[Retour sur] Club de l’Immobilier Marseille-Provence. 6e Assises: la transition écologique en bonne voie

Publié le 3 mars 2020 à  8h39 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  9h46

Les 6e Assises de la transition écologique du Club de l’Immobilier Marseille-Provence viennent de se tenir à Marseille, Jérome Dentz, l’un des co-présidents du club dresse le bilan de cet exercice qui a mis en exergue de nombreuses expériences, dans des milieux divers, de transition réussie. On retrouve notamment 13 expériences -touchant un large panel de secteurs allant des transports à la grande distribution- qui ont été mises en lumière avec, bien sûr, un focus sur l’immobilier.

Jérome Dentz l'un des co-présidents du Club de l'immobilier Marseille Provence  (Photo Mireille Bianciotto)
Jérome Dentz l’un des co-présidents du Club de l’immobilier Marseille Provence (Photo Mireille Bianciotto)
Destimed. Nous sommes à la fin cette 6e édition des Assises de la transition écologique imaginées par le Club Immobilier, où de nombreux projets, qui pourraient améliorer notre environnement ou encore réduire la consommation d’énergie, ont été présentés. Pouvez-vous dresser un premier bilan? Jérome Dentz: On est très content effectivement d’avoir reçu au cinéma Europacorp La Joliette un certain nombre de porteurs de projet, des architectes, des distributeurs, des promoteurs, des énergéticiens, des ONG qui œuvrent, chacune dans leur domaine, à la transition écologique de notre territoire mais aussi sur d’autres continents. Ils sont tous dans le même écosystème. Un écosystème que le Club de l’immobilier est en capacité de réunir et de fédérer. Vous parlez de porteurs de projet, on voit par exemple « Ilya » qui a imaginé une douche. Un projet en plein développement, est-ce que ces Assises sont source également de partenariats financiers ? On souhaite que la mise en lumière de projets, notamment celui d’Ilya, qui développement une douche cyclique -imaginée par deux étudiants d’une fac de Toulouse que nous avons découvert sur Facebook– va leur apporter un plus, leur offrir l’opportunité de rencontrer peut-être des investisseurs, de rencontrer des entreprises qui vont installer leur douche cyclique dans leurs prochains projets de construction. Et nous n’entendons pas en rester là, nous leur avons déjà donné rendez-vous l’année prochaine aux Assises pour présenter l’avancement de leur projet. On a entendu parler d’économie circulaire avec, entre autres, « Lemon tri », est-ce que dans la région, d’après votre expérience au Club de l’immobilier, il y a assez de start-up, d’entreprises qui vont dans ce sens ? Le Club de l’immobilier a toujours vocation de décloisonner et de travailler en transverse. Grâce à cela on s’aperçoit que l’on a souvent à la porte d’à côté un champion du monde dans son domaine dont on ignore tout. Aujourd’hui on se rend compte qu’on a effectivement un écosystème marseillais, métropolitain ou de la Région Sud extrêmement actif sur le sujet de la transition écologique. Notre idée c’est d’aller dénicher les pépites du territoire pour que tout le monde sache qu’à côté de chez eux il y a des champions du monde comme Indewat qui vient de remporter pour son projet de réseau social solaire un prix au CES de Las Vegas. On sait que tous ces projets sont aussi portés par des institutions. On le voit notamment dans la campagne des municipales qui est plutôt verte. Est ce que c’est, selon vous, du green washing ou bien est-ce que cela va vraiment déboucher sur de l’accompagnement, du soutien à des projets écologiques ? Le Club de l’immobilier a toujours été en lien avec les collectivités territoriales, les acteurs, les porteurs de projet, les industriels et le monde économique au sens large. On va aller poser la question aux candidats aux Municipales puisque nous rencontrerons dans les semaines qui viennent pour les petits déjeuners du Club de l’immobilier les candidats aux municipales de Marseille et d’Aix. On est en étroit lien avec les services de la métropole, notamment avec Béatrice Aliphat qui est la déléguée à l’énergie chez les métropolitains. On est en lien avec les acteurs de la Région. Aujourd’hui, notre volonté est de mettre en lumière les porteurs de projet, on sait très bien que les politiques publiques suivront, qu’elles engagent des démarches et qu’elles accompagnent aussi les projets donc, on ira les questionner sur ces dossiers. 2020, c’est fini, 2021 ? On a donné rendez-vous tout de suite pour les 7e Assises de la transition écologique, on croit beaucoup à l’actualité, rebondir sur cette actualité, notamment le Congrès mondial de la nature qui aura lieu en juin à Marseille mais également au sommet Afrique France 2020 en juin également à Bordeaux puisque le Club de l’immobilier rentre d’un voyage d’échanges à Dakar où on a aussi rencontré des porteurs de projet qui eux dans leur territoire agissent sur la transition écologique. Quand on réfléchit que peut-être que le climat qu’on rencontre aujourd’hui au Sénégal sera notre climat dans 20, 30 ou 40 ans, il est intéressant d’aller regarder ce que eux font pour anticiper ce que nous on pourrait faire demain. Donc les thématiques des prochaines Assises pourraient porter la biodiversité parce qu’on en parle moins et l’exemple Africain et les relations entre le territoire marseillais et l’Afrique. Vous pouvez illustrer la biodiversité ? On a présenté lors de ces 6e Assises le projet «Biotope de Linkcity» à Lille. C’est comment réimplanter la nature en ville; comment recréer des îlots qui permettent de diminuer les effets des îlots de chaleur; comment respecter les cycles écologiques dans les projets immobiliers. On s’est souvent contentés dans nos démarches d’urbanisme à remplacer un arbre par un arbre sans jamais faire vraiment de schéma ou de développement complètement réfléchi sur ces questions. A mon sens, c’est une démarche extrêmement innovante et d’avenir que d’intégrer la biodiversité dans nos projets immobiliers. jerome_dentz_11_02_2020.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

