Rencontre avec le pianiste David Bismuth à l’occasion de la sortie de son album consacré à Bach, père et fils

Publié le 23 septembre 2014 à  12h14 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h11

David Bismuth : « Les œuvres des enfants de Bach sont une passerelle entre leur papa et l’époque classique, et possèdent une force visionnaire » (Photo Jean-Philippe Raibaud)
David Bismuth : « Les œuvres des enfants de Bach sont une passerelle entre leur papa et l’époque classique, et possèdent une force visionnaire » (Photo Jean-Philippe Raibaud)

C’était au temple de Lourmarin, l’été dernier. Le pianiste David Bismuth ouvrait son concert sur la Toccata en mi mineur BWV 914 de Jean-Sébastien Bach. Puis ce sera la Fantaisie en ut mineur BWV 906 du même compositeur, avant de proposer deux œuvres des fils de Bach, une sonate de Haydn et une œuvre courte de Mozart. Unité, rigueur, légèreté et profondeur, le pianiste excelle à montrer toutes les richesses de ces morceaux formant un lien musical à travers le temps. Même sentiment avec cet album «Bach, père et fils» que David Bismuth sort chez « Ame son» et qui, composé de six œuvres en mode mineur donnent là encore une impression d’unité. Une sonate de Wilhelm Friedmann Bach pour commencer, suivie d’une autre signée Carl Philipp Emmanuel Bach. Comme le suggère souvent la violoncelliste Ophélie Gaillard, pour David Bismuth les enfants de Bach ont une grande importance dans l’histoire de la musique car ils constituent, selon lui, « une passerelle stylistique entre leur papa, et l’époque classique, un pont avec Haydn, et surtout Mozart. » Trop méconnus, sans doute, pas considérés à leur juste valeur, ils s’imposent affirme David Bismuth pour «leur côté visionnaire». Et d’ajouter : «Pour concevoir ce disque je suis parti de Carl Philipp Emmanuel Bach dont on fête cette année le tricentenaire de la naissance en me disant qu’il y a chez lui des compositions de mélodies intemporelles».
Le CD propose d’abord une sonate de Wilhelm Friedmann puis au milieu on trouve ces deux œuvres de Bach père qui servaient d’ouverture au concert de Lourmarin. «Je voulais que Jean Sébastien Bach soit présent au centre de l’album dans des œuvres au format plus modeste, mais également visionnaires.» Quant au son parfait de l’album David Bismuth, en perfectionniste pointilleux, il l’a travaillé avec les techniciens. «Nous avons enregistré « Bach père et fils », indique-t-il, au Temple protestant Saint-Pierre en juin 2013. Et le remarquable travail de tous autour de Florence Hermitte en charge de la prise de son et du montage contribue à rendre compte de la puissance poétique de tous ces morceaux».
Sobre, intériorisée et lumineuse l’interprétation de David Bismuth évite toute tentation décorative. Nous sommes dans ce projet original -il est rare en effet d’associer au sein d’une construction musicale différentes générations de la famille Bach- au cœur d’éléments complexes façonnés avec intensité et une humilité d’approche que seuls possèdent les grands pianistes. «Les hommes éveillés habitent le même monde », disait Héraclite dont cette pensée est inscrite au dos de l’album. En matière de Bach, et par rapport à son jeu solaire, on pourrait associer David Bismuth à ce compliment.
Jean-Rémi BARLAND
«Bach père et fils» David Bismuth chez Ame son.

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