Rencontre avec Benjamin Gaitet, un pharmacien devenu comédien

Publié le 18 juillet 2020 à  19h54 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h52

Benjamin Gaitet est à l’affiche du prochain film d’Olivier Dahan, un biopic que le réalisateur a consacré à Simone Veil. (Photo Camille Froment)
Benjamin Gaitet est à l’affiche du prochain film d’Olivier Dahan, un biopic que le réalisateur a consacré à Simone Veil. (Photo Camille Froment)

A l’inverse du «Film Première Année» réalisé par Thomas Lilti et mettant en scène deux étudiants joués par les comédiens Vincent Lacoste et Willam Lebghil qui s’engagent dans un cursus difficile, Benjamin Gaitet a tout d’abord suivi de longues études en pharmacie avant de se tourner vers le métier d’acteur. Né le 23 novembre 1990 à Noyon dans l’Oise, il obtint un bac S puis, intéressé par de multiples choses, s’orienta vers la pharmacie et écrivit une thèse sur l’essor de la photographie par les pharmaciens. «La première fiction cinématographique (un duel entre deux hommes) a été réalisée», aime à rappeler Benjamin Gaitet «par un pharmacien dans un pays oriental. Les frères Lumière recrutaient en effet des pharmaciens pour promouvoir le cinématographe dans les pays orientaux.» Son activité en officine Benjamin Gaitet l’a vécue en homme généreux et sincère avec l’âme et le cœur d’un citoyen tourné vers la souffrance d’autrui. Il précise: «On sait qu’il y a des classes sociales défavorisées mais on ne s’en rend jamais aussi bien compte que lorsque l’on travaille dans une officine qui brasse toutes les classes de la société. Le sans-abri qui vient chercher ses hypnotiques pour réussir à dormir dans la rue, la femme qui entre dans l’officine avec sa poussette et du coca-cola dans le biberon de son enfant, les trafics de stupéfiants, toutes ces personnes qui tombent dans la dépendance aux benzodiazépines, parce qu’on a posé sur un moment de faiblesse naturel, à la suite d’un deuil ou une rupture, le mot « dépression ». La personne lambda qui vient chercher son doliprane et ses pastilles pour la gorge ne peut pas se rendre compte de l’envers du décor». Pourtant, et c’est contradictoire, ajoute Benjamin Gaitet: «Les patients font davantage confiance à leur médecin qu’à leur pharmacien. C’est pourtant lui, la dernière barrière, celui qui va vérifier qu’il n’y a pas d’interactions médicamenteuses, d’erreurs de prescription, car le médecin est un être humain qui peut également se tromper»

l’Actors Factory et la musique

Et puis un jour, Benjamin Gaitet a tourné la page, happé par le désir de jouer la comédie. Entré à l’Actors Factory école de comédiens dirigée par Tiffany Stern dans le XIe arrondissement de Paris il s’est familiarisé avec la caméra sans pour autant se sentir «formaté». Et en parallèle il développe son appétence à la musique. «J’ai appris la flûte traversière petit dans une harmonie de mon village. J’ai lâché cet instrument au-milieu du collège au profit de la guitare. Pour citer quelques unes de mes références, je dirai Bensé qui m’a donné envie de me mettre à l’harmonica et que j’aime pour la profondeur de ses textes et leur poésie. Son dernier album « L’Odyssée » est un chef-d’œuvre à écouter absolument. Autrement il y a Ben Mazué, qui, a repris sur scène le chef-d’œuvre d’Anne Sylvestre « Les gens qui doutent », Ferré « Avec le temps », Daniel Guichard « Mon vieux”, Ferrer, Renan Luce, Grand corps malade « 4 saisons », Brassens et tant d’autres…» Il dit également tout écouter… «Les musiques de films telles que celles du compositeur Hans Zimmer me transportent et font constamment écho en moi.
Toutes ces chansons me vont droit au cœur car elles évoquent, le temps qui passe, l’existence qui file, une chose qui m’obsède
». La musique, Benjamin Gaitet en compose également et il a comme projet d’écrire et enregistrer son propre EP.

Il joue la comédie et de la guitare dans le prochain film d’Olivier Dahan. Un biopic sur Simone Veil tourné en partie à La Ciotat.

