, Bernard Kleynhoff et Caroll Boulanger ©M.A.
Colette Weizman aux côtés des candidats Franck Allisio, Hervé Guerrera, Jean-Marc Governatori, Bernard Kleynhoff et Caroll Boulanger ©M.A.

S’il faut retenir une première chose du débat organisé par Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables (Croec) Provence-Alpes-Côte d’Azur ce sont les chiffres avancées par sa présidente Colette Weizman montrant que la reprise économique est là et que le désastre annoncé, et sur lequel surfent certains, ne viendra pas. Un débat auquel le « Rassemblement écologique et social » porté par Jean-Laurent Félizia, a annoncé, au dernier moment, ne pas pouvoir y participer. Ont donc participé à ce débat, par ordre alphabétique, Franck Allisio (RN),  » Liste Construisons la région de demain » – Caroll Boulanger, liste « Un nôtre monde » – Hervé Guerrera, liste « Oui la Provence », Jean-Marc Governatori, liste « L’écologie au Centre » et, Bernard Kleynhoff (LR), liste « Notre région d’abord ».
Colette Weizman, présidente du Croec Marseille-Paca  ©M.A.
Colette Weizman, présidente du Croec Marseille-Paca ©M.A.

Colette Weizman rappelle que le «quoi qu’il en coûte» a joué pleinement son rôle. Que «les entreprises qui tomberont cette année seraient tombées sans la Covid»; que dans le même temps «certaines entreprises qui étaient sur le fil vont se sauver grâce à tous les dispositifs mis en place tant par l’État que la Région, la mobilisation des organisations consulaires, patronales, des experts-comptables…» Colette Weizman cite deux raisons qui justifient l’organisation de ce débat: «Les experts-comptables sont au cœur de l’économie et de la société, nous représentons 95% des TPE/PME de la région, c’est la première raison; la deuxième raison réside dans le fait que nous sommes dans une période charnière avec cette sortie de confinement. Il importe de savoir ce qui sera fait par les uns et les autres s’ils sont élus». Elle se fait également l’écho du « Baromètre éco des experts-comptables », un document qui souligne: «Après une année 2020 marquée par la crise sanitaire et économique, l’activité des TPE-PME de la région est repartie à la hausse au premier trimestre 2021. Le chiffre d’affaires a progressé de 6,6% par rapport au premier trimestre 2020 et ce, malgré des mesures prophylactiques encore contraignantes. Il faut toutefois noter que l’activité avait diminué significativement au premier trimestre 2020 amplifiant nettement cette croissance. La région affiche une performance supérieure de près de 2 points à la moyenne française (+4,7%)». Les TPE/PME du Var (+10,4%) affichent la plus forte progression, suivies de celles des Bouches-du-Rhône (+9,5) et du Vaucluse (+8,9%). Colette Weizman note encore: «Nous avons des entreprises qui, ont eu une baisse du chiffre d’affaires mais une augmentation des bénéfices». Pour la présidente: «Les conditions du rebond sont réunies mais attention, il faut encourager, accompagner, ne pas laisser faire».

soutien aux secteurs du tourisme, de la culture et de l’événementiel

Puis de poser sa première question sur les mesures qui seront prises notamment en matière de soutien aux secteurs du tourisme, de la culture et de l’événementiel. Franck Allisio propose un doublement des aides, la création d’un troisième comité régional du tourisme, pour les Alpes et souhaite que chaque grand événement culturel bénéficie aussi aux communes environnantes. Pour Hervé Guerrera il importe d’aider la culture «pour recréer du vivre ensemble» puis de considérer: «Nous avons un secteur tertiaire hypertrophié. Il faut développer le secteur primaire et l’industrie dans le respect des normes sociale et environnementale». Jean-Marc Governatori se prononce en faveur de la création d’une plateforme de financement participatif «qui ne servirait qu’aux entreprises du territoire». Bernard Kleynhoff ne cache pas avoir une pensée «pour le secteur des boîtes de nuit particulièrement touchées par la crise», ajoute que de nombreux dispositifs ont été mis en place pendant la crise et que d’autres «se créent dans la concertation avec le monde économique pour favoriser la relance». Tandis que Caroll Boulanger avance :«Nous n’avons pas de programme, c’est aux citoyens de le créer, on ne doit rien leur imposer».