Transition écologique: la preuve par 13

La transition écologique dans le monde du bâtiment «c’est une nécessité et c’est possible». Les 6e Assises de la Transition écologique l’ont prouvé une nouvelle fois. Et, dans les bouches-du-Rhône ce sont 13 expériences -touchant un large panel de secteurs allant des transports à la grande distribution- qui ont été mises en lumière avec, bien sûr, un focus sur l’immobilier.
Julien Roussel présente CATHyOPE  © club immobilier MP
Julien Roussel présente CATHyOPE © club immobilier MP
Julien Roussel présente CATHyOPE, une innovation technique qui consiste en la conception d’un Groupe Moto Propulseur hybride électrique-hydrogène propre, de forte puissance et de grande autonomie et à son intégration dans un châssis constructeur standardisé. Les essais ont été effectués sur une voiture de course avant de bénéficier aux camions. Par le biais d’un partenariat avec Carrefour, les véhicules seront testés dans le cadre d’une expérimentation grandeur nature pour l’approvisionnement de centres commerciaux entre les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes avec un système de recharge rapide et 500 kilomètres d’autonomie. Corentin Maucoronel présente pour sa part, le projet KTR réalisé dans la région lyonnaise par la société Amstein + Walther. «Un chef d’entreprise nous a demandé une rénovation bas-carbone pour un bâtiment énergivore, vétuste et inconfortable. Il nous a demandé une rénovation exemplaire pour le climat, préservant la biosphère, donnant du sens, ergonomique et respectueuse de la santé des salariés et, d’avancer des solutions reproductibles. Nous avons créé une enveloppe thermique avec du bois, du chanvre et du lin en travaillant avec des entreprises et des producteurs locaux. Nous avons aménagé un jardin, installé du photovoltaïque, des sondes géothermiques…». Un projet qui a obtenu de nombreux prix. Quant au projet de deux étudiants toulousains Ilya, permet de prendre des douches en n’utilisant que cinq litres d’eau. Actuellement en cours de développement ce projet sera de nouveau invité aux prochaines Assises.

Nous avons donc décidé de déconstruire et de réutiliser les matériaux

Valérie Decot est venue présenter l'action du collectif d'architectes R-Aedificare © club immobilier MP
Valérie Decot est venue présenter l’action du collectif d’architectes R-Aedificare © club immobilier MP
Valérie Decot est venue présenter l’action du collectif d’architectes R-Aedificare après avoir insisté à son tour sur le fait que le secteur de la construction était polluant avec des coûts qui ne cessent d’augmenter et des ressources, notamment en sable, qui se réduisent, «alors que les bâtiments représentent une ressource. Nous avons donc décidé de déconstruire et de réutiliser les matériaux ce qui est plus vertueux que le recyclage puisque nous réutilisons sur place le béton, les charpentes métalliques, le bois, l’appareillage électrique…». Edouard Le Scanff, Anaxago Immobilier, met en exergue tout autant le marché qui s’ouvre pour plusieurs années en matière de construction de bureaux et de logements dans le pays du fait d’un parc vieillissant, que les enjeux environnementaux, avant d’évoquer: «Les obligations vertes que nous allons proposer dès cette année et qui prendront aussi bien en compte la dimension financière qu’environnementale et sociétale des projets». Seul sur Mars présente un projet à l’Isle-sur-Sorgue (84) dont le maître d’ouvrage est Grand Delta Habitat. Il s’agit d’un projet de construction de 6 villas, semi-enterrées, avec un jardin sur le toit, disposant du photovoltaïque, de l’éolien, la géothermie, équipée d’un système de recyclage des eaux usées, construites avec des matériaux ressourcés…

«En plus d’être moins chers, nos prix sont stables»

