Rencontre: La pianiste marseillaise Amandine Habib enregistre Debussy et Couperin

Publié le 20 mars 2019 à  21h45 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h47

Composé d’œuvres de Couperin et de Debussy, le CD, intitulé «Les Ondes», est prévu pour sortir en octobre prochain. Mais c’est en ce mois de mars que la pianiste marseillaise Amandine Habib enregistre son programme dans les studios parisiens du label Melism records. Quatre ans après «Around Bach» la jeune femme a donc décidé de se tourner vers des répertoires différents de ceux qui constituent sa zone de confort pour nous offrir son regard sur deux compositeurs pas si éloignés que ça l’un de l’autre. Elle nous en parle.

Amandine Habib en plein enregistrement (Photo D.R.)
Amandine Habib en plein enregistrement (Photo D.R.)

Destimed: C’est un programme pour le moins original que vous nous proposez avec ce CD. Quel en est le point de départ ?
Amandine Habib: Ce projet est né parce que j’avais beaucoup de difficultés pour quitter Bach qui est un vampire émotionnel et spirituel. Il me fallait trouver quelque chose qui me donne envie. La musique de Debussy ne faisait pas partie de mon répertoire et j’appréhendais un peu de l’aborder. Mais j’ai senti qu’il fallait que je fasse un effort et que j’aille vers elle…

Ok pour Debussy, mais qu’est-ce qui a motivé le choix de Couperin ?
Je voulais coupler les œuvres de Debussy avec celles d’un autre compositeur français. En effectuant des recherches, j’ai découvert que celui qui a posé sur la partition le «Prélude à l’après-midi d’un faune» avait effectué un important travail autour des compositions de Couperin ; il avait même failli lui dédier son deuxième cahier d’études.

Comment avez-vous procédé pour opérer des choix et composer ce programme à enregistrer ?
J’ai déchiffré tous les ordres pour clavecin, soit 250 pièces, et chaque fois que quelque chose ressemblait à Debussy, je retenais la pièce. Ensuite j’ai procédé à un couplage, un tuilage en fait, afin que les œuvres choisies se répondent entre elles. Ce qui est frappant, chez les deux musiciens, c’est qu’ils étaient passionnés par la poésie, celle de la musique et celle des mots. Autre point commun, la peinture ; on sait que Couperin affectionnait les œuvres de Watteau quant à Debussy on le qualifie souvent d’impressionniste, mais, pour moi, il est plus proche du fauvisme.

De quelle façon avez-vous abordé les interprétations des pièces ?
Mon travail d’interprétation, je l’ai axé sur la légèreté par rapport au clavier. Couperin était souvent en recherche sur le toucher au clavecin ; Debussy, n’a pas échappé à cette recherche, lui aussi, sur la légèreté des couleurs, jouer flou et clair au même moment. En fait ; cette légèreté, c’est la subtilité à la française chez les deux compositeurs…

Mais il n’y a pas que Debussy et Couperin, désormais, dans votre vie d’artiste ?
Absolument. Je viens d’enregistrer un CD en compagnie du saxophoniste Raphaël Imbert autour de notre spectacle «Bach Le Haïm » que nous donnerons à Marseille le 31 mars prochain. J’improvise beaucoup depuis un an et demi et j’aime ça. «Bach Le Haïm » c’est un programme Ovni entre musique classique, improvisations, jazz, entre Bach et les musiques dégénérées. Puis je viens de débuter une collaboration avec la violoncelliste Marine Rodallec autour d’un programme sur les musiques de l’Est entre musique savante et airs populaires.

Si on rajoute qu’Amandine Habib est la maman de deux très jeunes garçons on imagine facilement que ses journées sont bien remplies…
Mais je peux compter sur le papa poule pour mes enfants et c’est une chance.

Propos recueillis par Michel EGEA

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