transitions numérique et environnementale

La deuxième question porte sur les transitions numérique et environnementale.
Franck Allisio reconnaît: «Des choses ont été faites par la majorité sortante, nous les poursuivrons. On veut d’autre part créer un campus de l’intelligence artificielle et de la blockchain. Nous proposons l’introduction d’une clause environnementale sur les marchés publics». Pour Hervé Guerrera: «Il y a des questions à se poser sur l’usage du numérique…» et préfère parler des transports pour dire: «Non à la ligne nouvelle, oui à un vrai service public des transports». Marc Governatori juge pour sa part: «La transition numérique peut être dangereuse alors que la transition écologique est vitale, elle est créatrice de santé et d’emplois». Bernard Kleynhoff insiste sur le fait que «le fil rouge des budgets régionaux porte sur une COP d’avance» et qu’en matière de numérique «la région est à l’initiative d’opérations telles « Industrie 4.0 » et « coach digital »». Caroll Bouganger considérant sur ce point qu’il est du devoir de la Région d’accompagner les entreprises.

Le choc de la consommation

Colette Weizman en vient à la troisième question qui portent sur les 230 milliards d’euros d’économie des Français qui dorment en banque: «Il faut utiliser ce bas de laine pour soutenir le savoir-faire local en consommant». Franck Allisio propose la création d’un label 100% Provence-Alpes-Côte d’Azur et la création d’un fonds souverain régional. Hervé Guerrera avoue ne pas partager la notion de choc de consommation: «Est-ce soutenable? Que consomme-t-on? Un modèle de consom’acteur est à inventer». Jean-Marc Governatori rappelle: «Cela fait 70 ans, si on excepte la période Covid, que nous connaissons une croissance économique. Résultat: un endettement insoutenable, des maladies, des impasses. La question qui se pose est d’avoir une activité économique qui se développe dans l’objectif de favoriser le plein emploi et la pleine santé». Pour Bernard Kleynhoff: Il faut donner envie de consommer, améliorer la qualité de vie, développer les circuits courts. «Nous travaillons sur toutes ces questions et nous créons aussi des circuits courts dans l’industrie». Il se félicite d’autre part de voir que l’idée de créer un fonds nourri par la population soit reprise par d’autres. Tandis que Caroll Boulanger juge que «c’est aux gens de décider ce qu’ils feront de leur épargne ».

L’aide à la jeunesse

Et enfin, la dernière question et pas la moindre, portera sur la jeunesse. Franck Allisio indique : «Nous voulons favoriser les entreprises qui embauchent le plus d’apprentis. Nous avons un programme de relocalisation des entreprises dans la région». Hervé Guerrera: «Il n’y a pas une jeunesse. Suivant où ils habitent les jeunes ne connaissent pas les mêmes conditions». Il propose notamment de développer l’accès à la santé et la mise ne place de la gratuité des transports. Jean-Marc Governatori se prononce en faveur du revenu universel en échange d’un travail à mi-temps dans un secteur non marchand. Pour lui: «Lorsque l’on crée le plein emploi on crée la sécurité. Pour s’en persuader, il suffit de savoir que 70% des personnes emprisonnées étaient sans emploi lors de leur arrestation». Bernard Kleynhoff rappelle encore: «Nous soutenons les entreprises qui prennent un stagiaire, un apprenti. Les jeunes ont besoin d’emploi pour poursuivre leurs études et nous sommes aux côtés de nos TPE/PME pour leur donner un peu d’oxygène». Caroll Boulanger estime pour sa part: «Un état des lieux est à réaliser».
Michel CAIRE

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Le baromètre secteur par secteur

Le chiffre d’affaires des TPE-PME régionales de l’industrie manufacturière a bondi de 17,3% au premier trimestre 2021 par rapport au premier trimestre 2020. Soit un résultat supérieur de 3,6 points à la moyenne nationale. Au niveau de la construction: les entreprises du secteur confirment le rebond du précédent trimestre et affichent une croissance de 11,7% par rapport au premier trimestre 2020, une année morose avec une perte cumulée du chiffre d’affaires de 4,7%. Travaux de maçonnerie générale et gros œuvre du bâtiment connaissent une hausse du chiffre d’affaires de 12,9%. En ce qui concerne le commerce, pour les TPE-PME l’embellie se poursuit pour le troisième trimestre consécutif. Elles ont en effet vu leur chiffre d’affaires croître de 16% sur le 1e trimestre 2021 malgré le couvre-feu. Les secteurs qui souffrent le plus sont l’hébergement et la restauration. Les entreprises de ce secteur subissent une baisse de 58,9% par rapport au premier trimestre 2020 au cours duquel elles avaient déjà vu leur chiffre d’affaires reculé. La baisse est de 46,7% pour l’hôtellerie. La chute est de 56,8% pour le secteur des arts, spectacles et activités récréatives.
M.C.)]

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