Ségolène de Portal présente Cap Vert Energie  © club immobilier MP
Ségolène de Portal présente Cap Vert Energie © club immobilier MP
Guillaume Pellegrin propose une réduction des déchets avec
Guillaume Pellegrin propose une réduction des déchets avec
Ségolène de Portal présente Cap Vert Energie une société spécialisée en production d’énergies renouvelables. Le groupe propose une vision du marché basée sur la production d’énergie décentralisée, et sur un modèle de vente directe de l’énergie. Son objectif est «de répondre aux besoins énergétiques et environnementaux des entreprises et des collectivités, dans une logique de fourniture de services.» Le groupe développe, finance et construit des centrales solaires, hydro-électriques et des unités de méthanisation pour les exploiter en propre dans la durée. «Nous utilisons notamment les toitures, ce que nous sommes en train de faire pour une grande surface, à Perpignan, sur 5 000m² ce qui permettra de fournir 20% des besoins à un prix 40% moins cher que celui du marché. Autre avantage en plus d’être moins chers, nos prix sont stables». Guillaume Pellegrin, société Lemon tri, propose une réduction des déchets: «Nous réalisons une expertise, proposons un devis, on explique notre cycle de recyclage. Nous installons les machines, Nous collectons les emballages, nettoyons les machines et nous nous assurons que tout va bien. Nous « massifions » la matière collectée : elle est centralisée, pesée et conditionnée. Nous la redirigeons ensuite vers les filières adaptées, pour un recyclage matière». Lemon Tri travaille notamment avec la Tour La Marseillaise, le Parc du Golf, CMA-CGM…

«En trois ans 30 000 logements ont signé la convention Smart Avenir Energies»

Olivier Clarac et Fabrice Alimi présentent Smart Avenir Energies © club immobilier MP
Olivier Clarac et Fabrice Alimi présentent Smart Avenir Energies © club immobilier MP
Olivier Clarac, responsable agence Sud GRDF présente avec Fabrice Alimi, président de la fédération française des clubs de l’immobilier Smart Avenir Energies, ce mix énergétique électricité-gaz, marche, soulage la consommation d’électricité, réduit la production de CO2, réduit la facture des utilisateurs de 350 à 400 euros par an. Olivier Clarac indique: «En trois ans 30 000 logements ont signé la convention Smart Avenir Energies ce qui a permis de rendre 900 000 euros de pouvoir d’achat aux habitants et de libérer 120 000 000 KWh soit l’équivalent de la consommation de 80 000 véhicules électriques». Fabrice Alimi souligne: «Nous avons su créer un cercle vertueux, nous voulons le développer et promouvoir un mix énergétique vert à un prix équivalent à celui des énergies traditionnelles». Nathalie Monvel, Linckcity, présente le Biotope, siège de la Métropole Européenne de Lille (MEL) : «Un immeuble confortable, sain et efficient sur le plan énergétique, un ensemble livré en décembre 2019». Valériane Picard fait découvrir la politique de recyclage de Lidl: «Les camions qui nous livrent ne repartent pas à vide mais chargés de cartons et de plastiques, des plastiques que nous utilisons de moins en moins. Pour réduire les déchets en fruits et légumes nous faisons un tri des produits mûrs mais encore comestibles que nous vendons un euro les 5 kg, un euro sur lequel nous reversons 50 centimes aux « Resto du cœur ». Enfin il faut savoir que nos camions en région parisienne fonctionne au biogaz.»

«Nous encourageons le développement et la diffusion de solutions innovantes et de proximité»

Hasna Oujamaa présente l'association aubagnaise Geres,  © club immobilier MP
Hasna Oujamaa présente l’association aubagnaise Geres, © club immobilier MP
Hasna Oujamaa présente l’association aubagnaise Geres créée en 1976. Geres est une ONG de développement internationale qui œuvre à l’amélioration des conditions de vie et lutte contre les changements climatiques et leurs impacts. En tant qu’acteurs de terrain, la transition énergétique est un levier majeur de leurs actions. «Pour un changement sociétal ambitieux, nous encourageons le développement et la diffusion de solutions innovantes et de proximité, nous accompagnons les politiques territoriales climat-énergie et nous mobilisons tous les acteurs autour de la Solidarité climatique en les incitant à agir et à soutenir les plus vulnérables». Dans le cadre de ses interventions, l’association travaille sur le développement de filières «car elles sont créatrices d’emplois et souvent l’une des conditions de durabilité des solutions mises en œuvre. Nous sommes également attachés à l’appropriation des actions par l’ensemble des parties prenantes. Nous assurons un renforcement de capacités afin d’instaurer des dynamiques de changement, développer des stratégies de résilience et ouvrir le champ des possibles pour que chacune et chacun soit acteur d’un développement durable». Enfin Romain Chayla présente Indewatt Sunleavs qui propose aux consommateurs de partager une installation photovoltaïque. Indewatt sunleavs est lauréat du CES Las Vegas 2020. Grâce à la plateforme sunleavs.fr, les habitants de quartier investissent ensemble dans une installation de production collective d’énergie solaire afin de partager et consommer localement une électricité propre, inépuisable et à un prix fixe entre eux et sans intermédiaire. Michel CAIRE

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