La guitare il en maîtrise d’ailleurs si bien tous les accords que le réalisateur Olivier Dahan l’a engagé pour en jouer dans son nouveau film, un biopic sur Simone Veil tourné en partie à La Ciotat avec Elsa Zylberstein dans la peau de l’ancienne ministre (on trouve également Philippe Torreton au générique). «Olivier Dahan, en tant que cinéaste, confie Benjamin Gaitet, accorde une importance primordiale à la musique. C’est fascinant de le regarder travailler, chacun de ses plans sont des tableaux. C’est un peintre du cinéma en fait». Pour lui: «Un bon metteur en scène avec lequel j’aimerais travailler, c’est quelqu’un qui va me challenger, me faire évoluer, me faire progresser». Tourner avec de l’humain en privilégiant un tempérament plutôt qu’un nom voilà un des credo artistiques de Benjamin Gaitet, qui est un grand admirateur des films qui «font cogiter, rêver, ou prennent au tripes». Il cite, entre autres, «Interstellar» de Christopher Nolan, «Her », «Parasite», «Bienvenue à Gattaca» «Nightcrawler», « Take shelter» «L’effet Papillon» «La ligne verte», «Au-revoir-là haut», «Notebook» «La dernière vie de Simon », ou encore d’autres films qui privilégient avant tout le goût du romanesque.

Il est à l’affiche de «Junk Love» de Pierre de Suzzoni

Notons dans la jeune carrière de Benjamin Gaitet son rôle dans le très ambitieux film «Junk love» de Pierre Suzzoni. Long métrage en forme de drame mâtiné de romance, met en scène Sarah, une belle jeune femme qui quitte son partenaire, Vince, pour Zack, un livreur de pizzas, qui rêve de devenir un écrivain. Malgré les insistances de son ex et la précarité de Zack, Sarah croit en son nouvel amour. À la suite d’une fausse couche et les tergiversations du couple, Sarah décide de quitter celui en lequel elle croyait tant. Parfois, l’amour ne dure pas en raison des difficultés de la vie…peut-on dire en conclusion. Une belle aventure pour une belle performance dans un rôle à contre-emploi.

Rôle principal dans le prochain clip du groupe canadien « Gosh », et également au générique du premier court-métrage de l’acteur Maxime Godart.

Fourmillant de projets, il vient d’être engagé par Maxime Godart, l’interprète du «Petit Nicolas», âgé de 21 ans, pour tourner dans son premier court-métrage dont l’action se situe entre Lassigny et Noyon (ville natale de Benjamin). L’acteur multiplie les aventures professionnelles et sera également l’acteur principal du prochain clip du groupe canadien Gosh où il interprète William Yeats. Faisant de la photo, passionné de vidéo, Benjamin Gaitet à soif d’apprendre, et jamais là où on l’attend, transforme chacune de ses rencontres en une leçon de vie. Un type bien en fait !
Jean-Rémi BARLAND

Questionnaire de Proust
-Si vous étiez une couleur ? Le bleu
-Un sentiment ? La mélancolie
-Un animal ? Un aigle
-Un arbre ? Un saule pleureur
-Un morceau de piano ? Le marteau !!! (rire) je dirais la bande originale d’Intouchable.
-La qualité que vous préférez chez un homme ? La simplicité.
-Chez une femme ? L’indépendance. Mes réponses sont valables pour l’homme et la femme d’ailleurs.
-Le don de la nature que vous aimeriez avoir ? Voler malgré la peur qu’un homme m’abatte.
-Votre ville préférée ? C’est un village….Varesnes, mes racines ! Sinon j’aime beaucoup Amiens où j’ai fait mes études, une ville-campagne je trouve.
-Votre rêve de bonheur ? Aller au bout de mes projets, être immortel, et ne jamais perdre mes parents.
-Votre peintre préféré ? Magritte pour ses ciels
-Votre cinéaste de prédilection ? Christopher Nolan
-Le personnage historique que vous détestez le plus ? Hitler… forcément
-Votre devise favorite ? Un chemin tout tracé n’est pas un chemin qui nous appartient, et la folie est le remède des hommes sains.
-Si Dieu existe, qu’aimeriez vous qu’il vous dise lorsque vous arriverez au paradis ? «On n’oublie rien» et que derrière la porte on retrouve ses proches
Propos recueillis par J.-R. B.

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